« Je ne peux pas imaginer que les prix du cacao restent aussi élevés » – .

« Je ne peux pas imaginer que les prix du cacao restent aussi élevés » – .
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Le cacao et le chocolat seront à l’honneur lors de la Conférence Mondiale du Cacao organisée du 21 au 24 avril à Bruxelles par l’ICCO (Organisation Internationale du Cacao) le SPF Affaires étrangères. Le plus grand événement du secteur. Cette conférence réunira en effet les acteurs de la chaîne de valeur du cacao du monde entier (producteurs de cacao, coopératives, exportateurs, commerçants, gouvernements, agences internationales d’aide et de développement, etc.) pour échanger leurs points de vue et identifier des solutions pour la durabilité du cacao. Le secteur. Le thème est en fait : « Payez plus pour du cacao durable ». Un rendez-vous que Choprabisco, la fédération sectorielle des entreprises qui produisent et/ou commercialisent du chocolat, des pralines, des biscuits et des confiseries en Belgique, ne pouvait pas manquer. Elle regroupe 170 adhérents dont le chiffre d’affaires représente environ 90% de l’ensemble du secteur. Entretien avec son président, Philippe de Selliers, sur fond de flambée des prix du cacao.

Le prix de la tonne de cacao a atteint 10.702 dollars lundi sur le marché à terme de New York. Un nouveau record. Et une crise sans précédent ?

Il s’agit en effet d’une crise sans précédent. Nous n’avons jamais atteint ce niveau de prix dans l’histoire. Depuis une dizaine d’années, le prix du cacao est relativement stable, entre 3 et 4 fois moins cher qu’il ne l’est aujourd’hui. Les prix ont réellement commencé à augmenter il y a 18 mois, avec une explosion au cours des 6 derniers mois. La raison principale : une mauvaise récolte principale (entre octobre 2023 et mars 2024) en raison de conditions climatiques défavorables en Côte d’Ivoire et au Ghana qui représentent à eux deux 60% de la production mondiale. Selon les prévisions de l’ICCO, la récolte serait en baisse de 20% en Côte d’Ivoire et de 12% au Ghana. Suit désormais la récolte intermédiaire qui semble meilleure puisque, selon les prévisions mondiales, d’octobre 2023 à septembre 2024, la récolte totale serait inférieure de 11% à celle de l’année précédente.

mouette

« L’augmentation des revenus des petits producteurs reste très faible par rapport à celle du prix du cacao. La majeure partie de cette multiplication par 3 ou 4 du prix du cacao va dans les poches des intermédiaires.

À cette récolte moindre s’ajoutent des spéculations…

Il y a une énorme spéculation car cette croissance des prix est évidemment déraisonnable. Sans oublier dans ce contexte un élément structurel : la demande de chocolat continue de croître d’environ 2% par an dans le monde. En fin de compte, il faudra davantage de cacao.

Cette hausse des prix va-t-elle se poursuivre ?

Je n’ai pas de boule de cristal. Il existe une bulle spéculative importante mais je ne peux pas imaginer que les prix restent aussi élevés. Les conditions météorologiques étaient exceptionnelles. Le marché va se rééquilibrer un peu. Dans quelle mesure, à quel niveau, je ne sais pas.

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Comment cette augmentation impacte-t-elle les différents acteurs de la chaîne ?

L’augmentation des revenus des petits producteurs, et c’est là tout le problème, reste très faible comparée à celle du prix du cacao. La majeure partie de cette multiplication par 3 ou 4 du prix du cacao va dans les poches des intermédiaires (y compris les spéculateurs) et non dans les poches des producteurs. Ni aux industriels. Nous vivons cette situation.

Allons-nous assister à des faillites et à des fusions d’entreprises ? Une augmentation des prix pour le consommateur ?

Il est un peu tôt pour tirer des conclusions. Des faillites ? Pas maintenant. Les entreprises – en majorité des PME – réagiront en fonction de leur niveau de stocks, de leur capacité financière à résister au choc et de leur stratégie prix et produits. En Belgique, nous n’allons pas changer les recettes qui font notre réputation de qualité. Certaines entreprises augmenteront un peu leurs prix. Mais la bonne nouvelle, c’est que le chocolat est un produit plaisir et très abordable. Il faudra voir dans quelle mesure une hausse des prix réduira la demande des consommateurs. Je pense que nous pouvons augmenter un peu les prix sans perdre aucun consommateur.

Vous êtes également le patron de Léonidas. Allez-vous augmenter vos prix ?

Non. Pas avant plusieurs mois en tout cas car nous voulons voir à quel niveau le prix va se stabiliser. Avec la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie et des matières premières ont connu une croissance astronomique. Nous avons attendu et n’avons augmenté les prix que quelques mois plus tard, lorsque les prix de l’énergie ont de nouveau baissé. Et le consommateur a payé au suivant : nos coûts plus élevés ont été compensés par un volume de ventes plus élevé. Nous prenons à nouveau le risque.

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Qu’attendez-vous de cette Conférence de Bruxelles ?

Nous espérons qu’il y aura une déclaration commune à la fin de la conférence pour donner une nouvelle dynamique. Et nous, en tant que chocolatier belge, devons montrer la voie.

“Nous n’avons pas le choix, le chocolat belge doit montrer l’exemple”

Où en sommes-nous dans le secteur du chocolat belge en termes de durabilité, qui est au cœur de la Conférence de Bruxelles ? Quels sont les défis ?

