Le tribunal prendra le temps de rendre ses délibérations concernant la responsabilité d’un automobiliste ayant causé un accident mortel, sur la route menant au Cap Fréhel (22), le 16 avril 2022.
La veuve de la victime s’est sentie mal lors de l’audience, jeudi 18 janvier 2024, au tribunal correctionnel de Saint-Malo, entraînant une suspension de l’audience. L’automobiliste de 35 ans prendra immédiatement la parole. Je tiens vraiment à m’excuser pour cet accident.
“La moto était à 14 mètres”
Ce jour-là, il conduisait sa voiture avec sa compagne et sa belle-sœur. Il remarque le véhicule de son beau-père garé de l’autre côté de la route. Il décidera de rouler encore un peu, avant de faire demi-tour pour se garer juste derrière lui. Il avait déjà remarqué qu’un motard le suivait. Après avoir effectué les contrôles d’usage, en allumant le clignotant avant la manœuvre, il estimera la présence de ce motard à 15 mètres derrière lui.
Il pense que son intention de manœuvrer a été comprise. Selon l’expertise, 1 seconde avant l’impact, la moto se trouvait à 14 mètres »,
précisera l’avocat d’une des filles de la victime. Le père, chauffeur routier international et motard amateur, sera héliporté au CHU de Rennes avec un traumatisme crânien. Déclarée en mort cérébrale, la famille a décidé d’arrêter le traitement cinq jours plus tard, la veille de l’anniversaire de son épouse.
“La manœuvre est légale”
Les longs débats révéleront l’absence de délit. Nous parlons de la mort d’un homme. Vous avez devant vous un homme poursuivi pour un acte non intentionnel. Il ne s’agit pas d’un délit grave : pas d’alcool, pas de drogue, pas d’excès de vitesse. On parle d’une manœuvre sur une route touristique pour se garer de l’autre côté. La manœuvre est légale. La question est de savoir si, au moment de l’impact, la moto était visible. Ce qui est critiqué, c’est l’imprudence. Aucune sentence du Tribunal ne rétablira un sentiment de justice, car personne ne voudrait être ici avec ce qui s’est passé »,
dit le procureur.
L’avocat de l’automobiliste examinera l’expertise. Une photographie du casque montre qu’il ne présente aucune trace d’impact. A-t-il été porté ? La sangle n’est pas cassée. La moto n’a pas été expertisée. On suppose que la moto était correctement positionnée sur la chaussée. Et s’il s’agissait d’une manœuvre d’évitement plutôt que de dépassement ? Je reste convaincu que c’est le véhicule qui précède qui doit être vigilant et attentif.
Le tribunal correctionnel de Saint-Malo a jusqu’au 15 février pour délibérer.
