« Venir uniquement pour l’essence en Espagne, ça ne vaut pas le coup » – .

A 10 minutes en voiture du tunnel Aragnouet-Bielsa, les enseignes Vidalle sont les premières à accueillir les touristes après la frontière espagnole. Restaurant, supermarché, station service… Une voiture de retraités du Maine-et-Loire finit de faire le plein. « Nous avons un appartement à Saint-Lary, à 40 minutes d’ici. On fait du spa entre amis, donc on en profite pour venir en Espagne et l’essence coûte 20 centimes moins cher. Mais l’économie ne paie pas pour le déjeuner», sourit le chef d’équipe.

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« Des clients français toute la journée »

Le diesel à 1,59 € le litre, l’essence à 1,69 € De l’autre côté, dans les Hautes-Pyrénées, le roi du pétrole français affiche respectivement 1,89 € et 1,99 €. “Mais venir seulement pour le ravitaillement, ça ne vaut pas le coup ou plus, on vient chercher les cigarettes et après on en profite pour faire le plein”, explique Luis, la cinquantaine, sur la terrasse à deux pas. , devant un demi tout frais, ses cartouches sur la table. Avec Madame et Quentin, la trentaine, ils arrivent de Trie-sur-Baïse. « 180 km aller-retour, la différence de prix est intéressante mais le carburant ne suffit pas à justifier le déplacement », recalcule-t-il.

Or, “ici, toute la journée, il y a des clients français”, constate Alejandro, l’un des pompistes, sans donner de chiffre. Même si les paysages du Haut-Aragon restent extraordinaires, le trafic transfrontalier donne une bonne idée de l’éternelle attractivité fiscale de l’Espagne sur des produits socialement « inflammables » comme le tabac et l’essence…

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Augmentation du trafic transfrontalier

« 2023 a battu des records par rapport à 2019, dernière année de référence avant la pandémie », confie-t-on, côté route et tunnel, sur cet axe indispensable aux échanges entre l’Occitanie et l’Aragon via cette traversée centrale des Pyrénées. 370 836 véhicules en 2019 contre 380 805 en 2023, soit une moyenne passée de 1 016 par jour à 1 043… Mais surtout avec un ratio de 60 % de Français pour 40 % d’Espagnols : « Même si l’Espagne a toujours été moins chère, les augmentations consécutives sont sans aucun doute pas sans rapport », pense un commerçant.

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“Pour nous, Espagnols, avec un revenu moyen 15 à 20 % inférieur au revenu français après impôts, le tabac et le carburant coûtent cher”, tempère Andrès, rappelant quelque chose que “les Français oublient”.

Sur les piliers des stations Repsol, les offres commerciales faites aux clients locaux le confirment implicitement. Si vous payez avec l’application Waylet sur votre téléphone portable, vous économisez 5 à 20 centimes le litre, selon que vous avez de l’électricité, du gaz ou… « la totale » chez le même fournisseur, avec, en plus, ses panneaux solaires.

Retour à Bielsa, Parzàn… Garé, Franck est en route pour Bayonne. Vendeur français pour une marque espagnole, il navigue entre Saragosse et le sud-ouest de la France. « Je fais 60 000 km par an et côté diesel, c’est clair que j’essaie le plus possible de conduire « espagnol », sourit-il. Mais surtout lors du ravitaillement à Saragosse où j’ai une station à 1,39 € le litre. Près de la frontière, c’est un peu plus cher, mais c’est un peu normal aussi.»

De retour vers la frontière, Repsol ne chôme toujours pas. Après avoir fait le plein – 80 litres – Francis remplit deux jerrycans de 10 litres, « une économie totale de 30 € ». « Je suis frontalier et je viens très régulièrement », confie-t-il. Excès de gasoil ? « J’ai deux fils étudiants, c’est pour leur voiture, c’est compréhensible, non ?