« Les consommateurs taïwanais sont très ouverts aux produits étrangers »

« Les consommateurs taïwanais sont très ouverts aux produits étrangers »
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Français de l’étranger : Pourriez-vous vous présenter ainsi que votre entreprise ?

Sébastien Bonnaire : Nous sommes importateur-distributeur et représentons une douzaine de marques françaises haut de gamme, principalement dans le secteur de la maison. Nous avons une activité de « vente au détail » c’est à dire que nous vendons aux consommateurs finaux, ainsi qu’une partie « B2B », donc des acheteurs professionnels. Hyphenea représente notamment de nombreuses marques liées au secteur de l’hôtellerie-restauration. Cependant, nous ne nous contentons pas d’acheter et de vendre ces produits : nous développons une politique marketing pour nos marques et les positionnons sur différents canaux de distribution à Taiwan et à Hong Kong. Nous agissons en quelque sorte comme une filiale locale de chacune des marques que nous représentons, nous disposons de nos propres stocks etc.

Vous avez créé Hyphenea à Taiwan, et êtes également présent à Hong Kong : pourquoi ces pays ?

Concernant Taiwan, j’ai déménagé là-bas parce que ma femme est taïwanaise et m’a fait découvrir le pays. J’ai tout de suite aimé l’environnement, les gens sont accueillants, le climat agréable, etc. J’étais aussi motivé par une envie de changer de vie, de « redevenir intelligent » en apprenant une nouvelle langue et une nouvelle culture. J’ai créé ma première entreprise en 2008 et j’ai rapidement eu l’opportunité de m’implanter également à Hong Kong un an plus tard, à la demande de clients déjà établis sur place.

Pourriez-vous nous raconter la genèse de la création de votre entreprise ?

En France, j’ai travaillé dans la finance. Après huit ans, j’ai eu envie de lancer mon propre projet. J’avais déjà cet esprit d’entreprendre, mais en France – du moins à l’époque – quand on entre dans un secteur professionnel, il est difficile d’en sortir. J’étais spécialisé dans « finance d’entreprise » et lorsque j’ai exprimé mon envie de quitter le conseil pour passer à l’action, je n’ai eu d’autre opportunité que d’évoluer dans des carrières financières. La seule solution était de créer ma propre entreprise par moi-même. C’est pourquoi mon arrivée à Taiwan m’a permis de vraiment me lancer. J’ai démissionné en 2006, et j’ai créé mon entreprise en France, avec mes économies. De par mes activités dans la finance, j’avais une appétence pour le secteur des fournisseurs de luxe et des produits français. J’ai rencontré plusieurs fournisseurs avant de partir et, à mon arrivée à Taiwan, j’avais déjà un carnet d’adresses fourni.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors du démarrage de votre entreprise ?

Même si nous nous sommes engagés très tôt dans la transition numérique – en adoptant les outils numériques, en nous positionnant sur les places de marché locales, etc. – il est parfois difficile de suivre car les modes de business évoluent très vite en Asie. Il y a cinq ans, nous avons pris la décision de réduire de 50 % notre chiffre d’affaires et de nous retirer des grands magasins pour nous concentrer sur notre stratégie digitale. A l’époque, nous avions plusieurs points de vente, mais la fréquentation des magasins physiques s’est vite essoufflée en raison de la démocratisation de la vente en ligne et nous avions de moins en moins de revenus. Nous avons dû augmenter nos prix pour survivre, ce qui nous a un peu déconnectés du marché, d’où notre décision d’arrêter cette activité. Désormais, nous nous concentrons à 100% sur la valorisation numérique.

Quels sont les avantages de Taiwan pour les entreprises ? Et les inconvénients ?

Si je compare avec mon expérience à Hong Kong où il devenait compliqué d’ouvrir un compte bancaire, les démarches administratives sont bien plus simples à Taiwan. En revanche, il est compliqué de contracter un emprunt pour démarrer ou développer son entreprise. Cela vient du fait que le système taïwanais est profondément défectueux en termes de comptabilité. Habituellement, la comptabilité est utilisée pour gérer votre entreprise, mais ici, de nombreuses personnes cherchent à éviter les impôts. C’est un système très ancré sur le territoire et les banques le savent. Ils n’ont donc absolument aucune confiance lors de la présentation d’un rapport financier, même sérieux, et exigent généralement d’énormes garanties. A Taïwan, il faut venir avec ses propres capitaux pour créer son entreprise, ne pas dépendre des banques, être solide et croître progressivement.

En revanche, l’avantage du marché taïwanais dans le secteur de la distribution est que les consommateurs sont généralement très ouverts aux produits étrangers, ce qui est très agréable. Il faut néanmoins pouvoir garantir la qualité des produits car une fois l’effet nouveauté passé, ils sont extrêmement exigeants. Mais en étant rigoureux, un entrepreneur peut réellement fidéliser sa clientèle.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite créer son entreprise dans le même pays que vous ?

Vous devez au préalable passer par un interlocuteur local pour les formalités administratives qui se font systématiquement en mandarin. Il peut s’agir d’un comptable, d’un associé, d’un associé ou éventuellement de contacter la Chambre de Commerce et d’Industrie. Il est aussi toujours intéressant de rencontrer des acteurs du monde des affaires français à Taiwan, qu’il s’agisse de la CCI ou des conseillers du commerce extérieur par exemple.

Est-ce un pays où les entrepreneurs français se montrent solidaires entre eux ?

Les entrepreneurs français à Taiwan sont peu nombreux et ont des activités hétérogènes : il n’y a pas de réelle concentration dans un secteur particulier. La plupart des PME, comme la mienne, connaissent également des problèmes de recrutement. Tout cela fait qu’il est difficile de prendre le temps d’établir des relations ou de s’entraider, du moins dans mon secteur. Je ressens beaucoup plus de solidarité entre entrepreneurs à Hong Kong, mais cette entraide tient aussi à la répartition beaucoup plus dense, qui facilite les contacts.

 
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