les personnes déplacées pourraient transformer le visage des quartiers d’accueil

«Il faut chercher à prévenir, mais aussi à restaurer», note l’urbaniste Catherine Craig-St-Louis, coordonnatrice du bureau de Gatineau de l’organisme Vivre en Ville. Ce sont toutes des décisions qui doivent être prises immédiatement pour l’avenir. Et demain, il faudra aussi prendre des décisions tout de suite pour l’avenir, et le lendemain il y aura encore des décisions à prendre maintenant pour l’avenir. Chaque décision compte à ce stade pour nous amener collectivement vers un avenir plus viable.

Attendre encore trois à cinq ans avant de prendre des décisions sur l’avenir des quartiers inondables, comme le suggère la Ville de Gatineau, est peut-être nécessaire, mais cela ne doit pas l’empêcher d’entamer déjà un dialogue avec les communautés potentiellement ciblées et de préparer les prochaine étape pour ceux qui ignorent encore qu’un changement démographique pourrait bouleverser leur quartier.

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Catherine Craig-St-Louis, urbaniste et coordonnatrice du bureau Vivre en Ville de Gatineau (Vivre en ville)

« Il faut mobiliser les gens et les rassembler autour d’une vision de transformation de leur environnement », explique Mme St-Louis. C’est ce que notre organisation contribue à faire. Il faut réfléchir autant avec les gens des zones inondables à ce que l’on peut y garder qu’avec ceux qui deviendront une nouvelle communauté d’accueil parce que nous avons pris la décision de déplacer les ménages. Nous devons réfléchir à la manière de réinstaller ces personnes. Dans quel type de bâtiments. Quels espaces publics créer ?

Acceptez la place qui nous revient

Ces éventuels déplacements de population ne devraient pas être simplement un défi de plus à gérer pour les décideurs. Ils doivent devenir un levier pour consolider les quartiers, estime Mme St-Louis. « Il faut se concentrer sur les milieux qui ont une capacité d’accueil », a-t-elle déclaré. Il y en a encore à Gatineau, même si on ne le pense pas. Mais cela nécessite aussi un travail au sein de la communauté pour créer ce nouveau tissu urbain.

Dans les zones sujettes aux inondations, la transformation ne peut pas se faire uniquement par l’installation d’infrastructures « grises », comme des digues ou des vannes, insiste Mme Craig St-Louis. « Pour apprendre à mieux vivre avec l’eau, il faut lui donner la place qui lui revient et prendre la nôtre en conséquence », estime l’urbaniste.

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« Pour apprendre à mieux vivre avec l’eau, il faut lui donner la place qui lui revient et prendre la nôtre en conséquence », estime Catherine Craig-St-Louis. (Simon Séguin-Bertrand/Archives Le Droit)

Cela ne veut pas dire que les quartiers construits dans les zones inondables doivent nécessairement être vidés de leur population. «Le premier colon venu à Gatineau s’est installé à Pointe-Gatineau, donc ce n’est pas une erreur d’urbanisme s’il y a du monde à cet endroit aujourd’hui», rappelait l’ancien maire Maxime Pedneaud-Jobin lors des inondations de 2017 et 2019.

Pour être viables à long terme, ces quartiers devront toutefois faire un peu plus de place au fleuve. Il peut s’agir par exemple de parcs linéaires, de berges revitalisées, de déminéralisation, de parcs ou de jardins collectifs. « Des espaces où l’eau peut aller et venir », résume Mme Craig St-Louis. Ce type de stratégie doit être considéré comme prioritaire car il contribue à la durabilité à bien des égards. Il n’est pas anodin de redonner à tous l’accès au fleuve et à la nature. Oui, c’est difficile, mais il faut y arriver.

Faire autrement

Comme plusieurs, l’ancienne conseillère de Pointe-Gatineau, Myriam Nadeau, a remarqué que ce sont principalement des infrastructures grises qui sont proposées par le rapport de la firme AECOM, dont le contenu a été révélé par La droite, Mercredi. Le rapport décrit brièvement la gestion de la plaine inondable, mais sans plus.

