Raid de police dans une ambassade, relations brisées… Ce que l’on sait de la crise entre l’Équateur et le Mexique

Raid de police dans une ambassade, relations brisées… Ce que l’on sait de la crise entre l’Équateur et le Mexique
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Une crise diplomatique a éclaté cette semaine entre l’Equateur et le Mexique, après une descente de police vendredi contre l’ambassade du Mexique à Quito, afin d’arrêter l’ancien vice-président équatorien Jorge Glas, qui y avait trouvé refuge. Ce dimanche, le Mexique a même annoncé son intention de saisir lundi la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, pour dénoncer cette arrestation qui a provoqué un tollé international. Explications.

A quoi est due cette crise ?

La crise a commencé mercredi dernier, avec les critiques du président mexicain Andrés Manuel López Obrador, sur le déroulement de l’élection présidentielle équatorienne de 2023.

Le chef de l’État accuse les autorités équatoriennes d’avoir exploité l’assassinat du candidat de l’opposition Fernando Villavicencio, le 9 août 2023, pour favoriser l’élection du libéral Daniel Noboa, au détriment de la candidate de gauche Luisa González.

Fernando Villavicencio a été abattu après un rassemblement électoral quelques jours avant les élections du 20 août. Le lendemain, le gouvernement équatorien a annoncé qu’il expulserait l’ambassadrice du Mexique à Quito, Raquel Serur.

Vendredi, le Mexique a accordé l’asile à l’ancien Jorge Glas, réfugié dans son ambassade depuis le 17 décembre et faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour corruption présumée. Jorge Glas, vice-président entre 2013 et 2017 sous l’ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), est accusé d’avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction des villes côtières après un tremblement de terre en 2016.

Quito a qualifié cette décision d’« illégale », dénonçant un « abus des immunités et privilèges » accordés à l’ambassade et une ingérence dans ses affaires intérieures.

Que s’est-il passé lors de ce raid ?

Vendredi, des policiers ont fait irruption dans l’ambassade pour arrêter Jorge Glas, une intrusion dans un complexe diplomatique sans précédent récent dans le monde.

Des images publiées dans les médias locaux montrent le chef de la mission diplomatique mexicaine, Roberto Canseco, criant « c’est un scandale ! » » alors qu’il courait derrière des véhicules sortant de son ambassade. Une bousculade s’ensuit, au cours de laquelle Roberto Canseco tombe au sol. “C’est totalement hors norme, j’ai très peur qu’ils puissent tuer Jorge Glas”, a déclaré Roberto Canseco à la télévision locale, encore tremblant.

Le président mexicain a dénoncé une « violation flagrante du droit international et de la souveraineté du Mexique » et a annoncé son intention de porter l’affaire devant la Cour internationale de Justice. Dans la foulée, le Mexique a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec l’Équateur, suivi samedi par le Nicaragua.

Le personnel diplomatique mexicain, dont l’ambassadeur et le chef de la mission diplomatique, a quitté l’Équateur dimanche. “Notre personnel diplomatique laisse tout derrière lui en Équateur et rentre chez lui la tête haute (…) après l’assaut contre notre ambassade”, a écrit la ministre mexicaine des Affaires étrangères Alicia Bárcena sur le réseau social X (anciennement Twitter).

Déjà condamné à six ans de prison en 2017, Jorge Glas a été transféré samedi dans une prison de haute sécurité de Guayaquil, selon des sources gouvernementales.

Comment réagit le Mexique ?

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a dénoncé une « violation flagrante du droit international et de la souveraineté du Mexique » et a annoncé son intention de porter l’affaire devant la Cour internationale de Justice. “Nous pensons que nous pouvons gagner notre cause rapidement”, a déclaré la chef de la diplomatie mexicaine, Alicia Barcena.

Quelles réactions à l’international ?

L’Équateur est vivement critiqué par les gouvernements de gauche d’Amérique latine, du Brésil au Venezuela, en passant par le Chili, et même par l’Argentine du président ultralibéral Javier Milei. L’Organisation des États américains (OEA), l’Union européenne et l’Espagne ont également condamné cette intrusion.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « alarmé » par ce raid, estimant que toute violation de l’enceinte diplomatique « compromet la poursuite de relations internationales normales », selon son porte-parole.

Les États-Unis – qui condamnent « toute violation de la Convention de Vienne » – ont encouragé le Mexique et l’Équateur « à résoudre leurs différends conformément aux normes internationales ». La Convention de Vienne de 1961 prévoit que les ambassades et les consulats « sont inviolables ».

La présidente du Honduras, Xiomara Castro, qui assure la présidence provisoire de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a convoqué lundi une réunion d’urgence.

Cette situation est « un scandale international », a déclaré l’ancien ambassadeur d’Équateur à Londres Mauricio Gándara, jugeant que « cela sera très difficile à rétablir sans l’intervention des pays amis ». “Nous avons rompu avec tous les schémas de comportement de la diplomatie traditionnelle”, a déclaré Roberto Beltrán, professeur de gestion des conflits à l’Université de Loja (sud de l’Équateur).

La rupture des relations « a des implications économiques, diplomatiques, culturelles », qui pourraient « affecter considérablement ses échanges avec le Mexique et probablement d’autres pays », a-t-il prévenu.

Enfin, le président bolivien Luis Arce a annoncé dimanche que son gouvernement avait rappelé son ambassadeur en Equateur, et a convoqué l’ambassadeur équatorien en Bolivie pour des explications.

 
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