7 accusés à la barre

7 accusés à la barre
Descriptive text here

Accompagné de six autres prévenus, Sergio Toinette, ancien dirigeant du Korbey d’Or, comparaît depuis hier devant le tribunal judiciaire de Saint-Denis, accusé notamment de recel, de blanchiment ou encore de corruption.
Suite et fin aujourd’hui avec les plaidoiries et réquisitions.

Déjà condamné pour abus de biens sociaux, décision confirmée il y a un an par la Cour de cassation, Sergio Toinette est de retour devant le tribunal judiciaire de Saint-Denis. L’ancien dirigeant de Korbey d’Or, société spécialisée dans l’aide à domicile liquidée en août 2022 et reprise par Alefpa, n’est pas seul dans la salle d’audience. Six autres prévenus l’accompagnent: Philippe Bénard, ancien actionnaire de Korbey d’Or via la holding Sygma, Monique Sprenger, gérante de Pluie d’Or, Michel Pota (société Kreologik) et son épouse Catherine (société Kefashanti), Ben Mohamed, conseiller bancaire au moment des faits, et Jocelyn Sophie, alors agent du Ministère.
Sergio Toinette est accusé, énumère le président Romain Jouanneau, d’« utilisation à des fins personnelles des fonds Korbey d’Or », recel de dépenses, emploi fictif, abus de biens sociaux, blanchiment, faits de corruption… A la barre, il confirme, comme l’a déclaré en garde à vue, avoir « maquillé les comptes » de l’entreprise, se disant pris dans un « désordre » dont il n’a pas pu sortir.

Sergio Toinette de retour au tribunal. (Photo d’archives de David Chane)

Michel Pota ne « se dérobe » pas

Les malversations, indique le président, s’élèvent à 457 000 euros. “Je suis surpris par le montant”, répond Sergio Toinette, précisant qu’il doit “gérer l’urgence” en pleine crise sanitaire. Romain Jouanneau constate que bon nombre de dépenses n’avaient aucun lien avec l’activité de Korbey d’Or. Comme l’achat d’une grue d’occasion pour 14 000 euros. L’ancien manager, licencié en juin 2022, reconnaît des « dépenses fastidieuses », avec des voitures de luxe, des achats de bijoux… « Oui, je sais », répond-il laconiquement.
Le président explique que les flux financiers sont allés de Korbey d’Or vers d’autres sociétés comme Kreologik et Kefashanti. « Korbey d’Or représentait 90 % du chiffre d’affaires de Kreologik. M. Pota, directeur de facto de Kreologik, était en même temps employé de Korbey d’Or. D’où l’accusation d’emploi fictif. Sergio Toinette assure que Michel Pota a effectué un « travail efficace » en tant que salarié. « Il a démissionné en octobre 2020. Comme le CSE aimait la formation et que les salariés étaient contents, nous avons continué avec Kreologik », explique l’ancien manager.
Interrogé à son tour, Michel Pota confirme ses déclarations faites aux enquêteurs. « Depuis le début, je n’ai pas reculé. Je regrette profondément ce que j’ai fait. Tout part de Toinette, de ses exigences», explique-t-il, indiquant avoir cédé «par lâcheté, par faiblesse». Entreprise de formation, Kreologik était « totalement dépendante » de Korbey d’Or. « J’étais pris dans une sorte de machine. Si je dois payer, je paierai. Je ne cherche pas d’excuse.

