En Haïti, des bandes armées attaquent des bâtiments culturels et éducatifs

Alors que la formation du conseil de transition politique en Haïti n’est toujours pas finalisée, des bandes armées ont attaqué mercredi la Bibliothèque nationale située à Port-au-Prince, deux jours après le pillage de deux universités.

Des bandes armées ont pris d’assaut la Bibliothèque nationale d’Haïti, située dans la capitale Port-au-Prince, mercredi 3 avril, a indiqué à l’AFP son directeur, une nouvelle illustration de la spirale de violence dans ce pays des Caraïbes.

« On m’a dit que des casseurs emportaient le mobilier de l’institution. Ils ont également détruit le générateur du bâtiment. J’ai alerté la police pour une intervention rapide », a déclaré Dangelo Néard. “Nous disposons de documents rares, vieux de plus de 200 ans, d’importance patrimoniale qui risquent d’être brûlés ou endommagés par des bandits”, a ajouté le directeur de la bibliothèque.

Après quelques jours de calme relatif, les gangs ont repris leurs attaques lundi dans plusieurs quartiers de la capitale. La semaine dernière, ils ont attaqué et pillé deux universités également situées dans la capitale.

« L’UNESCO condamne fermement les actes de vandalisme enregistrés à l’École Nationale des Arts (ENARTS) et les incendies criminels de l’École Normale Supérieure (ENS) et dans d’autres institutions éducatives et culturelles en Haïti », a déclaré mercredi l’UNESCO (l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, Organisation scientifique et culturelle) dans un communiqué de presse.

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Des habitants fuient après avoir entendu des coups de feu provenant de gangs armés près du Palais National à Port-au-Prince, Haïti, le 2 avril 2024. © Clarens SIFFROY / AFP

Trois établissements de santé ont également été pillés par des bandes armées les 26 et 27 mars, a indiqué le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) dans un communiqué distinct.

Le pays est ravagé depuis des décennies par la pauvreté, les catastrophes naturelles, l’instabilité politique et la violence des gangs.

Fin février, de puissants chefs de gangs haïtiens, qui contrôlent désormais une grande partie de Port-au-Prince, se sont associés pour attaquer les commissariats de police, les prisons, l’aéroport et le port maritime afin de faire pression pour le départ du Premier ministre Ariel Henry. Ce dernier a annoncé le 11 mars qu’il démissionnerait pour laisser la place à un conseil de transition.

Autorités en attente

Mais la formation de ce conseil n’est toujours pas finalisée, en raison de désaccords entre les partis politiques et d’autres parties prenantes qui devraient désigner le prochain Premier ministre et de doutes sur la légalité même d’un tel organe.

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Un véhicule de police en position près du palais national le 2 avril 2024 à Port-au-Prince, Haïti © Clarens SIFFROY / AFP

“D’ici une semaine, nous aurons choisi un Premier ministre”, a promis à l’AFP un conseiller municipal, Leslie Voltaire. Les conseillers tentent de se mettre d’accord pour le nommer. “Le problème avec le temps, c’est qu’on a passé deux ans et demi avec Ariel Henry qui n’a rien fait, et maintenant, dans deux semaines, on veut faire beaucoup de choses”, a-t-il déclaré. ajoutée.

Selon lui, “il y avait un dirigeant qui n’avait aucune volonté politique de lutter contre l’insécurité, de combattre la misère des populations, de permettre aux aéroports, aux ports, etc. de fonctionner et qui a laissé la situation se dégrader”. «Nous avions mis la charrue avant les bœufs.»

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Un homme prie dans une église de Port-au-Prince, le 29 mars 2024 en Haïti © Clarens SIFFROY / AFP/Archives

Les violences qui ravagent Port-au-Prince ont contraint plus de 53 000 personnes à fuir la capitale entre le 8 et le 27 mars, essentiellement à cause des gangs. Une situation « cataclysmique » a alerté l’ONU, avec 1 554 tués au cours des trois premiers mois de 2024, déplorant que les « frontières poreuses » facilitent l’approvisionnement des gangs en armes et munitions.

La population est confrontée à une grave crise humanitaire, avec des pénuries de nourriture, de médicaments et d’autres biens de première nécessité. « La semaine dernière, dix pharmacies de la capitale ont été pillées, rendant l’accès aux médicaments encore plus difficile », a indiqué OCHA.

Alors que les affrontements entre policiers et gangs se poursuivent, la police du pays a déclaré mardi dans un communiqué publié sur X (anciennement Twitter) qu’elle était « déterminée et engagée à rétablir l’ordre et la paix ».

Avec l’AFP

 
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