Je suis ravi d’être à nouveau sur France Inter, de vous revoir, et puis, je dois dire que depuis cet été je me sens vraiment beaucoup mieux, me demandant même si je ne m’étais pas laissé trop influencer par la peur d’une victoire de l’extrême droite.
Un exemple : lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, j’étais inquiète. Ébahie mais inquiète. Je me disais que ça faisait traîner le défilé queer et j’ai même eu un gros doute en voyant Philippe Katerine bleu et nu… Je me suis dit « ça va exciter les réactionnaires du monde entier, on va devoir coller aux murs toute l’année ».
En réalité, hormis quelques mots rageurs sur Twitter (et qui croit encore que ce qu’on y lit est l’opinion des gens ?), les deux cérémonies des Jeux olympiques ont été applaudies dans le monde entier et Philippe Katerine s’est retrouvé nu sur France Inter. Ces cérémonies nous ont rendu fiers en affirmant magnifiquement les idéaux d’inclusion et d’égalité. Alors si le monde entier s’est enthousiasmé et que je me suis inquiétée pour rien, n’étais-je pas devenue trop « pudique ».
Comment ça ?
Cette nouvelle tendance, parodiée sur le réseau Tik Tok, signifie en français faire preuve de décence, être discret, pudique… Autrement dit garder ses distances, notamment envers celles et ceux qui dérangent, dont le corps n’est pas conforme ou dont les idées sont trop turbulentes. À force d’entendre les critiques sur les « excès » des féministes et de Metoo, on peut être tenté de faire attention, d’éviter le contrecoup, le contrecoup conservateur.
Et pourtant. Les ultraconservateurs se plaignent d’être la majorité silencieuse, mais ils ne sont qu’une minorité trop bruyante. C’est ce que montre le politologue Vincent Tiberj, dans un livre intitulé « La droitisation française, mythe et réalités » à paraître le 4 septembre aux éditions Pufs : il démontre un décalage entre le discours médiatique et politique et la réalité de la tolérance dans la société qui ne cesse de progresser sous nos yeux.
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A l’international aussi : face à Donald Trump, Kamala Harris nous redonne espoir. Il aura fallu que Joe Biden soit absolument empêché d’ouvrir les yeux sur une réalité : oui, Kamala Harris a plus de chances de gagner que lui. Une femme, noire américaine, indienne, qui place l’avortement dans son top 3 des priorités, avec ce mot d’ordre : l’envie de ramener la joie. Là aussi, la population est plus progressiste que ses dirigeants ne veulent le voir.
Une leçon pour la France ?
Que ce soit sur la visibilité du handicap aujourd’hui, sur les droits LGBT, ou sur les droits des femmes, la société a une longueur d’avance sur ceux qui nous représentent. Alors n’ayez pas peur. A tous ceux qui se battent, cet automne, ne rasez pas les murs et soyez fiers de vos combats et de vos luttes. Car, comme le disait Victor Hugo, ceux qui vivent sont ceux qui se battent ; ce sont ceux dont l’âme et le front sont emplis d’un but ferme, ceux qui gravissent le sommet âpre d’un haut destin, ceux qui marchent pensifs, amoureux d’un but sublime…
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