un septuagénaire menacé d’expulsion sur l’île de Ré

un septuagénaire menacé d’expulsion sur l’île de Ré
un septuagénaire menacé d’expulsion sur l’île de Ré

Figure fragile, Dany Garcia – Danièle à l’état civil – nous ouvre la porte de la maison qu’elle occupe depuis 1980 au centre-ville de Bois-Plage-en-Ré. Surprise, car c’est un de ses amis qui a contacté le journal à son insu. « J’ai honte », murmure-t-elle en levant les yeux vers l’endroit où se lit la musique de sa vie sur des disques gravés au coin de ses yeux…

Figure fragile, Dany Garcia – Danièle à l’état civil – nous ouvre la porte de la maison qu’elle occupe depuis 1980 au centre-ville de Bois-Plage-en-Ré. Surprise, car c’est un de ses amis qui a contacté le journal à son insu. « J’ai honte », murmure-t-elle en levant les yeux vers l’endroit où se lit la musique de sa vie sur des disques gravés au coin de ses yeux.

Sa vie bascule en avril 2020 lorsqu’elle obtient un congé de son propriétaire dans le délai légal de fin de bail prévu en novembre de la même année (1) . Un coup de marteau qu’elle absorbe tant bien que mal alors que sa santé vacille. Ancienne gardienne de l’équipe de de handball, elle a retrouvé sa combativité en allant au tribunal pour défendre son cas. En vain, la justice a donné raison à son propriétaire, reconnaissant la recevabilité du motif sérieux et légitime invoqué par ce dernier, qui lui a ordonné de quitter les lieux le 5 décembre 2023. Car son bailleur va entamer une rénovation totale des lieux. maison, les travaux prévus nécessitant un logement vide de tout occupant.

“J’ai une petite pension de 950 euros, une aide de la CAF de 300 euros, qui va me louer quelque chose ici ?”

Depuis, elle est en sursis et les nuits blanches la rongent. « J’ai très peur que la police vienne frapper à ma porte pour me jeter dehors », confie-t-elle avec angoisse. Et même si elle ne parvient pas à se projeter au-delà de ce cocon dans lequel elle a construit toute sa vie sociale, elle se dit prête à envisager une vie ailleurs sur l’île. Ou même le continent ?

Ré a changé

L’histoire de Dany commence sur l’île sans pont, lorsque la vie simple rythmait le quotidien de ses habitants. Arrivée de Paris après un divorce, elle met le continent à distance et retourne dans les lieux où elle avait passé ses vacances lorsqu’elle était enfant. Sur une île où le logement n’était pas un problème, mais un moyen d’entraide : « Si vous faites les récoltes pour nous, vous aurez une maison à louer toute l’année » lui avait dit le couple avec qui elle occupait une chambre indépendante. La maison et sa cave étaient dans leur jus, elle en fera son havre de paix en l’aménageant comme elle peut et selon ses moyens, seulement liée par un bail oral et un loyer très modique (elle ne se souvient plus que du montant, NDLR).

Au décès de la propriétaire, son héritière a matérialisé le bail en 2012 pour un loyer de 450 euros qu’elle a toujours honoré. Stomatologue à Paris, Dany avait démarré sa vie de zéro sur l’île où elle a tenu pendant quarante ans une épicerie fine au marché d’Ars-en-Ré, village où elle a été pompier volontaire pendant vingt-cinq ans. “J’ai une petite pension de 950 euros, une aide de la CAF de 300 euros, qui va me louer quelque chose ici ?” Derrière ses propos, il y a une inquiétude et une détresse que la septuagénaire peine à partager malgré sa situation désespérée.

Parce que Dany s’est oubliée en chemin, préférant le travail humanitaire comme lorsqu’elle a rencontré Mère Teresa deux ans avant sa mort en apportant des fournitures scolaires pour l’orphelinat de Calcutta.

(1) Le statut de locataire protégé qui vise à éviter les expulsions de locataires âgés en difficulté à trouver un nouveau logement ne s’applique pas à Dany Garcia car son propriétaire c’est lui -même âgé de plus de 65 ans. La mesure n’est pas exécutoire dans ces conditions.

 
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