Les décès accidentels dans les RPA sont « totalement inacceptables »

La porte-parole libérale en matière d’aînés, Linda Caron, a vivement réagi au reportage des Coops de l’information sur le décès de deux résidents de la RPA en Outaouais. La coroner Francine Danais n’a pas été en mesure de déterminer ce qui s’est passé dans les heures précédant le décès de Gaston Roy, 78 ans, qui était pourtant surveillé en permanence par une préposée aux bénéficiaires. Des questions sont également restées sans réponse dans le cas de Dolorès Kearney, une femme de 88 ans qui a dû pleurer et demander de l’aide pendant plusieurs jours avant d’être transportée à l’hôpital pour une fracture de la hanche.

« C’est totalement inacceptable et c’est extrêmement triste », a déclaré Mme Caron. « Je pense que nous sommes témoins d’une tempête parfaite, où plusieurs éléments entrent en jeu. »

Gaston Roy avec ses trois enfants, Isabelle, Dominique et Pascale. (Courtoisie)

D’abord, la formation des préposés « ne semble pas être égale partout », observe la députée libérale. « Le gouvernement a raccourci de nombreuses cohortes de formation des préposés aux bénéficiaires, avec des centaines d’heures de moins. Je pense donc que cela n’aide vraiment pas et qu’il faudrait revoir cela. »

Alors que la coroner recommande d’obliger les préposés à prendre des notes, afin de mieux documenter l’état des patients, Linda Caron estime qu’une telle mesure serait justifiée « au moins lorsqu’il y a un changement de comportement ».

Professeur associé à l’École nationale d’administration publique (ENAP) spécialisé sur la question de la RPA, Louis Demers soutient que « dans un monde idéal, on aimerait que les employés aient une scolarité secondaire complète, avec une formation complète des employés également, et qu’ils prennent des notes. »

Louis Demers est professeur associé à l’ENAP. (ENAP)

« C’est facile à dire en termes absolus », poursuit-il. Pourtant, recruter des préposés aux bénéficiaires est très difficile, particulièrement dans les petites RPA. « C’est difficile d’exiger que des gens qu’on a de la difficulté à recruter et à retenir aient plus de formation », explique M. Demers.

Il souligne que toute obligation de prendre des notes devrait viser à atteindre un certain « équilibre », puisque les employés ont « une formation limitée et un temps limité ».

La ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, a pour sa part tenu à offrir ses « sincères condoléances aux proches » de Gaston Roy et de Dolorès Kearney. « Nous donnons suite aux recommandations du coroner », a-t-elle ajouté dans un court communiqué fourni par son cabinet.

Diane Dolan est la fille de Dolores Kearney. (Simon Séguin-Bertrand/Le Droit)

« Deux poids, deux mesures »

Au Parti libéral du Québec (PLQ), Linda Caron s’est étonnée d’apprendre que le ministère de la Santé souhaite concentrer ses efforts sur les préposés du réseau public, afin que ceux des RPA ne soient « pas priorisés ».

Dans le contexte où les RPA se retrouvent avec des dossiers « trop lourds » en raison du manque de places en hébergement de longue durée, « c’est un deux poids deux mesures qui est inacceptable », s’insurge le porte-parole de l’opposition officielle pour les aînés.

À l’ENAP, Louis Demers a aussi beaucoup entendu parler de la gravité des cas, lors d’entrevues avec des propriétaires de petites RPA. Des gens « en grande perte d’autonomie » comme Gaston Roy et Dolorès Kearney n’auraient pas dû être dans des RPA, estime le professeur.

« Le nombre de personnes âgées de 75 ans et plus ayant augmenté de manière significative, certaines personnes dans les RPA ont besoin de soins d’assistance assez intensifs. Pour les RPA, en particulier les petites, […] Il est très difficile d’avoir des préposés bien formés, d’autant plus que la rémunération que les petites RPA peuvent offrir à leurs préposés est bien inférieure.

— Louis Demers, professeur agrégé à l’École nationale d’administration publique

Le professeur estime que la planification des besoins d’une population vieillissante n’a pas été bien faite par les différents gouvernements, même si le changement démographique est « à peu près l’une des seules choses que l’on peut prédire avec une certaine certitude ».

« Le gouvernement de la Coalition avenir Québec a préféré distribuer des chèques plutôt que d’investir dans les services publics, note M. Demers. C’est ça la politique. On n’est pas toujours content des choix que font les politiciens, mais ce sont eux qu’on a élus. »

Le manque de places va continuer

Avec le nombre croissant d’aînés, « c’est sûr » qu’il continuera d’y avoir une pénurie de places dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et les résidences pour aînés, affirme Louis Demers.

Les résidents des RPA arrivent à un âge plus avancé « car les services à domicile ont progressé ». Résultat : « la clientèle est plus lourde ».

Linda Caron est la porte-parole de l'opposition officielle pour les aînés.

Linda Caron est la porte-parole de l’opposition officielle pour les aînés. (Edouard Plante-Fréchette/La Presse Archives)

Du côté du PLQ, Mme Caron estime que la CAQ doit trouver une solution au manque de places dans les CHSLD et au manque de personnel qui touche les résidences pour aînés.

Dans le cas des décès de Gaston Roy et de Dolorès Kearney, l’élue libérale rappelle qu’en attendant des places en CHSLD, des travailleurs d’agences privées avaient été dépêchés par le réseau public. « Il n’y a pas qu’un seul coupable dans tout ça, dit-elle. C’est pour ça que je parle d’une tempête parfaite. Le gouvernement doit agir sur tous ces fronts, parce que c’est inacceptable. »

 
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