En campagne, cet herbicide est encore largement utilisé par les agriculteurs conventionnels. Pour quoi ? En raison de son efficacité mais aussi parce que les techniques de remplacement ne semblent pas encore à la hauteur de l’efficacité du produit chimique.
1. Pas de pulvérisation sur les cultures
“Il y a une idée qu’il faut absolument mettre de côté, c’est qu’on ne pulvérise pas de glyphosate sur les cultures.», précise d’emblée François Henriet, attaché scientifique au CRA-W (Centre wallon de recherche agronomique) et spécialiste des adventices.
La précision du scientifique est logique car les États-Unis et les pays d’Amérique du Sud pulvérisent du glyphosate sur leurs cultures pour éliminer les mauvaises herbes. “ Ils ont des cultures « prêtes pour le Roundup » puisqu’ils utilisent des OGM.« Les graines de soja et de coton ont été modifiées pour résister au glyphosate. Ainsi, les agriculteurs d’outre-Atlantique ne sont pas obligés d’utiliser un désherbant sélectif lors de la plantation des cultures, ils peuvent pulvériser du glyphosate sur les cultures qui finiront plus tard dans les assiettes des consommateurs.
2. Pourquoi l’utiliser ?
Nous utilisons du glyphosate dans nos cultures conventionnelles pour désherber lors des cultures intercalaires « et quand vous en avez besoin. C’est un outil de gestion des mauvaises herbes. Si ces mauvaises herbes ne sont pas éliminées avant le semis, elles coexisteront avec les céréales, les betteraves et le maïs. “ Lors d’une récolte, il y a toujours une partie qui n’est pas complètement ramassée. précise le scientifique. Exemple avec des céréales ou du colza qui ne sont jamais récoltés à 100% par les moissonneuses et qui sont éparpillés au sol après le passage de la machine. » Il existe également des mauvaises herbes qui ont des cycles de production de plus d’un an comme les chardons ou le chiendent.
Si nous n’éliminons pas tout cela, nous aurons des problèmes de semis et de récolte et nous aurons des impuretés.
Le glyphosate est également utilisé pour éliminer le couvert hivernal avant les semis de printemps (CIPAN, cultures intermédiaires pièges à nitrate). Ces CIPAN ont été imposés aux agriculteurs afin de ne pas laisser les sols nus pendant les hivers.
3. Quelles alternatives ?
N’y a-t-il aucun moyen de se passer du glyphosate ? Le scientifique du CRA-W évoque quatre techniques alternatives.
1. Désherbage mécanique
Certaines machines sont adaptées au désherbage mécanique. Le labour est également une technique qui agit comme un désherbant puisque les mauvaises herbes sont enfouies dans le sol. “ Mais on consomme plus de fioul lors des labours. Et je ne suis pas sûr que le ver de terre préfère le labour au glyphosate.»
À mesure que les techniques agricoles ont évolué, les agriculteurs limitent de plus en plus le recours au labour. En particulier dans l’agriculture de conservation des sols. “Car le labour est très perturbateur pour la structure du sol. “
2. Utiliser et combiner d’autres herbicides
Le glyphosate est un herbicide systémique total qui pénètre à travers les feuilles.et qui voyage dans la plante.« Il va donc aller jusqu’à la racine et éliminer définitivement la mauvaise herbe. Contrairement à un produit de contact qui tue la feuille mais n’empêche pas la repousse.
“Comme alternative, un mélange d’autres herbicides sélectifs pourrait être utilisé pour obtenir le même spectre d’action. Mais cela n’a pas de sens et coûte très cher.»
3. Désherbage électrique
La technique n’est pas encore très répandue mais elle est certainement prometteuse : le désherbage électrique. Le principe : à l’avant du tracteur une solution saline est répandue et à l’arrière de celui-ci, un groupe électrocute les plantes en leur injectant du courant. Gros avantage de la technique : elle est systémique car le courant traverse toute la plante et atteint donc les racines.
4. Retour aux techniques ancestrales
“Comme dans les produits de jardinage, le vinaigre pourrait être utilisé sous forme d’acide acétique ou d’acide pélargonique. L’inconvénient est qu’il s’agit d’un produit de contact. « Et d’ailleurs, il y a peu de chance que nous rendions service à la nature en utilisant ces produits. »Ce sont des acides et nous remontons au début des années 1900, lorsque l’acide sulfurique était utilisé pour désherber..»
4. L’agriculture s’adaptera
L’agriculture devra s’adapter aux contraintes qui lui sont imposées, que ce soit par le climat, par des directives administratives ou des impositions légales. Le glyphosate peut encore être utilisé pendant 10 ans mais on voit que des alternatives existent et doivent être développées pendant cette période. “ Le glyphosate est un outil de production très efficace, conclut François Henriet. Si nous devons nous en passer, cela augmentera les coûts de production. Mais l’agriculture se contentera des outils que nous lui fournissons.»