la Maison du peuple à Clermont-Ferrand, dernier refuge pour les familles en fuite

la Maison du peuple à Clermont-Ferrand, dernier refuge pour les familles en fuite
Descriptive text here

Des familles étrangères, soutenues par un collectif, ont trouvé un logement depuis dimanche 14 avril, sous les tentes de la Maison du peuple, au centre-ville de Clermont-Ferrand. Parmi eux, un couple qui se bat pour que leurs deux petites filles ne subissent pas les mutilations vécues par leur mère dans son pays de naissance.

Pourquoi raconter votre histoire ? Il a été déballé des milliers de fois. En Allemagne, en . A Clermont-Ferrand, lorsqu’il fallait demander l’asile. Puis une chambre d’hôtel, un endroit ici, un autre là. À cette assistante sociale aussi. À tant d’étrangers que les limites de l’intimité se dissipent. Il y a des blessures qui restent silencieuses, qui se guérissent en silence ou à voix basse. Fatiguée, Awa (les prénoms ont été modifiés) doit les afficher pour survivre. Espérer une vie sans errance pour elle, son compagnon et ses petites filles. En vain pour le moment. Pas de papiers, pas de toit. Il ne reste plus que l’histoire.

La menace d’excision pour les filles en cas de retour

Dans un coin de scène de la grande salle de la Maison du peuple à Clermont-Ferrand, transformée depuis dimanche en refuge pour familles étrangères sans abri, le couple accepte de se coucher, à nouveau. Awa, une Nigériane de 27 ans, raconte d’une voix douce : « un jour, je suis partie ».

Familles et militants quittent la place du 1er-Mai à Clermont et demandent « l’asile municipal » à la Maison du peuple

Le début est une évasion. De son pays, puis de la Libye jusqu’en Italie, en bateau. « Ma tante devait venir me chercher pour aller étudier en Espagne », constate la jeune femme. Lorsqu’elle comprend qu’il s’agit de rejoindre un réseau de prostitution, elle s’enfuit. La voici en Allemagne. L’étape dure trois ans, entre 2018 et 2021 ; il est ponctué d’embellissements. Elle trouve l’amour et donne naissance à ses filles. Mais l’asile leur est refusé : pas de papiers, pas d’abri. Le vol doit reprendre.

Depuis dimanche 14 avril, un collectif, animé notamment par RESF 63, gère le camp de la Maison du peuple pour accompagner 58 personnes dont 9 familles, 22 enfants, 12 demandeurs d’asile, une personne isolée déboutée, une en attente de renouvellement de son titre de séjour sanitaire. et un réfugié.

Laissant seule le Nigeria, elle part en France avec sa famille. « Il n’était pas question pour moi d’y retourner avec mes filles », écarte Awa. Ses mains s’entrelacent. Elle regarde Mustapha, les filles courent, tout sourire. Son visage se fige. « Je ne peux pas les protéger de notre culture, de nos traditions. » Enfant, Awa a été excisée et le souvenir de la douleur ne l’a jamais quittée. Elle avait 6 ans. « Des enfants meurent à cause de cette pratique, il y a des infections, beaucoup de pertes de sang », déplore-t-elle. Ni elle ni le père des enfants ne peuvent s’y opposer.

« Je refuse de les laisser souffrir, de vivre ça. Je refuse, je refuse. »

Awa (à propos de ses petites filles)

Son sourire essuie une larme.

Photo Fred Marquet
De toutes les gares qui freinent l’élan du train Paris-Clermont-Ferrand, la dernière a été privilégiée par la famille. «C’était le hasard», jure le père. La quête de papiers et d’un toit traverse cette même histoire. Après deux semaines dans la rue avec un nourrisson de trois mois dans les bras, tout le monde est hébergé par le « 115 », puis placé dans un Cada.

, dans le Cantal, pendant neuf mois. L’asile leur a finalement été refusé le 30 novembre et ils se sont retrouvés dans la rue. Le vol reprend.

Pas d’OQTF et l’espoir d’une révision de leur demande

Nuits sur un parking de supermarché à Clermont, école de filles en journée. Et pour les parents de dévoiler les détails de leur vie. Mustapha a pris l’habitude de disparaître. Il en rit. Il se ressaisit pour balayer les images de son départ de la Sierra Leone, il y a dix ans, pour échapper aux mutilations, aux violences et à d’éventuelles tortures. Ni lui ni Awa n’ont l’intention de retourner dans leur pays d’origine. Le couple débouté, qui n’a pas bénéficié d’une OQTF (**), n’a pu être hébergé qu’à la condition d’accepter de préparer un retour au Nigeria où les filles risquent l’excision.

Campement familial place du 1er-Mai : la colère criée sur les marches de la préfecture, à Clermont-Ferrand

Pour éviter la rue, la famille a occupé une des tentes de la Maison du peuple. Elle reste suspendue au réexamen de son cas, focalisé sur le danger encouru par les plus petits. Dernier espoir de papiers et d’un toit. Pour terminer cette histoire.

Centre d’accueil pour demandeurs d’asile.
(**) Obligation de quitter le territoire français.

Malik Kebour

Photo Fred MarquetUn rassemblement s’est tenu devant la Maison du Peuple, jeudi 18 avril, pour soutenir les familles

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Une histoire de stabilité et de tension
NEXT Un père appelle à un changement urgent après le suicide de son fils de 10 ans