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Vitamine D
Publié le 17 avril 2024
La vitamine D – en fait une hormone – est le micronutriment à la mode ces dernières années. Indispensable chez le nourrisson, elle est souvent prescrite jusqu’à l’adolescence. Les enseignants généralistes pointent le manque d’intérêt au-delà de 2 ans.
Servie à toutes les sauces, censée favoriser la santé des os, le bon fonctionnement immunitaire ou encore avoir des propriétés anticancéreuses, la supplémentation en vitamine D a, en réalité, peu d’intérêt scientifiquement et médicalement établi. La prise de position récente du Collège national des enseignants généralistes (CNGE) ajoute une couche supplémentaire. Reprenant l’habitude de prescrire de la vitamine D aux enfants dès le très jeune âge, et parfois jusqu’à la fin de l’adolescence, il recommande dans sa dernière communication de remettre en cause cette prévention systématique : le rachitisme, seule maladie grave pour laquelle la vitamine D a prouvé son utilité dans enfants, a presque disparu. Et son bénéfice dans d’autres pathologies, comme les maladies respiratoires, n’est pas soutenu.
Par précaution, le CNGE préserve la supplémentation pour les enfants de moins de 2 ans, et notamment pour ceux de moins de 1 an allaités ou présentant des facteurs de risque de carence, comme une peau noire ou un régime végétalien. Mais souligne qu’au-delà, aucun essai sérieux sur l’utilité de la vitamine D n’a été identifié, et même qu’après l’âge de 5 ans, les études disponibles ne montrent pas de différences entre les enfants traités à la vitamine D et ceux qui ne le sont pas. « Le niveau de preuve est actuellement trop faible pour justifier une prescription prolongée, il faut réévaluer les recommandations au-delà de 2 ans », souligne le DD Maeva Jego-Sablier. La position du CNGE diffère de celle du consensus d’experts qui, en 2022, s’est prononcé en faveur d’une supplémentation pour tous les enfants jusqu’à 18 ans : contrairement à celle du CNGE, son analyse s’est appuyée sur des objectifs de concentration en vitamine D dans la sang, dont la pertinence est discutée, et non sur les effets observés sur la santé.
