Le ministre des Armées veut « remilitariser » la Journée de la citoyenneté de la défense

Le ministre des Armées veut « remilitariser » la Journée de la citoyenneté de la défense
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Instituée après la suspension de la conscription, la « Journée d’appel à la préparation à la défense » [JAPD] a en quelque sorte pris le relais des « trois jours » [qui duraient en réalité une journée] au cours de laquelle tous les hommes en âge de remplir leurs obligations militaires furent soumis à des examens médicaux et psychotechniques.

En 2011, cette JAPD est devenue « Journée de défense de la citoyenneté » [JDC]auquel chaque jeune Français de moins de 25 ans est fortement encouragé à participer [sous peine de ne pas pouvoir passer le permis de conduire et le Baccaulauréat]après avoir complété les étapes [obligatoires] du recensement. Cette journée propose des tests d’évaluation des « apprentissages fondamentaux de la langue française » mais aussi une sensibilisation aux enjeux de défense ainsi qu’un enseignement d’éducation civique et une information sur « l’égalité entre les femmes et les hommes ».

Pourtant, ce JDC est régulièrement remis en question. En mai 2015, le président Hollande a annoncé son intention de transformer cette journée en « journée de formation et d’information », qu’il a qualifiée de « journée d’espoir » pour les jeunes attendus. Puis, il a changé de ton en annonçant, lors de ses vœux à la jeunesse, en janvier 2016, que la JDC serait non seulement maintenue mais probablement prolongée étant donné qu’elle était « un moment dans la vie de tout citoyen d’aujourd’hui » et que cela a permis à “tout un groupe d’âge […] se réunir pour une formation à la citoyenneté.

A la même période, les députés Marianne Dubois et Joaquim Pueyo remettaient un rapport dans lequel ils estimaient que cette JDC « ne servait à rien », alors même que son coût était estimé à 100 millions d’euros par an. “Ce n’est pas en quelques heures qu’il est possible d’aborder les questions de Défense, qui d’ailleurs ne sont que brièvement évoquées pour laisser place à d’autres thématiques”, ont-ils observé. Et de proposer de renforcer l’enseignement de la Défense, susceptible de faire l’objet d’une épreuve obligatoire durant le parcours scolaire, voire de mettre en place, comme le Canada, un programme « cadets de la défense » s’adressant à tous les jeunes de 12 à 18 ans.

Ce signalement n’a pas eu de suite… Mais un service national universel a été instauré [SNU]qui se veut être un « projet éducatif pour l’émancipation et l’autonomisation des jeunes » [de 15 à 17 ans], visant à les impliquer pleinement dans la vie de la Nation et à nourrir le creuset républicain. » Elle est réalisée, pour l’instant, sur la base du volontariat. La participation libère de toute obligation envers le JDC.

Justement, concernant cette dernière, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, estime qu’elle « rate sa cible », alors que les armées ont l’ambition de doubler le nombre de leurs réservistes.

“C’est devenu une journée un peu passe-partout, où des gens admirables s’engagent à le faire vivre, mais au fond, ça se démilitarise un peu avec le temps”, a déclaré M. Lecornu, à l’antenne LCI, le 12 avril. poursuit : « Je souhaite le faire militairement dans un but aussi théorique : il faut qu’à la fin de cette journée, les jeunes Français, femmes et hommes, […] avoir des idées claires sur notre système de défense et des rudiments de compréhension sur le fonctionnement de l’armée française, sur les grandes opérations auxquelles l’armée française a pu participer ces dernières années », a-t-il expliqué.

Mais les projets du ministre ne s’arrêtent pas là puisqu’il entend aussi « moderniser » le recensement en vue d’identifier « en continu » les compétences des personnes « volontaires » susceptibles de venir renforcer la réserve.

L’idée serait ainsi de réaliser « un véritable recensement des compétences, pas seulement sur une tranche d’âge, autour de 16 ans ». […] mais surtout d’avoir à l’ère du numérique, les moyens de réaliser un recensement régulier et continu de la population », sur la base du volontariat. Cela permettrait au ministère des Armées de recruter des réservistes en fonction du savoir-faire dont il aurait besoin en cas de besoin.

En tout cas, une solution qui mériterait sans doute d’être étudiée [pour ne plus tourner autour du pot] consisterait à s’inspirer du modèle de service militaire mis en place par la Norvège, la Suède et le Danemark. Rétablir la conscription [qui n’est que suspendue, pour rappel] n’impliquerait pas nécessairement l’incorporation d’un groupe d’âge entier comme c’était le cas auparavant. Ainsi, les armées ne conserveraient que les conscrits dont elles ont besoin pour une durée de 12 mois, en sélectionnant uniquement les plus motivés et/ou les mieux entraînés.

Évidemment, ceux qui seraient appelés pourraient bénéficier de certains avantages par rapport aux autres. [permis de conduire, aide à l’emploi, formation, etc.]. Grâce à un tel système, les forces armées norvégiennes retiennent, chaque année, 10 000 conscrits sur un potentiel de 60 000 jeunes en âge d’accomplir leur service militaire.

Photo : Ministère des Armées

 
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