« Le vrai problème est que cette loi est mauvaise »

« Le vrai problème est que cette loi est mauvaise »
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Fiscalité, vie chère, santé économique du fenua… Quel sera le bilan du gouvernement Brotherson dans presque un an ? Nuihau Laurey, représentante de A Here Ia Porinetia (AHIP) était l’invitée du radio-café ce mardi 16 avril.

Le vrai problème est que cette loi est mauvaise. C’est mauvais pour l’économie, c’est mauvais pour l’investissement, pour la consommation« . Nuihau Laurey, représentant de A Here Ia Porinetia, ne mâche pas ses mots. Invité au café de la radio Polynésie la 1ère, ce mardi, l’homme politique dénonce, comme les partenaires sociaux, le fait qu’aucune mesure n’est proposée par le gouvernement pour lutter contre la cherté de la vie.

C’est la racine du problème. A deux reprises, nous avons proposé au président de reporter l’application de cette loi pour laisser le temps à la concertation. les acteurs économiques ont finalement critiqué le fait qu’il n’y ait pas de discussion sur les dispositions proposées. Et je pense qu’au lieu de remettre immédiatement la même loi sur la table de l’Assemblée, il aurait été préférable d’organiser une véritable concertation avec tous les acteurs économiques.« .

Construction, construction… Pour le représentant de l’AHIP, l’activité économique ralentit. Pire, les mesures proposées dans ce texte ne feront qu’amplifier le déclin économique. Encore, “tout n’est pas si mal“selon les déclarations du Président du Pays à l’ouverture de la première séance administrative, le 11 avril. De bons chiffres du tourisme, moins de 10 000 chômeurs… Des données que Nuihau Laurey écarte.”Les chiffres du tourisme ne sont pas bons. Ils ont été publiés par l’ISPF en janvier et montrent qu’il y a une baisse de 20 % de la fréquentation au sol des hôtels (…) Sur le mois de février-mars, les professionnels du secteur nous disent que cette baisse s’accentue. Pour la construction, les mesures proposées rendent difficile la vente en l’état futur d’achèvement. De nombreux promoteurs ont décidé que 2024 serait une année blanche. Il y a, dans ce texte, essentiellement des mesures qui vont limiter l’activité économique, celle qui est la plus problématique, je pense, est la réduction de la défiscalisation.

Une défiscalisation qui, selon lui, conduira à terme à l’annulation de nombreux projets. “C’est ce que l’on constate déjà depuis le début de l’année. Ceci contredit pourtant la volonté du président, qui l’a affirmé à plusieurs reprises, d’atteindre 600 000 touristes. Nous savons que nous n’avons pas assez de logements. Ce qui rend l’activité hôtelière plus difficile, il y a une augmentation des taxes pour les hôtels, il y a une réduction de la défiscalisation, il y a des conditions qui sont plus difficiles pour Airbnbs. Donc finalement, ce texte rend plus difficile la création de nouveaux accommodements (…) Notre président a une grande facilité pour lancer des slogans. 600 000 touristes, 35% d’économie numérique, réinventer l’ATN… Mais derrière, il n’y a pas de plan, il n’y a pas de stratégie pour créer plus de chambres, il faut donner envie aux hôteliers d’investir dans ces domaines et non faire exactement le contraire.

L’opposition l’a annoncé lors du vote de la loi fiscale à l’Assemblée jeudi dernier. Un recours devant le Conseil d’État sera déposé. Car ce qui pose problème, selon Nuihau Laurey, c’est la demande de rétroactivité. “Le gouvernement souhaite que cette loi rétro entre en vigueur depuis le 15 décembre de l’année dernière, donc avant la fin de l’exercice 2023, ce qui en droit est quasiment impossible. Cette disposition risque d’être invalidée. Finalement, la question est encore plus celle du remboursement des trop-perçus, la question est : est-ce le moment de mettre en place un texte qui rend plus difficile l’activité économique dans une situation où elle est objectivement en déclin ?

Une loi fiscale qui, dénonce l’homme politique, ne contient aucune disposition visant à renforcer le pouvoir d’achat des ménages ou à lutter contre l’inflation. “Au contraire, on constate une remise en cause d’une partie des exonérations qui avaient été accordées pour les matériaux de construction et pour faciliter l’activité de construction. Quand on regarde ce texte du début à la fin, c’est un texte qui tente de faire sortir un peu d’argent des poches de chacun. Je pense que c’est le choix du gouvernement car en supprimant la taxe sociale, il s’est finalement rendu compte qu’il perdait environ 9 à 10 milliards et qu’il fallait le trouver quelque part pour équilibrer les systèmes sociaux. .

