Explosion d’un bipeur au Liban : le Hezbollah soutient Gaza

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah a annoncé mercredi qu’il allait “poursuivre” ses opérations de soutien à Gaza, malgré la vague meurtrière d’explosions de téléavertisseurs qui l’a visé et qu’il impute à Israël.

Les explosions simultanées de téléavertisseurs du Hezbollah mardi au Liban, imputées à Israël par le groupe islamiste pro-iranien, ont fait 12 morts et quelque 2.800 blessés, a indiqué mercredi le ministre libanais de la Santé, Firass Abiad.

Après vérification auprès de tous les hôpitaux, le bilan s’élève désormais à “12 morts dont deux enfants” et on compte “entre 2.750 et 2.800” blessés, a précisé M. Abiad lors d’une conférence de presse. Certaines personnes blessées dans la Bekaa (est) “ont été transférées vers la Syrie voisine”, tandis que “d’autres seront évacuées vers l’Iran”, a-t-il ajouté.

Israël n’a pas commenté les explosions, qui se sont produites dans plusieurs bastions du Hezbollah quelques heures après que le pays a annoncé qu’il étendait les objectifs de sa guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza jusqu’à sa frontière nord avec le Liban.

Depuis le début du conflit, déclenché le 7 octobre 2023 par l’attaque inédite du Hamas contre Israël, la zone frontalière entre Israël et le Liban est le théâtre d’échanges de tirs quasi quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah, allié du Hamas, entraînant le déplacement de dizaines de milliers de civils des deux côtés.

Israël « pleinement responsable »

Une Source proche du Hezbollah a expliqué mardi que « des centaines de membres » du mouvement « avaient été blessés par l’explosion simultanée de leurs téléavertisseurs », un système de messagerie radio, dans la banlieue sud de Beyrouth, au sud du Liban et dans la plaine orientale de la Bekaa.

Le Hezbollah a affirmé qu’Israël était « pleinement responsable » et a assuré qu’il « recevrait sa juste punition ».

Le mouvement a réaffirmé mercredi qu’il « poursuivrait » ses opérations de soutien à Gaza malgré cette attaque.

Il a déclaré dans un communiqué publié sur Telegram que cette voie était « distincte du lourd tribut que l’ennemi criminel (Israël, ndlr) doit s’attendre à payer pour son massacre de mardi ».

Le Hamas a pour sa part dénoncé une « agression terroriste sioniste ».

Ambulances en alerte à Beyrouth

Des dizaines d’ambulances transportant des blessés ont été acheminées mardi vers les hôpitaux de Beyrouth, de la Bekaa et de Saïda, dans le sud du Liban.

Dans la banlieue sud de Beyrouth, des tentes ont été dressées pour accueillir les habitants venus donner leur sang.

Des blessés jonchent les rues au milieu des embouteillages ou gisent à même le sol d’un hôpital de la banlieue sud de Beyrouth. Des images vidéo montrent un téléavertisseur explosant dans les mains d’un homme au milieu d’un marché.

« Je n’ai jamais vu ça de ma vie », a déclaré à l’AFP Moussa, qui a requis l’anonymat. « Ça a explosé d’un coup, et j’ai trouvé des gens allongés par terre devant moi. »

Parmi les morts figurent une fillette de dix ans tuée par l’explosion du bipeur de son père, ainsi que le fils d’un député du Hezbollah.

L’ambassadeur iranien à Beyrouth, Mojtaba Amani, a été blessé, a rapporté la télévision iranienne.

Fermeture des écoles

Quatorze membres du Hezbollah en Syrie ont également été blessés par l’explosion de leurs téléavertisseurs, selon une ONG.

Le ministre libanais de l’Education, Abbas Halabi, a annoncé mercredi la fermeture des écoles et universités, pour condamner « cet acte criminel commis par l’ennemi israélien ».

Les États-Unis, principal allié d’Israël, n’étaient « pas au courant » des explosions à l’avance, a déclaré le département d’État, exhortant l’Iran à éviter toute action qui pourrait aggraver les tensions dans la région.

L’impact des explosions sur les communications du Hezbollah n’était pas immédiatement clair.

Une Source proche du mouvement a indiqué à l’AFP que « les bips qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils », qui semblent avoir été « piratés à la Source ».

« D’après les enregistrements vidéo, un petit explosif plastique était certainement caché à côté de la batterie (des téléavertisseurs) pour un déclenchement à distance par l’envoi d’un message », a estimé sur X Charles Lister, expert au Middle East Institute (MEI).

Le Mossad infiltré

Ce qui signifie pour lui que « le Mossad (service secret israélien extérieur, en charge des opérations spéciales, ndlr) a infiltré la chaîne d’approvisionnement ».

La série d’explosions marque une « escalade extrêmement inquiétante », a déclaré l’ONU.

Le fabricant taïwanais Gold Apollo a nié avoir fabriqué les téléavertisseurs, après que le New York Times a rapporté que le groupe était le fournisseur des produits.

Israël a annoncé mardi sa décision d’étendre les objectifs de la guerre à la frontière israélo-libanaise, afin de permettre le retour des déplacés. Les principaux objectifs affichés jusqu’ici étaient la destruction du Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, et le retour des otages.

Lundi, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a averti qu’en l’absence d’une solution diplomatique, « le seul moyen restant pour assurer le retour des habitants du nord d’Israël dans leurs foyers » serait « l’action militaire ».

Frappe israélienne à Blida

Mardi, une frappe israélienne à Blida, dans le sud du Liban, a fait trois morts selon les autorités libanaises, l’armée israélienne affirmant avoir tué des membres du Hezbollah. Le mouvement libanais a annoncé des tirs contre des positions militaires dans le nord d’Israël.

Mardi soir, la compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé la suspension, au moins jusqu’à jeudi, de ses vols vers et depuis Tel-Aviv et Téhéran. Air France suspend de son côté ses liaisons vers Beyrouth et Tel-Aviv, également jusqu’au 19 septembre.

Dans ce contexte instable, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken est arrivé mercredi à l’aube au Caire pour discuter d’une nouvelle proposition de cessez-le-feu à Gaza et de la libération de dizaines d’otages qui y sont détenus.

Après des mois de négociations infructueuses, Washington a déclaré qu’il travaillait toujours avec les médiateurs du Qatar et de l’Égypte pour finaliser un projet d’accord qui conviendrait aux deux parties.

« Nous voulons savoir lorsque nous présentons une proposition qu’elle sera acceptée », a déclaré le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.

Les représailles d’Israël

Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui s’est soldée par la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels incluant les otages tués en captivité.

Sur les 251 personnes enlevées lors de l’attaque, 97 sont toujours détenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée.

En représailles, Israël s’est engagé à détruire le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste, ainsi que l’Union européenne et les États-Unis.

Son armée a lancé une offensive qui a fait au moins 41.252 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, qui n’a pas détaillé les combattants et les civils tués.

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