A 100 ans, Armand veut conserver son permis

C’est à vélo – un engin qu’il utilise encore quotidiennement pour se promener sur les petites routes autour de sa maison perdue au milieu des champs, à Tartas – qu’Armand Lapeyre a eu le seul accident de sa vie. Et encore une fois, il n’était pas responsable. « Je m’étais arrêté à un stop et j’ai entendu qu’un poids lourd arrivait derrière moi. Et puis, tout à coup, plus rien. Je me suis réveillé avec la police sur moi. La roue du camion s’était détachée et m’avait heurté», se souvient celui qui – en plus d’en avoir vu 36 – avait à ce moment-là de sa vie plus de 90 ans. « J’ai eu des douleurs pendant plusieurs jours, ma montre était arrachée mais rien n’était cassé. Même mon vélo s’est échappé.

« À l’époque, il n’y avait pas d’indicateur, il fallait tendre le bras…

En voiture, le constat est le même. Pas d’accident, pas mal de contrôles routiers et, au final, une seule amende pour soixante-dix-sept ans de conduite. « J’ai passé mon permis en 1947, à Dax. À l’époque, il n’y avait pas d’indicateurs, il fallait tendre le bras », s’amuse le fringant Tarusate. Et le PV ? « Un problème de date en fait. J’étais agriculteur et j’élevais en même temps des vaches laitières et des porcs. Chaque fois que je transportais des animaux dans mon van, je devais inscrire la date de désinfection. J’avais préparé mon camion la veille car je partais tôt. Quand les gendarmes m’ont arrêté, ils ont lu la date du 3 juillet, mais c’était le 4. Ils m’ont infligé une amende pour ça », dit-il encore en riant des dés. des décennies plus tard.


Arnaud Lapeyre conduit chaque jour sa petite Peugeot, marque à laquelle il est resté fidèle.

Matthieu Sartre

« Je vis seule et je n’ai personne à proximité. Je dois aller chercher quelque chose à manger et mon journal.

L’âge ne fait pas le handicap

Pour le reste, tout va bien, vous pouvez vous déplacer. Armand Lapeyre consulte régulièrement son médecin – qui, selon lui, ne se plaint pas de son aptitude à conduire – ne possède pas d’appareil auditif et ne porte que des lunettes pour lire. Notamment les informations qu’il lit chaque jour dans son quotidien préféré. C’est là qu’il a vu pour la première fois ce projet de loi européenne porté par la députée écologiste française Karima Delli. Elle propose de modifier la directive européenne sur la durée du permis de conduire en fixant notamment un examen médical obligatoire lors de l’obtention du permis, puis tous les quinze ans.

Bien qu’il soit prêt à passer le contrôle, Armand Lapeyre ne souhaite pas qu’on lui retire son permis du seul fait de son âge. « Il doit y avoir une bonne raison pour révoquer mon permis. Je connais des gens qui sont vieux et pourtant ils ont vingt ans de moins que moi », souligne-t-il pour expliquer que l’âge ne crée pas d’incapacité.

Le permis est pour lui une nécessité. L’homme, en effet, prend le volant tous les jours. « Je vis seule, dans ma ferme, isolée du reste de la ville. Et je n’ai personne à proximité. Je dois aller chercher de la nourriture et mon journal. Et je m’arrête chez mon boucher», sourit le centenaire toujours très alerte qui se rend aussi au village voisin de Souprosse jouer aux quilles tous les jeudis. « Il y a dix ans, je suis allé jusqu’à Lannemezan, chez ma belle-fille, mais aujourd’hui je ne ferai plus ça, je dois comprendre que j’ai 100 ans. Et je ne conduis plus la nuit non plus.


Au volant de sa Peugeot 107, Armand Lapeyre respecte scrupuleusement le code de la route. Dans sa vie professionnelle, il conduisait des camions pour son activité agricole. Un apprentissage qui est encore utile aujourd’hui.

Matthieu Sartre

volonté de fer

100 ans et pourtant une volonté de fer pour toujours s’investir pleinement dans la vie d’aujourd’hui. Toujours cette soif d’apprendre pour cet agriculteur à la retraite qui a quitté l’école à 12 ans. Il a suivi des cours d’informatique et possède un compte Facebook qui, il y a quelques mois, lui a joué des tours (1). Et il a même, à sa demande expresse, mis à jour le code de la route très récemment. « J’étais à un repas d’anciens élèves et le maire de Tartas, Jean-François Broquères, a proposé cet exercice avec des personnes de la Sécurité routière. J’ai sauté sur l’occasion. Quelques jours plus tard, on m’a appelé pour reporter le rendez-vous. Il n’y en avait qu’un inscrit. Et ce inscrit, c’était moi.

« Les aînés donnent toujours le bon exemple. »

Au volant, Armand a les yeux partout. Dans les miroirs, sur les côtés. Il n’oublie jamais les indicateurs et s’en prend à ceux qui les oublient. Son regard bleu se fixe sur l’aiguille du compteur : 80 km/h sont respectés. « Un jour, un gendarme m’a demandé si j’avais tous mes points. Je lui ai répondu par l’affirmative. Elle m’a dit que les aînés donnent toujours le bon exemple. « Roulez la jeunesse !


Le centenaire respecte scrupuleusement le code de la route. Et surtout de la vitesse. “Je reproche à beaucoup de ne pas le respecter sur les petites routes.”

Matthieu Sartre

(1) Son compte Facebook avait été supprimé par l’intelligence artificielle du célèbre réseau, sans doute à cause de son âge.

 
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