Alors, quels changements concrets le représentant de l’AHIP souhaite-t-il ? “Des mesures plus favorables au développement économique, des mesures de réforme du système PPN et des produits de consommation. Cibler à terme ce soutien sur les catégories de ménages les plus en difficulté. Nous aurions préféré qu’il y ait de vraies mesures de réduction des dépenses publiques. Car si l’on veut baisser les impôts, la seule façon d’y parvenir est de baisser également les dépenses publiques. Et surtout, on aurait aimé de vraies mesures de simplification administrative

« Le Président est la première institution de notre Pays. C’est lui qui peut faire des arbitrages, c’est lui qui peut discuter en dernier ressort avec l’Etat pour des contrats de projets, de convergence. Le fait que le président soit également absent, puisqu’il est le président le plus voyagé que nous ayons jamais eu, ce qui fait finalement que des arbitrages importants n’ont pas lieu.»

Quant aux résultats du gouvernement Brotherson, Nuihau Laurey estime que la durée du discours du président, une dizaine de minutes, reflète les résultats. «C’est la première fois que j’entends un discours aussi court. Cela montre bien qu’il n’y a pas de bilan de l’année écoulée», explique l’élu qui dénonce, comme Edouard Fritch, la suppression du pré-conseil des ministres lundi. “Cela montre bien cette incompréhension puisque le but du pré-conseil des ministres est de s’assurer que tous les ministres sont au courant des dossiers de leurs collègues. Dire que nous allons plutôt organiser une consultation montre que le président n’a pas bien compris quel était le but de ses fonctions. Le Président est la première institution de notre Pays. C’est celui qui peut faire des arbitrages, c’est celui qui peut discuter en dernier ressort avec l’Etat pour les contrats de projet et de convergence. Le fait que le président soit également absent, puisqu’il est le président le plus voyagé que nous ayons jamais eu, signifie qu’en fin de compte, des arbitrages importants n’auront pas lieu.« . Multiples déplacements pointés du doigt par le représentant de l’AHIP. Car selon lui, la solution aux problèmes du pays se trouve en Polynésie et se trouve dans les discussions avec les partenaires habituels du pays, et non à l’étranger.

Quant aux importations de yaourts, là aussi, l’élu pointe une politique qui va à l’encontre de Tavini et du développement des ressources propres de la Polynésie. “Ce paradoxe n’est pas le seul dans la gestion de notre pays par ce gouvernement (…) Je pense qu’il est important, si nous voulons devenir autosuffisants en matière alimentaire, d’au contraire soutenir ces filières pour les accompagner protéger, les soutenir et veiller à ce que leurs conditions de fonctionnement soient au moins égales à celles de concurrents extérieurs qui disposent de bien plus de moyens. Je ne dis pas que c’est facile, mais je dis que prendre ainsi des décisions sans prévenir les parties prenantes n’est pas ce qui permettra notre développement.

Autre actualité évoquée, l’avenir d’ATN. En effet, le Président du Pays a annoncé un changement dans la direction de la compagnie et l’objectif de réinventer Air Tahit Nui. “Qu’est-ce que ça veut dire ? Cela signifie-t-il que nous allons augmenter le prix des billets pour revenir à l’équilibre ? Est-ce que cela veut dire que nous allons ouvrir de nouvelles lignes comme nous l’avons fait à l’époque avec New York ou Sydney ? (…) C’est facile de dire qu’on va réinventer une compagnie aérienne. Le transport aérien est une activité complexe. C’est encore plus compliqué lorsqu’on se trouve face à des concurrents qui pèsent 100 fois votre capacité en matière de transport. United Airlines possède environ 700 avions. Air -KLM, qui assure près de cinq fréquences par semaine, compte plusieurs centaines d’avions. Nous avons quatre avions. Et donc c’est pour ça qu’à ce sujet, j’aimerais qu’il y ait un vrai débat au sein du conseil d’administration et qu’on ne vienne pas nous dire : bon voilà, l’homme clé, celui qui va nous faire sortir est tellement- et ainsi.

L’idée pour Nuihau Laurey : négocier avec ces compagnies pour avoir un meilleur partage de ces lignes et enfin organiser cet équilibre avec les entreprises, »qui viennent aujourd’hui mais qui peuvent repartir demain s’ils estiment finalement que le taux d’occupation n’est pas bon ou qu’ils ont d’autres opportunités ailleurs“.”Air Tahiti Nui, sa fonction lors de sa création était d’assurer notre indépendance par rapport au transport de nos touristes. Cela a un coût. Le pays est-il prêt à supporter ce coût ? Ce sont les questions qui doivent être posées très, très rapidement dans la salle de réunion.

Pour l’heure, c’est surtout le travail commun avec Tapura que met en avant l’élu. Un travail qui selon lui fonctionne plutôt bien au sein de l’Assemblée. Quant à l’idée d’une plateforme et de formation d’un parti unique, soutenue principalement par Gaston Flosse, elle ne correspond pas aux souhaits des différents partis. “Pour nous, le plus important est de pouvoir proposer quelque chose au sein de l’Assemblée et de montrer que nous sommes capables non seulement de travailler ensemble, mais aussi de proposer des solutions aux problèmes que rencontrent les Polynésiens. C’est notre travail« .

Regardez l’interview dans son intégralité :

 
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