Une tentative d’évasion de détenus d’une prison de haute sécurité de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, a entraîné la mort de 129 personnes, selon les autorités.
Le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a déclaré que 24 prisonniers étaient morts des suites de blessures par balles après des coups de semonce tirés aux premières heures de lundi matin. La plupart des autres sont morts asphyxiés suite à une bousculade lors de l’évasion à la prison de Makala.
Malgré les informations faisant état de nombreuses victimes apparues lundi, le gouvernement avait initialement déclaré que seulement deux personnes étaient mortes.
Il y a sept ans, au moins 4 000 détenus se sont évadés de cette même prison, la plus grande du pays.
Lundi, des habitants vivant à proximité de la prison ont déclaré avoir entendu des coups de feu, mais les tentatives des journalistes pour se rendre sur place ont été déjouées par les policiers qui avaient bloqué l’accès à la zone.
“Il y a eu des coups de feu à partir de 01h00 ou 02h00 du matin, et jusqu’à environ 05h00”, a déclaré à l’agence de presse AFP Daddi Soso, qui habite près de la prison.
« Il y a eu des morts et des gens qui ont fui », a-t-il dit, ajoutant que les forces de sécurité emportaient les corps.
Des vidéos choquantes diffusées lundi depuis l’intérieur de la prison, mais non vérifiées par la BBC, montraient des corps sans vie sur le sol ainsi que des personnes criant à l’aide au milieu d’une bousculade.
M. Shabani a publié une vidéo sur X, anciennement Twitter, environ 24 heures après la tentative d’évasion, reconnaissant l’ampleur de l’incident et le nombre de morts.
Il a ajouté que près de 60 autres personnes ont été grièvement blessées et ont été transportées à l’hôpital.
« C’est aussi l’occasion de saluer tous les services de sécurité, la police nationale et l’armée, qui ont réagi rapidement et ont pu contenir la situation, empêchant l’évasion », a-t-il déclaré.
« Il convient de noter qu’il y a effectivement eu des dégâts, notamment des pertes en vies humaines, des blessés et surtout des dégâts matériels à la prison centrale.
« Malheureusement, les bureaux administratifs et d’état civil ont pris feu. Il s’agit de situations urgentes auxquelles nous sommes actuellement confrontés. »
Des groupes de défense des droits de l’homme ont demandé une enquête internationale sur ce qui s’est passé.
Des images prises après la tentative d’évasion semblent montrer un énorme trou dans un mur de briques, des bâtiments carbonisés, des pompiers travaillant sur le site et un bureau avec des papiers éparpillés sur le sol.
La prison de Makala, datant des années 1950, a une capacité d’accueil de 1.500 détenus, mais plus de 14.000 détenus y étaient détenus, rapporte l’AFP.
En 2020, la BBC s’est entretenue avec un responsable de la prison qui a décrit comment les gens mouraient à cause des mauvaises conditions de détention, notamment des pénuries de nourriture et du manque d’hygiène.
À l’époque, on estimait que seulement 6 % des prisonniers purgeaient effectivement leur peine – les autres étaient coincés dans le système judiciaire de la RDC, où les affaires peuvent traîner pendant des années.
Le ministre de la Justice a promis d’intensifier les efforts pour décongestionner les prisons à travers le pays.