Le mouvement de la carte

Michel Pota indique qu’il a fait confiance à Sergio Toinette lorsqu’il lui a dit qu’il avait besoin d’argent. « Moi, fils d’un médecin aisé, je voulais aider une petite personne de Porto dans le besoin. Il a su m’éduquer. Je l’ai cru. C’est insensé », avoue-t-il, affirmant avoir été « délivré » lorsqu’il a tout raconté aux enquêteurs. « J’ai blâmé beaucoup de gens pour mes actes. Maintenant, je suis libéré. L’ancien manager assure de son côté n’avoir “rien imposé” à Michel Pota.
Pour aider Sergio Toinette, Michel Pota ira jusqu’à lui remettre la carte bancaire de son entreprise et la relier au numéro professionnel de l’ancien dirigeant. Une carte au nom de Catherine Pota. « Mon mari a réussi. A aucun moment je n’ai eu la carte en main », assure le manager de Kefashanti. En larmes, elle explique qu’elle était “totalement déconnectée de ce qui se passait” à l’époque, ayant perdu coup sur coup son père et son jeune frère, et étant elle-même malade. Catherine Pota est également accusée de recel d’abus de biens sociaux au détriment de Kreologik avec des achats de billets d’avion et autres. ” Effectivement. Mais il ne s’agissait pas de sacs ou de bijoux, mais d’objets du quotidien.
De son côté, Monique Sprenger a bénéficié gratuitement du prêt d’une Mercedes alors même qu’elle n’occupait plus de poste au sein de Korbey d’Or. «Je l’ai utilisé de temps en temps. Je pensais que je pourrais l’utiliser comme associée. J’ai arrêté de l’utiliser en 2021. » Il est également accusé de complicité d’abus de biens sociaux, pour avoir remis des enveloppes d’argent liquide à Philippe Bénard. Ce qu’elle ne trouve pas “choquant”, assurant qu’il s’agissait d’avances sur salaire. Les avances “ne sont jamais apparues en comptabilité”, précise le président.
Philippe Bénard, dont la justice se demande s’il n’était pas le gérant de fait de Korbey d’Or, ce qui constituerait un abus de biens sociaux. Le président évoque ainsi une « augmentation de trésorerie avec Sygma », estimée à 200 000 euros. Et fait un parallèle avec l’arrêt de la Cour d’appel rendu en octobre 2021 qui mettait en avant un « processus similaire » avec Ad Vitam : des « feedbacks excessifs » qui ont finalement « pillé » la trésorerie de Korbey d’Or. « Vous êtes accusés de faits de même nature », précise Romain Jouanneau.
L’accusation n’effraie pas Philippe Bénard. « La seule augmentation de 200 000 euros a été remboursée dans le cadre de la convention de trésorerie, approuvée en assemblée générale et certifiée par le commissaire aux comptes. Ce n’est pas spécifique à Korbey d’Or, mais à toutes les structures avec lesquelles Sygma travaille. C’est moi qui l’ai proposé, afin de mutualiser les moyens pour influencer les banques», explique-t-il.
L’audience se termine aujourd’hui par des plaidoiries et des réquisitions.

La corruption en question

Conseiller bancaire au moment des faits, Ben Mohamed a-t-il été corrompu par Michel Pota ? A-t-il « fermé les yeux sur les alertes » et ainsi participé au blanchiment d’argent ? Et obtenu en échange de cadeaux, de billets d’avion ?
Selon le président, plus d’une vingtaine d’alertes ont été classées par le conseiller suite à des retraits d’espèces sur les comptes des sociétés Kreologik et Kefashanti. Contrairement à ce qu’il a déclaré lors de sa garde à vue, Ben Mohamed assure que le directeur de la banque était au courant. «Je n’ai jamais eu de problème avec M. Pota. Je ne pensais pas qu’il pouvait effectuer des opérations inappropriées. Je lui ai fait confiance.
Mais les billets d’avion n’étaient-ils pas une contrepartie ? “M. Pota m’a dit qu’il avait une agence de voyages et que je pouvais payer en plusieurs fois. Il me procurerait le billet d’avion et nous prendrions des dispositions. Sauf que pour trois ou quatre tickets, le conseiller bancaire n’a jamais remboursé. « Un don de 400 euros en cash, ça surprend quand même », remarque le président. “Non. C’était pour mon anniversaire.”
En garde à vue, Michel Pota a reconnu des faits de corruption active. Au bar, c’est beaucoup moins clair. « Pour moi, il n’est pas corrompu. J’ai accédé à un certain nombre de demandes. Ma nature est généreuse, je suis assez naïf.
La deuxième affaire de corruption, impliquant cette fois Sergio Toinette et Philippe Bénard, implique Jocelyn Sophie, alors agent du Département en charge des contrôles sanitaires. Ce dernier a reçu des paiements en espèces et une BMW d’une valeur de 35 000 euros. “M. Bénard voulait faire de la rénovation domiciliaire. J’ai fait quelques travaux sur la paie, on m’a proposé une voiture et j’ai accepté. Je ne l’ai pas volé.
L’avocat représentant le Département demande au prévenu si ce n’est pas une autre liste qu’il a dû fournir, plus liée aux activités de Korbey d’Or. Jocelyn Sophie nous assure que non. Sergio Toinette, quant à lui, affirme n’avoir jamais vu de liste – en contradiction avec son témoignage. Philippe Bernard explique ensuite que l’idée était d’identifier les personnes âgées qui pourraient bénéficier d’une amélioration de leur salle de bain. Une quarantaine de dossiers ont ainsi été menés par Korbey d’Or. « J’ai donné à M. Sophie 1 950 euros et deux fois 1 500 euros. J’ai demandé des avances sur salaire, qui ont été retenues à partir de février 2019 », raconte-t-il.

Abonnez-vous pour accéder à tout notre contenu.

Cliquez ici pour choisir votre plan d’achat.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Ce que l’Europe nous apporte
NEXT les Allemands réclament un prix plafond… sur les kebabs ! – .