L’explosion des prix du cacao fait grimper le prix du chocolat

L’explosion des prix du cacao fait grimper le prix du chocolat
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Sur les marchés aujourd’hui, l’ancienne fève de cacao surperforme Nvidia, la star de l’IA, comme le constate l’agence Bloomberg. La tonne de cacao a dépassé le seuil historique des 10 000 dollars. Ce mercredi, en fin d’après-midi, le cours était en baisse, de 2%, à 9.430 dollars. En un mois, le prix du grain a bondi de 45 % et sur un an il s’est envolé de près de 238 %. L’action Nvidia s’est appréciée de 14,7% sur un mois et de 240% sur un an.

Cette envolée est avant tout le résultat du déséquilibre entre production et demande mondiale, le marché du cacao devrait se retrouver déficitaire en 2024 pour la troisième année consécutive. Il devrait s’établir à 374 000 tonnes pour la campagne 2023-2024, contre 74 000 tonnes la saison précédente, soit le pire déficit depuis 60 ans, selon l’Organisation mondiale du café et du cacao (ICCO).

« La mauvaise récolte dans les principaux pays producteurs, la Côte d’Ivoire et le Ghana, a entraîné des pénuries d’approvisionnement », note John Plassard, économiste chez Mirabaud Equity Research. Ainsi, le Ghana a revu à la baisse ses prévisions de production de cacao, de 850 000 tonnes à 650 000 tonnes pour l’année en cours.

Fortes pluies et chaleur extrême

Comme c’est souvent le cas pour les produits agricoles, ce sont les conditions climatiques qui ont conduit à ce résultat. « El Niño a apporté de fortes pluies en décembre, qui ont endommagé les récoltes et favorisé la propagation de la maladie de la pourriture noire. La chaleur extrême qui en a résulté, le vieillissement des cacaoyers et l’exploitation minière illégale ont encore réduit la production. »énumère l’analyste.

Le coût élevé des fèves pousse également les usines de cacao de Côte d’Ivoire et du Ghana à réduire leurs activités de broyage (pour transformer la fève en poudre et en beurre).

Par ailleurs, l’Autorité de régulation du café et du cacao (ARCC) de Côte d’Ivoire a indiqué que la récolte intermédiaire du pays (il y a deux récoltes annuelles), qui commence en avril, devrait être en forte baisse.

Face à cette situation, les concasseurs sont contraints de puiser dans leurs stocks qui, à l’échelle mondiale, ne cessent de diminuer. La flambée du prix du cacao n’est pas une bonne nouvelle pour les amateurs de chocolat, à la veille des vacances de Pâques, dont la gourmandise va devenir plus chère, les producteurs répercutant la hausse du prix de la matière première sur le consommateur final.

« Pour protéger leurs marges, les confiseurs adoptent des mesures d’économies en réduisant la teneur en cacao dans la composition de leurs produits, en substituant des produits alternatifs ou encore en réduisant les quantités. (phénomène de rétrécissement et de inflation) »indiquent les analystes d’Allianz Trade, dans une note.

La hausse du prix du chocolat est encore à venir

Toutefois, les perspectives de bénéfices des plus grands producteurs de confiserie et de chocolat restent solides, indique Allianz Trade. Leurs experts prévoient une hausse de 1% en moyenne du bénéfice par action pour les plus grandes sociétés cotées. Ils notent que pour le moment, la hausse des prix de détail du chocolat reste encore bien inférieure à celle des prix du cacao, ce qui suggère que la hausse des prix est encore à venir pour les amateurs de chocolat.

Reste à savoir jusqu’où le prix du grain pourra monter. « L’écart d’offre met en évidence les défis structurels à long terme pour l’industrie du cacao »soulignent les analystes d’Allianz.

La production mondiale de cacao est en effet concentrée à 75% dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest : Côte d’Ivoire, Ghana, Cameroun et Nigeria, avec la particularité de dépendre en grande partie de petits producteurs dont la production est achetée à des prix inférieurs au prix du marché. Les mécanismes locaux de fixation des prix sont souvent contrôlés par les États qui dépendent des revenus du cacao pour financer leur budget.

Sous-investissement et baisse des rendements

À l’inverse, les négociants, broyeurs, transformateurs et producteurs de chocolat ont la possibilité d’améliorer leurs marges en période de tensions d’approvisionnement.

Cette situation, qui perdure depuis des décennies, ne permet pas aux petits producteurs d’échapper à la pauvreté structurelle, le secteur souffrant d’un sous-investissement mais aussi d’une baisse des rendements.

La pénurie actuelle devrait être une forte incitation à moderniser le secteur, notamment en permettant aux petits producteurs de bénéficier plus largement de la hausse des prix, pour assurer la pérennité de la production de cacao et répondre à la demande mondiale croissante de chocolat.

Quant aux marchés à terme, la flambée des prix qui accroît les appels de marge devrait pousser certains investisseurs (détenteurs de matières premières, transformateurs, confiseurs, fonds d’investissement) à devoir liquider leurs positions de couverture tout en encourant des pertes.

 
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