Les pétitions en ligne servent-elles vraiment à quelque chose ? – .

Les pétitions en ligne servent-elles vraiment à quelque chose ? – .
Descriptive text here

Cinq jours après sa publication sur Change.org, 41 621 personnes ont signé la pétition LGBT+ Corner intitulée « pour le rejet des propositions de loi anti-trans au parlement français ! « . Le but de cette pétition ? Que les parlementaires « s’engagent à lutter pour les droits des personnes trans en France » après les propositions de loi du 19 mars des sénateurs LR et une autre qui sera présentée le 28 mai par les députés RN. Mais alors, ces plus de 40 000 signatures suffiront-ils à changer les choses ?

« Déjà, il n’y a aucun lien entre le nombre de signataires et l’efficacité ou non d’une pétition », répond d’emblée Thierry Libaert, membre du Comité économique et social européen (Cese), qui a travaillé sur le sujet. Et notre expert cite « Le Deal du siècle » qui a par exemple obtenu plus de 2,3 millions de signataires « sans que le résultat soit vraiment mesuré ». En revanche, la pétition pour libérer Jacqueline Sauvage, reconnue coupable du meurtre de son mari, a obtenu plus de 40 000 soutiens et « François Hollande lui a effectivement gracié ».

Des pétitions pour rassembler, faire connaître et fédérer

Même si certaines pétitions numériques ont parfois permis de telles décisions politiques, elles n’ont pas forcément toutes cette ambition. « Sans vraiment aucune valeur juridique en tant que telle, elles peuvent néanmoins soulever des questions qui préoccupent les citoyens et les mettre à l’ordre du jour de certains parlementaires par ce biais », souligne l’expert. Car même si le nombre de signatures n’est pas significatif, la pétition permet quand même « d’avoir un impact sur les décideurs publics », c’est « l’un de ses objectifs ».

« En plus de rassembler, les pétitions servent à faire connaître une cause ainsi que les auteurs de ce combat », explique Thierry Libaert. Il constate également que lorsqu’une personnalité incarne cette cause, la pétition fonctionne mieux : « il arrive d’utiliser des noms connus pour lancer l’action et ainsi susciter des signatures. »

Au-delà de ces aspects, certaines associations utilisent également cet outil pour « toucher » de nouveaux sympathisants. « Ils espèrent ensuite les mobiliser sous d’autres formes comme des manifestations », estime le membre du CESE. Il s’agit d’une dynamique de communication progressive pour impliquer les citoyens. En ce sens, les pétitions servent réellement un objectif à ces organisations. »

Pétitions pour montrer votre militantisme

Malgré certains succès, la pétition reste pour Thierry Libaert, “le degré zéro du militantisme”, qu’il relie à slacktivisme ou « l’activisme des paresseux ». « On n’est pas content, on clique ou on comme et ce n’est pas efficace », résume-t-il, concédant que la multiplication de ces textes en ligne a permis une « meilleure canalisation du mécontentement » par rapport à la pétition papier, étant donné qu’il est plus facile de s’impliquer.

Océane, PDG de Mes Opinions, reconnaît, de son côté, la légitimité de se demander si une pétition en ligne présente un intérêt. « Ce sont des questions que nous recevons régulièrement de la part des utilisateurs, confie-t-elle. Et c’est normal quand on voit le nombre de cas publiés chaque jour et la probabilité qu’ils puissent aboutir à quelque chose. » Pour se faire une idée, rien que sur cette plateforme française créée en 2006, plus de 1 000 pétitions sont mises en ligne chaque mois. Sur Change.org, c’est trois fois plus depuis le Covid-19.

Pétitions pour sensibiliser

Ainsi, pour le PDG, « évidemment » les pétitions servent à quelque chose. Elle cite en exemple des combats qui ont « atteint » leurs objectifs comme la fin de la vente de poissons pour la pêche au vif dans le magasin Decathlon ou la déprogrammation d’un auteur accusé de prôner la pédopornographie, au festival d’Angoulême mais aussi « tous ces fermetures de classes qui n’ont pas eu lieu ».

Avant d’assurer : « même sans victoire l’impact d’une pétition est colossal. Une pétition vise également à sensibiliser, par exemple celle qui mettait en avant le travail forcé des Ouïghours. Les grandes marques ont continué à financer cette opération même si près de 70 000 personnes étaient signataires. Pourtant, il y a 70 000 citoyens qui ont pris conscience du problème et qui vont peut-être changer leurs habitudes. Il n’y a pas eu de victoire mais pour l’auteur, c’est un progrès dans la mobilisation. » Selon Océane, la pétition est une manière d’être « entendue du plus grand nombre et permet, dans tous les cas, de faire avancer la société ». « Je suis convaincue de l’intérêt et de l’importance des pétitions pour la démocratie », dit-elle, tout en rappelant qu’il s’agit d’une manière d’agir pacifique et non violente.

C’est aussi ce que pense Julia, 27 ans, qui vient d’apporter son soutien à la pétition LGBT+ Corner. Pour elle, il était important de « témoigner [sa] désir de rejeter ces projets de loi et [son] soutien contre ces valeurs » qu’elle juge transphobes. « C’est le plus simple à faire lorsqu’on s’intéresse à un sujet et qu’on souhaite partager son avis avec les élus », souligne-t-elle. Dans le cas où ils deviennent « viraux » en ligne, ils contribuent à attirer l’attention sur des enjeux de société : la preuve avec cet article. »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le Canada remporte l’or au Championnat mondial de hockey des moins de 18 ans
NEXT Le Canada remporte l’or au Championnat mondial de hockey des moins de 18 ans