Le compte à rebours est désormais lancé. EDF a reçu lundi à 17 heures le feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour la divergence sur son réacteur nucléaire de troisième génération situé à Flamanville, dans la Manche. Cette étape doit permettre de déclencher la première réaction en chaîne dans le cœur nucléaire du réacteur et ainsi ouvrir la voie à la production d’électricité.
L’Autorité de sûreté nucléaire avait quatre jours pour répondre à la demande d’EDF, déposée vendredi. Elle n’a donc pas tardé à donner sa réponse.
Les équipes de nuit d’EDF devaient démarrer lundi soir, à partir de 21 heures, la réaction physique qui déclencherait le seuil de réaction en chaîne. « Les équipes sont dans les starting-blocks pour lancer la divergence », a indiqué dans la soirée Régis Clément, directeur adjoint de la division production nucléaire d’EDF.
Premiers électrons à la fin de l’automne
« Plusieurs dizaines » d’heures devraient être nécessaires pour atteindre la réaction en chaîne. Une fois terminée, le réacteur sera à 0,2 % de sa puissance nominale. Une autre série de tests suivra pour passer le palier des 10 %, puis celui des 25 %. Ce n’est qu’à ce moment-là que le réacteur sera couplé au réseau électrique national et que les premiers électrons seront envoyés. Ce sera, a priori, d’ici la fin de l’automne.
La pleine puissance sera atteinte dans les prochains mois. « Nous n’avons pas fixé de date pour l’instant », a confié Régis Clément. A terme, le réacteur, d’une capacité de 1.600 mégawatts (MW), le plus grand de France et seulement le quatrième de cette génération en fonctionnement dans le monde, après celui de Finlande et deux de Chine, devrait alimenter en électricité l’équivalent de trois millions de foyers.
Un moment historique
L’ASN a donné son feu vert à la mise en service du réacteur le 7 mai. Depuis, EDF a chargé 60 000 crayons de combustible nucléaire dans la cuve du réacteur. Cette étape s’est achevée mi-mai. Deux essais à froid ont ensuite eu lieu, qui se sont terminés le 10 juillet. Viennent ensuite les essais à chaud, pour porter le réacteur à 155 bars et 303 degrés. Un certain nombre d’aléas techniques sont alors apparus, nécessitant la réalisation de nouveaux essais.
C’est la fin d’une longue saga de dix-sept ans. Le projet EPR devait initialement être achevé en 2012, cinq ans après le début des travaux, pour un coût de construction de 3 milliards d’euros. Mais, au fil des années et des retards, ce budget a finalement atteint 13,2 milliards d’euros, hors frais financiers et hors inflation depuis 2015.
La production nucléaire en hausse
Il doit aussi symboliser la nouvelle politique nucléaire française, vingt-cinq ans après la dernière opération du genre, la mise en service du deuxième réacteur de la centrale de Civaux. Emmanuel Macron a en effet commandé six réacteurs EPR2 et huit supplémentaires en option à l’énergéticien pour relancer la production française.
Parallèlement, EDF a revu à la hausse, lundi, son estimation de la production nucléaire en France pour l’année 2024. Celle-ci se situe désormais entre 340 et 360 TWh, contre une fourchette comprise entre 315 et 345 TWh auparavant. Cette révision s’appuie, selon EDF, sur « l’amélioration de la performance des arrêts de tranches, la maîtrise industrielle des chantiers d’inspection et de réparation liés au dossier de la corrosion sous contrainte, et l’absence d’aléas climatiques majeurs durant l’été ».