Atos veut effacer la moitié de ses 4,8 milliards d’euros de dette

Atos veut effacer la moitié de ses 4,8 milliards d’euros de dette
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Atos va droit au but. L’ancien fleuron de l’informatique a présenté, mardi matin, les paramètres de sa restructuration financière déjà dévoilés la veille à ses créanciers. Et la facture est salée. Comme l’écrivaient « Les Echos » lundi soir, le groupe leur demande d’effacer la moitié de ses 4,8 milliards d’euros de dette, soit 2,4 milliards d’euros, ce qu’anticipaient déjà certains obligataires. la semaine dernière.

Une telle réduction pourrait impliquer une conversion de la dette en capital, un scénario évoqué publiquement par Atos ces derniers jours. Concrètement, cette hypothèse de plus en plus probable impliquerait que les créanciers deviennent actionnaires d’Atos. Mais cette conversion diluerait significativement, selon le groupe, les actionnaires existants, augurant d’un bras de fer sachant qu’Atos ne vaut déjà que 244 millions d’euros en Bourse. Mardi matin, le titre Atos perdait près de 10% en fin de matinée, après avoir chuté de plus de 80% sur un an.

“Une réduction de moitié de la dette brute à fin 2026 nous semble trop importante”, a réagi l’Udaac (Union des actionnaires constructifs d’Atos), qui représente des milliers d’actionnaires, dans la mesure où cette réduction serait “de beaucoup trop importante en convertir des dettes financières en actions. « Les actionnaires actuels […] “Nous avons déjà beaucoup souffert”, estime l’organisation, qui appelle plutôt à ce qu’Atos vende ses activités aux Etats-Unis, pour se recentrer sur l’Europe.

Offres attendues le 26 avril

Parallèlement, Atos va rechercher 1,2 milliard d’euros de nouveaux fonds auprès de ses créanciers, actionnaires actuels et investisseurs tiers. Dans le détail, le groupe recherche 600 millions de liquidités pour 2024-2025 (en dette ou en apport en capital), 300 millions de nouvelles lignes de crédit et 300 millions de lignes de garantie bancaire. Si ces besoins sont couverts, Atos propose à ses créanciers de reporter de cinq ans la dette résiduelle.

Enfin, le groupe a également annoncé avoir obtenu un prêt relais de 400 millions d’euros auprès de ses banques, de quoi lui donner un peu de répit temporairement. L’État français entre également dans le jeu, mais au minimum, en apportant 50 millions en échange d’actions de Bull SA, filiale d’Atos qui comprend notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire.

Le cadre étant posé, le géant de l’externalisation, du cyber et des supercalculateurs attend désormais que ses créanciers lui soumettent leurs propositions d’ici le 26 avril. L’idée est de boucler ce refinancement avant juillet. “Nous avons désormais un planning précis pour les semaines à venir”, a commenté Paul Saleh, le directeur général du groupe. Les paramètres sont très clairs et nous examinerons toutes les propositions. Atos espère ainsi revenir à un taux d’endettement de 3 fois l’Ebitda en 2025 et de 2 fois en 2026, sachant que le levier jugé raisonnable dans le secteur est de 1,5 à 2 fois. Et ainsi retrouver une notation de crédit « BB » (par rapport à CCC aujourd’hui) d’ici 2026, pour réemprunter dans des conditions normales de marché.

Atos était sous pression, après l’échec des négociations avec Daniel Kretinsky d’un côté, et Airbus de l’autre, qui cherchaient respectivement à reprendre la partie Tech Foundations (l’activité d’externalisation historique, en déclin structurel) et la partie cybersécurité. . Depuis, le sort d’Atos se joue dans une procédure de conciliation amiable afin que le groupe puisse trouver un accord avec ses créanciers. Le temps presse : Atos devra rembourser une première tranche de 2,75 milliards d’euros de dette en mai 2025, soit « en treize mois », a rappelé le directeur financier, Jean-François de Prest.

Sa situation opérationnelle ne devrait cependant pas s’améliorer d’un coup de baguette magique. Le chiffre d’affaires est attendu à 9,9 milliards d’euros en 2024, soit moins qu’en 2023 (environ 10,7 milliards), en raison de la moindre performance de ses activités d’externalisation, les clients ayant été brûlés par l’incertitude autour du rachat par Daniel Kretinsky. Il faudra attendre 2027 pour que ses revenus s’élèvent à plus de 11 milliards d’euros. Surtout, Atos va continuer à brûler du cash pendant trois ans : le cash-flow ne devrait redevenir positif qu’en 2027, à 500 millions, contre – 1,1 milliard en 2023.

Alliance en vue

La balle est désormais dans le camp des créanciers. Tous les regards sont également tournés vers David Layani, le premier actionnaire d’Atos, qui doit présenter son propre plan de sauvetage le 24 avril. Pour ce faire, le patron de Onepoint a déjà rejoint le fonds de restructuration Butler. « David Layani sera considéré comme tous les autres acteurs », a sobrement commenté mardi Paul Saleh.

Par ailleurs, les créanciers qui portent environ 1,2 milliard d’euros à échéance novembre 2024 et mai 2025 poursuivraient leurs discussions avec l’entrepreneur, selon des sources proches du dossier. Une alliance entre les deux partis ne serait pas exclue et faciliterait le sauvetage. Reste à se mettre d’accord sur les termes.

 
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