à Zaporizhia, Ukrainiens et Russes contraints de se coordonner pour éviter un accident nucléaire

à Zaporizhia, Ukrainiens et Russes contraints de se coordonner pour éviter un accident nucléaire
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Depuis la promenade construite sur la digue bordant la rive droite du Dniepr et protégeant la ville basse de Nikopol, au sud de l’Ukraine, on ne les voit que. Les six réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporizhia, la plus grande d’Europe, se dressent de l’autre côté du grand fleuve, désormais à moitié asséché. Ces géants contiennent la menace la plus terrifiante, celle de l’atome, et marquent la ligne de front d’une guerre lancée par la Russie le 24 février 2022 contre l’Ukraine. Ici, les herbes du chemin, le silence, tout rappelle la peur qui pèse sur les lieux.

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Tandis que les sirènes annonçant les frappes russes ajoutent leur part d’angoisse aux habitants de Nikopol, un monument indique que six cents d’entre eux ont été envoyés, en 1986, comme liquidateurs après l’explosion de la centrale de Tchernobyl. Un prix lourd que garde en tête Irina, une grand-mère de 60 ans. En attendant un bus, sur une place déserte entourée d’immeubles fantômes, elle regrette que les gens craignent plus les bombardements que la centrale électrique. “Ils n’ont été inquiets qu’en juillet 2023, quand des rumeurs disaient que les Russes allaient le faire exploser, elle se confie. On nous a donné des comprimés d’iode et on nous a fait faire des exercices d’évacuation. »

Un monument érigé à la mémoire des liquidateurs décédés suite à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, à Nikopol, dans le sud de l’Ukraine, le 7 mars 2024. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »
Oleksandr Sayuk, maire de Nikopol, dans le sud de l’Ukraine, le 7 mars 2024. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

Dans le sous-sol barricadé de la mairie, l’édile, Oleksandr Sayouk, fait également le point : « Nous sommes bombardés chaque jour, la moitié de Nikopol est partie à cause de cela, parce que c’est ce que les gens voient. Mais si les responsables font preuve d’un peu de bon sens, tant du côté russe que ukrainien, ils devraient communiquer ensemble sur le risque nucléaire, tout le monde peut y perdre. » Sans cacher sa lassitude après deux ans aux premières lignes d’un conflit meurtrier, il ne souhaite visiblement pas s’étendre sur le sujet.

Un jeu diplomatique délicat

Car derrière les déclarations de Moscou et de Kiev, qui s’accusent de mettre en danger le site nucléaire, ou celles, polies, de Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), appelant à la retenue, se joue un délicat jeu diplomatique derrière les scènes. Tout en faisant la guerre, les deux partis ennemis, contraints et forcés, se parlent d’énergie nucléaire par des canaux directs et indirects. Il s’agit d’un cas de force majeure qui a pris le pas sur le droit des armes et les intérêts de chacun. Il en va de la sécurité des populations respectives et de l’Europe dans son ensemble.

Si les équipes techniques ukrainiennes ont pu réparer, le 14 mars, la seule ligne électrique de secours externe de 330 kilovolts (kV), déconnectée après les bombardements, c’est grâce à ces échanges. La question a été soulevée lors de la rencontre du 6 mars à Sotchi entre M. Grossi et Vladimir Poutine. “Poutine a accepté Grossi, confirme, à Monde, Herman Halushchenko, le ministre ukrainien de l’énergie. Puis nos soldats ont reçu des informations des Russes nous permettant de donner le feu vert à nos équipes pour intervenir en toute sécurité sur la ligne endommagée. »

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