En Bourse, les mines transforment souvent l’or en plomb

En Bourse, les mines transforment souvent l’or en plomb
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A l’instar du Dow Jones et du CAC 40, le cours du métal jaune s’envole de record en record. Mais les valeurs minières aurifères sont à la traîne, à quelques exceptions près.

L’or continue de grimper. Après des pics éphémères au-dessus de 2 000 dollars en 2020 et 2022, l’once Troie de 31,1 grammes s’affranchit plus durablement de ce seuil depuis le début de l’année, flirtant désormais avec les 2 300 dollars. Pour certains spécialistes, l’or continue de présenter un intérêt en tant que placement, surtout à une époque où les actions peuvent être perçues comme chères.

Gold, un joueur défensif

« Dans un portefeuille, il faut une attaque et une défense », fait valoir Guy Wagner, directeur des investissements de BLI – Banque de Luxembourg Investments. Les actions constituent l’actif offensif, mais lorsqu’elles reculent, l’or joue souvent le rôle protecteur. L’analyse des 15 marchés baissiers du S&P 500 depuis 1928 montre qu’en moyenne, l’indice large américain a chuté de près de 35 % au cours de ces phases, tandis que l’or a augmenté de 9 % dans le même temps.

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Mais en 2023, belle année boursière, «La performance de Gold s’est avérée étonnamment bonne», juge Guy Wagner. En effet, dans la mesure où il ne paie pas d’intérêts, son prix a tendance à baisser dans les périodes de hausse des taux, ce qui a été le cas en 2023. Mais l’année dernière, l’habituelle corrélation négative entre le rendement réel (corrigé de l’inflation) de l’américain obligations à 10 ans et le prix de l’or s’est complètement effondré. »

Les banques centrales à l’attaque

Par ailleurs, le principal soutien au métal jaune n’est pas venu des investisseurs ces dernières années : bien au contraire, la forte demande observée jusqu’en 2020 pour les ETF et produits assimilés investis dans l’or (à hauteur de près de 900 tonnes) s’est inversée, avec depuis lors, des flux négatifs chaque année. En revanche, les banques centrales achètent de plus en plus : en 2023, comme en 2022, elles ont acquis plus de 1 000 tonnes de métal jaune, ce qui représente un doublement du rythme de leurs achats par rapport à la moyenne de la décennie. 2010, ainsi qu’un cinquième de la demande mondiale, selon le World Gold Council. C’est de loin la banque centrale chinoise qui s’est montrée la plus gourmande avec à elle seule 225 tonnes l’an dernier.

Un contexte favorable au métal fin

« L’or se déplace d’Ouest en Est en raison de l’émergence de certains pays, mais aussi de la fragmentation de l’économie mondiale », estime Guy Wagner. La Chine est en train de mettre en place une alternative au système financier basé sur le dollar. Dans ce mécanisme, l’or joue un rôle important. De ce point de vue, les achats d’or par les banques centrales devraient se poursuivre. »

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Un autre facteur d’appréciation pourrait s’ajouter cette année : justement celui qui manquait en 2023, c’est-à-dire une demande financière qui pourrait redevenir positive grâce à une baisse des taux d’intérêt. Mettre de l’ordre dans son portefeuille, c’est génial ! Mais comment ? Détenir de l’or physique n’est pas toujours évident et on a vu fleurir les fonds investis dans les mines d’or dans les offres d’assurance-vie, le placement préféré des Français. Malheureusement, les groupes cotés ne se sont pas révélés être des substituts efficaces au métal précieux au cours des vingt dernières années.

Les mines transformaient l’or en plomb

« Depuis 20 ans, nous observons un grand écart entre le prix de l’or, qui s’est apprécié de plus de 200%, et les indices boursiers des mines d’or, qui ont baissé », constate Guy Wagner. La gestion des groupes aurifères n’a pas toujours été très saine. “Ils se sont parfois comportés de manière très procyclique, rachetant des concurrents à des prix trop élevés ou augmentant leurs dépenses d’exploration lorsque l’or était élevé, ces investissements devenant non rentables lorsque l’once baissait,” explique Guy Wagner. Leur discipline en matière d’allocation du capital s’est considérablement améliorée depuis, mais la méfiance des investisseurs demeure, d’autant que, dans la période récente, les coûts de production des mines, notamment le prix de l’énergie et les salaires, ont augmenté plus vite que le prix de l’or, entraînant une baisse des marges. »

Une alternative au minage : les sociétés de redevances

De ce fait, Guy Wagner préfère investir dans des sociétés un peu particulières, dites sociétés de redevances. Lorsqu’un groupe veut exploiter une mine et peine à trouver de l’argent auprès des banques, il peut se tourner vers ce type d’entreprise, qui financera une partie des investissements en échange d’une part de la production future.

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« La société de redevances n’est pas affectée lorsque les coûts augmentent, et si la production s’avère plus élevée que prévu, elle en bénéficiera », résume Guy Wagner. Franco-Nevada Corporation est l’un des leaders dans ce segment très particulier. “Depuis son introduction en bourse en 2007, sa performance annualisée avoisine les 15% par an, soit plus du double de celle de l’or”, poursuit Guy Wagner. Il est vrai que son modèle très particulier lui permet de réaliser un chiffre d’affaires de 1,30 milliard de dollars canadiens avec seulement 40 employés à temps plein.

D’autres sociétés similaires, Royal Gold et Wheaton Precious Metals, cotées aux Etats-Unis, ont également surperformé l’or depuis 2007. Et la corrélation avec la performance du métal jaune est bien plus évidente que celle de majors les sociétés minières aurifères Barrick Gold et Newmont, qui ont chuté en bourse sur la période. En fait, tout ce qui touche à l’or ne brille pas !

 
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