Il est urgent de mieux protéger les enfants (et les adultes) contre la méningite

Il est urgent de mieux protéger les enfants (et les adultes) contre la méningite
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Temps de lecture : 4 minutes

« Nous sommes dans une course de vitesse. La meilleure façon d’y mettre fin est d’atteindre rapidement une couverture vaccinale chez les nourrissons, les adolescents et les jeunes adultes. Alors que le nombre de cas d’infections invasives à méningocoques (méningite bactérienne) a augmenté de 72 % entre 2022 et 2023, pour atteindre 560 cas, le professeur Anne-Claude Crémieux, infectiologue et présidente de la commission technique des vaccinations à la Haute autorité de santé. (HAS), ne mâche pas ses mots : il y a urgence.

La HAS vient également d’actualiser ses recommandations concernant la vaccination contre la méningite des nourrissons, ainsi que des adolescents et jeunes adultes.

La méningite bactérienne tue

Concrètement, la méningite est une inflammation des méninges, constituées de trois membranes protégeant le système nerveux central (cerveau, cervelet, tronc cérébral et moelle épinière). Elle provient d’une infection du liquide entourant le cerveau et la moelle épinière et circulant entre les méninges. Si cette infection peut être provoquée par un virus, un champignon ou un parasite, le cas qui nous intéresse ici est celui où elle est provoquée par une bactérie, et particulièrement par un méningocoque.

Ce germe, comme son nom l’indique, provoque principalement des méningites. Ces méningites à méningocoques sont aussi fulgurantes que graves : elles entraînent une mortalité importante de l’ordre de 10 %, même avec traitement. Ils sont également responsables de séquelles importantes, notamment lorsqu’ils surviennent chez l’enfant : surdité ou perte auditive, troubles visuels, retard psychomoteur, épilepsie, etc.

Connaître les symptômes pour réagir rapidement

Dr Nicolas Winter, urgentiste pédiatrique à l’hôpital de Valenciennes et auteur de Urgences ou pas urgences – Manuel de survie pédiatrique et de Le baiser magique existe-t-il ? – Un guide pour trier les faits de la fiction en pédiatrie (Premier), nous invite à (re)connaître les symptômes de la maladie, notamment chez les enfants : « Plus le traitement est précoce, plus il est probable qu’il n’y ait pas de séquelles. » Pour les parents, connaître les symptômes de la méningite, c’est savoir quand se précipiter aux urgences, car chaque minute compte.

Il détaille : « L’enfant a de la fièvre, son comportement est altéré, il est apathique et vomit fréquemment. De plus, et c’est un symptôme plus spécifique, sa nuque est raide, c’est à dire qu’il a des difficultés à tourner la tête, à bouger le cou. A cela, on peut ajouter ce que l’on appelle la photophonophobie, c’est-à-dire lorsque la lumière et/ou le bruit augmentent la douleur.

Le pédiatre rapporte : « Il faut faire attention au fait que chez les jeunes bébés, la nuque n’est pas forcément raide. Face à un bébé boiteux comme une poupée de chiffon, qui a de la fièvre, qui pleurniche, qui est visiblement très mal à l’aise, on peut craindre une méningite.

Nicolas Winter met également en garde contre ce qu’on appelle purpura fulminans: Parfois, la méningite s’accompagne d’une septicémie et constitue une urgence potentiellement mortelle : la personne peut mourir en quelques heures si elle n’est pas traitée. Ceci est très facilement détecté. Il y a une éruption cutanée, des taches, des taches rouges et/ou violacées sur le corps. Chez les patients à la peau foncée, vous devez examiner attentivement la paume des mains, la plante des pieds et les muqueuses, car il est plus facile de voir dans ces zones. Si vous passez votre doigt sur ces éruptions cutanées et qu’elles deviennent blanches, tout va bien. Mais s’ils restent rouges ou violacés, jusqu’à preuve du contraire, c’est un purpura fulminans et l’antibiothérapie doit être débutée dans l’heure qui suit Il est donc fortement recommandé, “Lorsqu’un bébé ou un enfant a de la fièvre, déshabillez-le une fois pour vérifier s’il y a une éruption cutanée.”

Élargir la vaccination pour cibler les sérogroupes en circulation

Il existe plusieurs sérogroupes de méningocoques. En , il existe quatre sérogroupes impliqués dans la méningite : B, W, Y et C pour lesquels des vaccins existent. L’obligation en 2018 de vacciner les nourrissons contre le méningocoque de type C, et la recommandation de vacciner les moins de 24 ans en vaccin de rattrapage, ont permis de réduire significativement les infections causées par ce sérogroupe, puisqu’elles représentent désormais moins de 1 %. . cas.

Mais, parce que la nature a horreur du vide et parce que la pandémie de Covid-19 et ses restrictions sanitaires sont passées par là, la baisse ne s’applique pas aux autres sérogroupes, loin de là. « L’inquiétude actuelle est liée à une très forte augmentation des cas en 2023 par rapport à 2022 »explique la professeure Anne-Claude Crémieux.

Cette dernière signale également une évolution des différents sérogroupes : « Aujourd’hui, même si le sérogroupe B reste majoritaire, on constate un doublement des cas de W et Y, ce qui les place à des niveaux jamais observés avant même la pandémie de Covid-19. Cependant, contre ces deux sérogroupes, il n’existe aucun vaccin actif recommandé pour la population générale. En effet, seule la vaccination contre le groupe B est aujourd’hui recommandée (mais pas obligatoire) pour les nourrissons, partant sans protection contre Y et W. La souche W est particulièrement préoccupante : « Elle est super virulente, explique la professeure Anne-Claude Crémieux. En fait, sa mortalité est d’environ 20 %.

Nouvelles recommandations

C’est dans ce contexte que la HAS a actualisé ses recommandations, afin de développer rapidement la couverture vaccinale contre Y, W et B dans les tranches d’âge les plus exposées (nourrissons d’une part, adolescents et jeunes adultes d’une part). ‘par contre) de reproduire avec les sérogroupes B, Y et W ce qui a été fait pour C grâce à la vaccination obligatoire. « Cette obligation a permis d’obtenir une couverture vaccinale de qualité chez les nourrissons et donc une protection directe des personnes vaccinées, mais aussi de réduire le portage et donc la propagation de la bactérie, ce qui permet également de protéger les personnes non vaccinées. »souligne la professeure Anne-Claude Crémieux.

Pour l’infectiologue, l’objectif de réduction des infections aux sérogroupes Y, W et B est tout à fait réalisable. Elle cite les exemples des Pays-Bas et de la Grande-Bretagne qui, avant nous, ont eu des problèmes avec le sérogroupe W et ont réussi à réduire son incidence grâce au vaccin tétravalent ciblant A, C, W et X.

Aujourd’hui, concrètement, la HAS recommande pour les sérogroupes A, C, W et Y une vaccination tétravalente (Nimenrix) obligatoire pour les nourrissons de moins d’un an, ainsi qu’une vaccination tétravalente (Nimenrix) recommandée pour les 11-14 ans et en rattrapage. chez les 15-24 ans. Concernant le sérogroupe B, la HAS invite à transformer la recommandation actuelle de se faire vacciner en obligation, toujours avec l’utilisation du vaccin Bexsero.

Ce sont des vaccins efficaces et sûrs», rassure la professeure Anne-Claude Crémieux. L’infectiologue souligne que les médecins ont désormais pris l’habitude de prévenir les réactions fébriles qui peuvent survenir après la vaccination, en administrant du paracétamol au moment de l’injection.

 
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