Il faut savoir que chaque année, plus de 300 000 tonnes de fèves de cacao sont importées en Belgique, dont plus de 70 % proviennent de Côte d’Ivoire et du Ghana. Aujourd’hui, un producteur de cacao moyen en Afrique de l’Ouest gagne moins de la moitié de son revenu vital (revenu vital) nécessaire à une famille pour subvenir à ses besoins et investir dans sa plantation de cacao… La Déclaration de Berlin de la précédente Conférence mondiale, qui s’y est déroulée en 2018, a fait de ce revenu vital une priorité… En 2018 également, Alexander De Croo, alors Ministre de La Coopération au Développement, a encouragé le secteur à placer la durabilité au cœur de ses préoccupations, aux côtés de l’excellente qualité du chocolat belge. L’initiative Beyond Chocolate est née, la première en Europe à inscrire dans sa charte l’ambition d’un revenu vital pour les producteurs de cacao. Au-delà du chocolat (dont Philippe de Selliers est le président du comité de pilotage depuis 2019, NDLR)Les entreprises chocolatières et les chocolatiers s’engagent avec d’autres parties prenantes (ONG, supermarchés, organismes de certification, universités, etc.) à rendre durable tout le chocolat produit et vendu en Belgique.

Avec quels objectifs chiffrés ?

L’objectif : que tout le chocolat produit et/ou vendu en Belgique soit, d’ici 2025, 100% certifié durable (Fairtrade, Rain Forest Alliance, etc.) ou conforme à un programme de durabilité d’entreprise (comme ceux de Barry Callebaut, Cargill ou Belcolade). -Puratos). Ces organismes et programmes de certification se concentrent sur trois des piliers de la durabilité : mettre fin à la déforestation, au travail des enfants et au revenu vital. De plus, d’ici 2030, l’objectif de Beyond Chocolate est que tous les producteurs de cacao liés au marché belge reçoivent un revenu décent.

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Quel est l’état d’avancement aujourd’hui ?

Nous sommes à 90% du chocolat vendu en Belgique et 68% du chocolat produit dans notre pays qui sont certifiés ou couverts par un programme d’entreprise et 47% du chocolat produit en Belgique est traçable jusqu’à la plantation de cacao. Et plus de 70 acteurs se sont engagés à assurer un revenu vital aux producteurs de cacao.

Comment les consommateurs peuvent-ils être sûrs que le chocolat qu’ils achètent est durable ? Si c’est certifié ?

S’il existe une certification officielle ou un programme de développement durable d’entreprise, avec des audits et des contrôles, le consommateur peut être tranquille. Cela dit, nous ne serons jamais assez durables, la matière est en constante évolution.

Cette crise aura-t-elle un impact sur la pérennité du secteur, retardera-t-elle le processus ?

Nous restons alignés sur les objectifs. Pour certaines entreprises, cela peut être un peu plus difficile car la certification coûte de l’argent, tout comme le fait d’aller revenu vital, ce qui s’ajoute au prix du cacao sans précédent. Nous devons trouver un équilibre entre ce que les entreprises sont capables de faire et ce que les consommateurs sont prêts à payer. Mais notre volonté est très claire : nous ne voulons pas ralentir. La crise va rendre les choses un peu plus compliquées mais nous y arriverons. Nous n’avons pas le choix, le chocolat belge doit montrer l’exemple : il a la réputation d’être l’un des meilleurs au monde et la Belgique est le deuxième pays exportateur de chocolat. En outre, il est essentiel que les producteurs de cacao gagnent mieux leur vie.

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Que pensez-vous de la réglementation européenne relative à l’interdiction des produits issus de la déforestation ?

Mon avis général : le secteur mondial du chocolat aurait dû être plus proactif en la matière, pour que nous n’ayons pas à légiférer. Parce que tout le monde s’accorde sur la nécessité de lutter contre la déforestation. Deuxième chose : cette régulation est en théorie une bonne régulation même si je ne connais pas tous les éléments techniques, mais si on demande trop de gestion à tout le monde, de l’argent se perd inutilement dans la supply chain, de l’argent qui ne va pas là où il devrait allez, c’est-à-dire au producteur. Or, si le producteur a de l’argent, il travaillera évidemment sur la déforestation.


Le secteur en Belgique

Selon les données de la Fevia, la Fédération de l’Industrie Alimentaire Belge, et du SPF Economie, le secteur du chocolat, pralines, biscuits et confiseries a enregistré un chiffre d’affaires de 7,7 milliards d’euros en 2022 en Belgique, soit 10% du chiffre d’affaires de l’ensemble de l’alimentation. industrie. Elle emploie, à travers 600 entreprises, 14 200 personnes, soit 14 % de l’emploi de l’industrie agroalimentaire. Les exportations représentent, avec 5,2 milliards, 14,5% des exportations de l’industrie agroalimentaire.

Le chocolat génère à lui seul un chiffre d’affaires de 6,1 milliards d’euros, dont 56 % proviennent de l’export. Notre pays est ainsi le deuxième pays exportateur de chocolat au monde (avec 668 000 tonnes en 2022), après l’Allemagne et devant les Pays-Bas.

Enfin, Choprabisco veut attirer les talents et encourager les jeunes à découvrir et travailler dans ce secteur qui compte environ 800 postes vacants par an.dans une entreprise qui va continuer à croître », comme le souligne Philippe de Selliers, le président. La fédération insiste également sur la nécessité de continuer à innover et à mettre en avant les innovations.

 
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