que s’est-il passé au pensionnat de Bétharram ? – .

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Que s’est-il passé pendant plus de cinquante ans derrière les murs de l’Institution Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques ?

Ces derniers mois, 33 plaintes ont été déposées par d’anciens résidents pour faits de violences, agressions sexuelles et viols.

Plusieurs anciens élèves ont accepté de témoigner auprès de TF1.

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Le 20 heures

Il avait voulu enterrer ses souvenirs, mais le passé a fini par refaire surface. En 1982, Olivier a 11 ans et est scolarisé dans un établissement privé catholique des Pyrénées-Atlantiques. Son surveillant de dortoir deviendra son bourreau. Il raconte dans le reportage de TF1 ci-dessus avoir subi violences, humiliations et viols pendant deux ans. « Nous avons juste eu peur quand nous l’avons entendu arriver, avec son approche. La nuit, quand il faisait sa tournée, on se disait : ‘tant que ce n’est pas moi’. Nous nous sommes retrouvés soit dans sa chambre, soit à l’infirmerie à genoux. En fait, je me souviendrai toute ma vie de son haleine fétide, de sa moustache qui m’embrassait avec force et puis il finissait plus bas.il témoigne à visage caché.

À l’époque, Olivier se rendait chaque week-end chez sa grand-mère. Il ose se confier à elle, mais elle ne le croit pas. Durant les 40 années suivantes, il resta silencieux. «Je voulais effacer tout cela de ma mémoire. Je voulais me reconstruire quelque part. En fait, je voulais oublier. Revenir là-dessus a été extrêmement compliqué pour moi. Je l’ai appris à ma mère il y a un mois. Je n’arrive plus à dormir”, il ajoute. S’il a trouvé le courage de parler, c’est parce qu’il ne se sent plus seul. Depuis fin janvier, 33 plaintes ont été déposées par d’anciens élèves de Notre-Dame de Bétharram.

Viol d’enfants âgés de 8 à 13 ans

Ce collège accueillait depuis des décennies les fils de notables de la région et était réputé pour discipliner les enfants les plus turbulents. Alain Esquerre y a fréquenté l’école dans les années 1980. Il y a quelques mois, il a cherché à contacter d’anciens camarades de classe pour recueillir leurs souvenirs. Les témoignages qu’il recevra le glaceront. Le dossier qu’il a constitué porte sur des agressions sexuelles et des viols sur des enfants âgés de 8 à 13 ans, commis sur plusieurs décennies par au moins huit personnes. Six prêtres et deux laïcs. « Nous avons des faits des années 1950, 60, 70, 80, 90, 2000. Il est démontré dans le dossier des collaborations entre laïcs et prêtres qui m’alarme de plus en plus, que les enfants ne sont pas forcément maltraités par une seule personne. Ils sont souvent maltraités par deux personnes. »il dit.

Que s’est-il passé dans ces dortoirs, à l’abri des regards ? Qui savait? La justice a ouvert une enquête et ce n’est pas la première alerte qu’elle reçoit. En 1997 déjà, une étudiante affirmait avoir été violée par le père, directeur de l’établissement. Mis en examen puis placé sous contrôle judiciaire, ce dernier part pour Rome et se jette dans les eaux du Tibre. Après son suicide, il fut inhumé au cimetière des Pères de Bétharram. Et l’enquête s’est arrêtée là.

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Trois ans plus tard, un autre étudiant dénonce un surveillant pour des abus sexuels commis sur plusieurs années. A l’époque, il avait porté plainte. Le journaliste de TF1 l’a contacté par téléphone. « Elle a été rejetée. J’avais l’impression que personne ne m’écoutait ou qu’on ne me croyait pas. Alors, j’ai complètement abandonné. Lors des sorties de reconnaissance, je dormais dans sa tente, cela ne choquait personne à l’époque. On n’a pas posé de questions, on ne s’est pas demandé comment un surveillant pouvait coucher avec un gamin de treize ans. se lamente-t-il.

Ce superviseur est resté en poste près de 40 ans avant d’être suspendu mi-février par la direction du collège. « Je ne peux qu’être plein de compassion pour ces personnes et leurs expériences d’il y a 30 ans. Le salarié en question n’est plus en poste depuis le 14 février afin d’appliquer un principe de précaution.», a-t-elle assuré dans un communiqué. Il a fallu plusieurs semaines après le dépôt de la plainte pour que l’établissement réagisse.

La violence est l’ADN de l’establishment.

Emmanuel, ancien élève

Que reste-t-il de Bétharram aujourd’hui ? Une partie du site est abandonnée. Emmanuel a été étudiant dans l’établissement pendant sept ans. Lorsqu’il était en première année, il était également surveillant de dortoir. En revenant sur les lieux, l’émotion monte et avec elle, les souvenirs de ces années cauchemardesques. « Tout est en mauvais état. Pour tout ce qu’on a vécu là-bas, c’est une sacrée victoire. Plus jamais!” il dénonce. Les humiliations, les gifles, les coups de règle en métal, les heures passées dans le froid, la nuit en sous-vêtements. Ces scènes se seraient déroulées quotidiennement sous ses yeux. « Lorsqu’ils reniflaient à l’extérieur des dortoirs ou sur les marches, c’était une raclée ivre, ritualisée et mise en scène. Vous êtes conditionné par la culpabilité. On ne travaille jamais assez bien, on n’est jamais assez tranquille et puis, on est puni. La violence est l’ADN de l’establishment”il a lâché.

Ce contexte explique, selon lui, comment les prédateurs sexuels ont pu si longtemps avoir carte blanche. « Quand nous étions petits, on se disait : “oui, ils aiment les petits garçons”. C’est ce que nous nous sommes dit avec nos propres mots. Ils avaient accès aux dossiers des enfants, donc il y avait ici des enfants qui n’avaient plus de famille. Ils étaient des proies”, il ajoute. Certains des auteurs présumés de ces viols sont morts et la plupart des faits dénoncés sont trop anciens pour pouvoir donner lieu à des poursuites. Seules deux plaintes ne sont pas encore prescrites. Pour les victimes, c’est le dernier espoir d’obtenir justice et de faire enfin reconnaître leur calvaire.


VF | Reportage TF1 : Baptiste Guénais, Régis Roiné et Pauline Lormant

 
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