Cette décision majeure de la Fed intervient moins de deux mois avant l’élection qui opposera la démocrate Kamala Harris au républicain Donald Trump. Les taux de la Fed évoluent désormais dans une fourchette de 4,75% à 5,00%, après avoir passé plus d’un an à leur plus haut niveau depuis le début du siècle, entre 5,25% et 5,50%.
« Cette décision reflète notre confiance croissante dans le fait qu’avec un réétalonnage approprié de notre politique, la force du marché du travail peut être maintenue », a déclaré le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse.
La décision n’a pas été unanime au sein du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) : une gouverneure, Michelle Bowman, a voté pour une baisse d’un quart de point seulement.
Et d’autres baisses sont à l’horizon, puisque les responsables de la Fed prévoient de réduire les taux d’un demi-point supplémentaire au total d’ici la fin de 2024. Powell a qualifié cela de « début d’un processus » de changement de politique monétaire.
Indépendance de la Fed
Cette baisse des taux redonnera du pouvoir d’achat aux ménages américains, coincés depuis plusieurs années entre une forte inflation et des coûts de crédit élevés. Et, bien que la Fed soit indépendante du pouvoir politique, sa décision pourrait donner un coup de pouce à Kamala Harris.
Jerome Powell a assuré que les considérations politiques n’entrent pas en ligne de compte dans les décisions de la banque centrale : « Nous nous demandons : quelle est la bonne chose à faire pour les personnes que nous servons ? Et c’est ce que nous faisons […]. Il ne s’agit jamais d’autre chose. On ne parle de rien d’autre.
Le candidat républicain Donald Trump, qui caresse l’idée de réduire l’indépendance de la Fed, a déclaré mardi lors d’un rassemblement à Flint, dans le Michigan, qu’une baisse des taux n’était possible que parce que « l’économie n’est pas bonne ». Il a promis de « baisser encore les taux » s’il était élu.
« Nous ne servons aucun homme politique, aucune personnalité politique, aucune cause, aucun problème, quoi que ce soit », a déclaré Powell lorsqu’on l’a interrogé sur une éventuelle remise en cause de l’indépendance de la Réserve fédérale.
« Il s’agit simplement d’un emploi maximum et d’une stabilité des prix au nom de tous les Américains. [la double mission de la Fed, NDLR]« Et c’est ainsi que fonctionnent les autres banques centrales. C’est un bon arrangement institutionnel qui est bon pour le public », a-t-il ajouté.
Des risques « équilibrés »
Les responsables de la Fed ont également revu à la baisse leurs prévisions d’inflation lors de leur réunion de mercredi, à 2,1% en 2025, contre 2,3% dans la précédente prévision, publiée en juin. Le taux de chômage a été révisé à la hausse à 4,4% cette année et l’année prochaine, contre 4,0% et 4,2% précédemment. La croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2024 devrait être de 2,0%, contre 2,1% précédemment.
Maintenant que l’inflation revient progressivement dans le droit chemin, la Fed veut empêcher que le chômage ne remonte à son tour en abaissant les taux. “Les risques” liés aux deux missions de la Fed, le plein emploi et la stabilité des prix, sont désormais “à peu près équilibrés”, a souligné le FOMC.
Fin août, Jerome Powell avait prévenu : « le temps est venu » d’assouplir la politique monétaire. La situation de l’emploi avait, en effet, été mise de côté ces dernières années par les responsables de la Fed tant le marché du travail américain se portait bien.
Quant à l’inflation, elle a continué de ralentir aux Etats-Unis. L’indice PCE, que la Fed veut ramener à 2%, est resté stable en juillet, à 2,5% sur un an. Les données d’août seront publiées le 27 septembre. L’indice CPI est tombé en août à son plus bas niveau depuis février 2021, à 2,5% sur un an. Le taux de chômage a baissé en août, à 4,2%, mais les créations d’emplois ralentissent.
