La terre battue revient, avec ses toboggans, ses rallyes et ses points spectaculaires. A Monte-Carlo, Carlos Alcaraz (3e) tentera de reprendre les commandes, après la domination incontestée de Jannik Sinner sur dur. « Je pense qu’il y aura toujours des semaines incroyables mais aussi des ralentissements avec Alcaraz. Je me fiche de ses résultats lors des premiers tournois, je suis sûr qu’il arrivera à Roland Garros comme l’un des favoris et avec beaucoup de détermination», prévient notre consultant Mats Wilander.
Contrairement à ceux qui le précèdent (Novak Djokovic et Jannik Sinner), Alcaraz ne brille pas autant par sa régularité. Il a lui-même déclaré à Indian Wells qu’il accordait plus d’importance à son développement qu’à l’accumulation de trophées. Même s’il est difficile d’imaginer l’un sans l’autre pour un joueur de 20 ans qui compte déjà 19 titres (dont 2 majeurs) et quelques semaines en tête du classement.
“Quand je vois Carlos Alcaraz jouer au tennis, cela me rappelle tellement le grand Roger Federer, le plus grand joueur de tous les temps pour moi. Être le meilleur n’a rien à voir avec des statistiques ou des résultats. Cela correspond à ce que nous entendons par sport, par attentes des gens. Carlos Alcaraz vit la même chose», poursuit l’ancien tennisman suédois. “Même ses adversaires prennent un grand plaisir à jouer contre lui, gagnant mais même perdant..»
« Il ne faut pas seulement gagner mais aussi divertir »
Après avoir surpris le monde entier en bousculant les sommets du tennis mondial alors qu’il était à peine adulte, Carlos Alcaraz serait désormais comme confiné par sa présence, son aura. Un ovni forcément scruté, comme s’il devait porter le poids charismatique de la succession du trio mythique Nadal/Federer/Djokovic. “Carlos Alcaraz est confronté à un problème auquel Nick Kyrgios a parfois été confronté, à savoir que les gens attendent plus d’eux que de gagner des matchs de tennis.», ajoute Mats Wilander.
Carlos Alcaraz lors de Roland Garros 2023.
Crédit : Getty Images
La pression est populaire, médiatique mais surtout forte. “Les gens s’attendent à ce qu’il frappe de gros coups, réalise des défenses incroyables, puis renverse la situation. Pour lui, cela pourrait être assez fatigant tout au long de sa carrière d’avoir toujours l’impression qu’il doit non seulement gagner des matchs, mais aussi bien performer dans le domaine du divertissement.« . Moins de pression sur les épaules de Jannik Sinner, personnage moins expressif et dont la nature du jeu est moins spectaculaire.
« L’artiste » doit-il se renier pour gagner ?
“Alcaraz est un artiste et sera toujours un artiste», poursuit l’ancien n°1 mondial. Prendre des risques, aller au filet, être polyvalent. C’est ce qui a fait toute la réussite du natif d’El Palmar qui a encore de belles années devant lui pour trouver le rythme de croisière qui lui convient. Et même malgré toute la lumière portée sur lui, le jeune homme semble insensible à la pression et possède une confiance rare.
Rien ne dit que « Carlito » soit fermé aux voies de progression. “Ce que j’ai beaucoup aimé chez lui lors des deux tournois américains et notamment à Indian Wells (qu’il a gagné), c’est qu’il s’est calmé et qu’il ne prenait plus autant de risques», dit Willander. “J’essayais d’écouter Juan Carlos Ferrero (son entraîneur) ce qui lui demandait d’être plus solide et de ne pas toujours gagner des points à sa manière. Je pense que c’est ce qui le rendra plus cohérent et meilleur à l’avenir.r”. La saison sur terre battue sera un bon test pour analyser une éventuelle transition vers un art plus raisonné.
Dropshot, volée, coup droit en fin de course : Alcaraz a tout fait à Monfils