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Ancienne conseillère municipale de Pointe-Gatineau, Myriam Nadeau. (Patrick Woodbury/Archives Le Droit)

«Lorsque ce rapport a été commandé, nous souhaitions avoir une perspective sur les mesures qui font appel aux infrastructures vertes, en s’inspirant de ce qui se fait ailleurs, et qui laisse une place à l’innovation», rappelle-t-elle. Il y a des espaces devenus disponibles après les deux inondations à Pointe-Gatineau qui laisseraient place à l’expansion des rivières ou au ruissellement lors d’éventuelles pluies torrentielles. Nous avons la marge pour tenter des choses que nous n’avons pas l’habitude de faire, mais qui ont pourtant fait leurs preuves ailleurs.

Si les résidents peuvent rester, peut-être devrions-nous envisager un sentier sur pilotis leur permettant de continuer à se déplacer dans le quartier lors d’inondations importantes, suggère Myriam Nadeau. « C’est le genre de réflexion que nous devons avoir si nous voulons vraiment rendre ce quartier viable pour les gens qui y resteront. »

>>>Les citoyens de Pointe-Gatineau trouvent de nouvelles utilisations aux terrains laissés vacants par les inondations de 2017 et 2019.>>>

Les citoyens de Pointe-Gatineau trouvent de nouvelles utilisations aux terrains laissés vacants par les inondations de 2017 et 2019. (Patrick Woodbury/Archives Le Droit)

La question la plus pertinente à se poser maintenant, selon Mme Nadeau, est de savoir si on cherche à adapter nos quartiers pour pouvoir faire exactement la même chose qu’avant, en surélevant les rues, en faisant des digues, ou si on doit percevoir l’adaptation différemment. , basé sur un usage différent.

Pioche et pelle

Les premiers signaux concrets envoyés par la Ville au quartier suscitent également des interrogations chez Mme Nadeau et plusieurs de ses voisins. Elle affirme que la réfection du ponceau traversant le ruisseau Moreau avait été planifiée par la Ville de Gatineau en 2014. Les travaux ont débuté en 2022 et se sont terminés l’été dernier. Plusieurs arbres centenaires ont été abattus à proximité du ruisseau. « Lorsque la Ville est arrivée à sa phase de travaux, elle s’appuyait encore sur les plans et devis d’un projet imaginé en 2014, avant les crues bicentenaires. Ils l’ont toujours fait comme ça.

>>>L'abattage par la Ville de Gatineau d'une trentaine d'arbres matures le long du ruisseau Moreau a fait sourciller plusieurs citoyens de Pointe-Gatineau>>>

L’abattage par la Ville de Gatineau d’une trentaine d’arbres matures le long du ruisseau Moreau a fait sourciller plusieurs citoyens de Pointe-Gatineau (La Loi, Étienne Ranger/La Loi, Étienne Ranger)

De nombreux résidents de Pointe-Gatineau se sont mobilisés ces dernières années autour du nécessaire réaménagement de leur quartier. Ils ont planté une quarantaine d’arbres dans le quartier grâce à l’aide financière du Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais (CREDDO). Le projet a été entièrement soutenu par l’association des habitants. La Ville de Gatineau n’a pas jugé bon d’offrir son aide pour creuser les trous ou pour arroser les arbres une fois plantés.

« Concrètement, à part se faire dire que oui on pourrait planter des arbres. Nous n’avons eu aucune aide de la Ville dans ce projet.

Cela n’a pas empêché les Gatinois d’être aux avant-postes.

Ils disposent également de 14 potagers en libre accès dans le quartier, ainsi que d’un jardin de vivaces. Les jardiniers organisent 6 à 8 jours durant l’été pour se retrouver autour de leur jardin. Ils installent des tables de pique-nique. «Nous avons même deux ruches maintenant», précise Mme Nadeau. Nous devrions récolter notre premier miel de Pointe-Gatineau ce printemps.

 
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