Qu’est-ce qui se cache derrière la forte baisse des prix de l’énergie ?

Qu’est-ce qui se cache derrière la forte baisse des prix de l’énergie ?
Qu’est-ce qui se cache derrière la forte baisse des prix de l’énergie ?

Les banques centrales peuvent se féliciter car l’indice des prix à la consommation (IPC) a suffisamment baissé dans de nombreux pays pour permettre un assouplissement de la politique monétaire. La Suisse a par exemple pu abaisser son taux directeur à deux reprises cette année, à 1,25%. Et la Banque centrale européenne, celles du Canada, de la Suède, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande et d’autres ont fait de même, y compris la Réserve fédérale américaine (Fed) le 18 septembre.

Tous les instituts émetteurs ont profité de la baisse des prix de l’énergie. Rappelons que l’inflation est une période pendant laquelle les prix augmentent, la désinflation lorsque les prix augmentent encore mais moins qu’avant et la déflation lorsque les prix baissent. Le pétrole est en état de déflation et le prix du baril de pétrole brut (Brent) est passé de 91 $ en mai à 72 $ actuellement, soit une baisse de 21 % – le prix le plus bas depuis fin 2021.

La contribution de cette déflation à la désinflation de l’IPC dépend de la part de l’énergie dans le panier de consommation. En général, ce poids est plus faible dans les pays riches où les revenus des ménages permettent une consommation plus variée par rapport aux pays où la consommation se limite notamment aux produits de première nécessité comme l’énergie et l’alimentation.

Aux États-Unis, le taux d’inflation du mois d’août s’est établi à 2,5 % (en glissement annuel), soit le taux le plus bas depuis février 2021. Ce taux a été considérablement réduit par la baisse des prix de l’énergie, qui ont baissé de 4 % dans l’IPC en août (en glissement annuel) et de 0,8 % par rapport à juillet. Hors énergie et alimentation de l’IPC, les autres prix ont augmenté de 3,2 % (en glissement annuel) – un taux d’inflation qui reste élevé par rapport à l’objectif de 2 %.

Alors pourquoi les prix du pétrole chutent-ils ? La première interprétation serait que le cycle économique ralentit. En effet, la demande de pétrole en Chine a chuté pendant quatre mois consécutifs en juillet, poussant la croissance de la demande globale à son rythme le plus faible depuis 2020. De plus, l’offre continue de croître, et les États-Unis prévoient une année record de production en 2024. Cependant, si ce déséquilibre entre l’offre et la demande pèse actuellement sur les prix, il ne signale pas nécessairement un ralentissement de la croissance du PIB mondial.

Il convient également de noter qu’un changement de la demande énergétique se dessine, affectant à nouveau particulièrement la Chine. Le pays remplace le diesel par du gaz naturel liquéfié (GNL) pour les camions longue distance. Les ventes de camions fonctionnant au GNL ont grimpé à 30 % du marché en 2023, selon Wood Mackenzie, réduisant la demande de diesel en Chine de 8 %.

D’un point de vue du transport aérien, cela a permis de ramener la prime facturée sur le kérosène à son plus bas niveau depuis 2021, à environ 20 dollars de plus que le baril de pétrole, après avoir été proche de 70 dollars en 2022. Sachant que le kérosène représente 30 % des coûts des compagnies aériennes, cela va a priori améliorer leur rentabilité.

Il faut également espérer que la baisse des prix du pétrole puisse rendre plus attractif l’investissement dans la production de carburants d’aviation durables, si ces derniers offrent des marges plus élevées que le pétrole. Et que l’engagement mondial en faveur de la décarbonisation ne faiblisse pas, alors que le pétrole circule librement et à un prix plus bas.

 
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