L’Alésien Jean-Jacques Bourdin, écarté de BFM-TV en 2022 après des accusations de tentative d’agression sexuelle, a rebondi sur Sud Radio il y a un an. Et depuis la rentrée, il orchestre aussi un face-à-face politique.
? #RSA : 15 à 20 heures par semaine d’activité pour les bénéficiaires. @olivierdussopt : « Ce n’est pas un travail obligatoire ou un travail bénévole. Nous allons créer une sanction pour dire à un bénéficiaire qui ne respecte pas le contrat qu’il y aura une suspension temporaire » pic.twitter.com/v9eT3QExPg
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Qu’est-ce que ça fait de retrouver un spectacle politique en face-à-face ?
Un immense plaisir ! Je retrouve des réflexes que je connais depuis 20 ans. Cette envie, ce plaisir de poser des questions en essayant de poser des questions que chacun se pose et en essayant d’obtenir des réponses claires. C’est un exercice que j’adore.
“Le journalisme a beaucoup évolué, dans un sens que je n’aime pas”
A part le plaisir, qu’est-ce qui vous guide ? Passion, adrénaline ?
Oui, passion et adrénaline, vous avez raison. Et c’est aussi une confrontation intellectuelle. Je ne suis pas là pour piéger systématiquement mon invité. C’est direct, c’est sans compromis, c’est du respect et de l’exigence mutuels.
Plus nous serons exigeants envers un leader politique, meilleur il sera. J’aime la politique et je ne fais pas partie de ceux qui craquent éperdument pour les politiciens. Il faut bannir les discours conventionnels et les discours écrits par des communicateurs.
Le journalisme a beaucoup évolué, dans un sens que je n’aime pas. C’est trop axé sur le commentaire.
Je fuis le commentaire, je déteste ça. En fait, on passe au commentaire en occultant l’analyse et l’explication. Les réseaux sociaux et les chaînes d’information encouragent tout cela.
Pour votre première émission, début septembre, face au communiste Fabien Roussel, vous étiez particulièrement stressé, non ?
Oui, cela fait plus d’un an que je n’ai pas fait d’interview politique. Il fallait que je reprenne mes repères. C’est un rythme. Le premier jour, j’étais un peu tendu. Maintenant c’est tout. J’ai retrouvé mon rythme. C’est une sorte de compétition. Je prépare mon entretien la veille et je dors dessus. Je ne vais pas dans les salons douillets de la politique. J’ai besoin de travailler beaucoup.
Nous avons eu droit au retour de vos questions pièges, avec votre face-à-face avec Sébastien Chenu, du Rassemblement National, et la question de la TVA sur les produits de première nécessité…
Ce n’était pas une question piège. C’est une question naturelle. Il ne sait pas à combien s’élève cette TVA, alors que son parti réclame qu’elle soit de 0 %. Quand je pose ces questions, c’est précis. Je ne cherche pas de question délicate. Ce fut le cas de Myriam El Khomri sur les CDD, des sous-marins nucléaires pour Ségolène Royal, des chiites et sunnites pour Nicolas Sarkozy. Dans la discussion, je suis indépendant. C’est ce qui m’a coûté cher dans ma vie professionnelle. Chez BFM et RMC, on n’aimait pas ça, surtout Marc-Olivier Fogiel. Il n’avait aucun contrôle sur mon émission.
Êtes-vous en train de sous-entendre que c’est ce qui vous a fait tomber sur le bord du chemin il y a deux ans ?
C’était une opportunité à saisir et elle a été saisie.
“Aujourd’hui, je suis très calme”
Comment avez-vous vécu ces deux dernières années après les accusations portées contre vous (une plainte a notamment été déposée par Fanny Agostini, une ancienne collègue de BFM, pour tentative d’agression sexuelle, NDLR) ?
J’ai eu du mal à traverser cette période. La justice est passée. Les faits ne sont pas caractérisés. C’est arrivé. Aujourd’hui, je suis très calme. Je sais qui est qui. J’ai pu vérifier qui était fidèle et honnête et qui ne l’était pas. Je regarde devant moi. Et je remercie Sud Radio. Croyez-moi, je vais saisir cette chance et ça va faire du bruit. Je compte progresser sur cette radio.
Vous devez avoir encore plus de mal à attirer les têtes d’affiche politiques sur Sud Radio…
C’est plus dur, mais je me bats. Je n’ai pas à avoir honte des invités qui viennent. Cette durée de 23 minutes pour un entretien est un atout. C’est moi qui ai installé tout ça sur BFM. BFM n’existerait pas sans le succès de RMC.
“RMC et BFM vont être vendus”
Patrick Drahi a déclaré vouloir vendre RMC et BFM. Qu’en penses-tu ?
Je ne suis pas surpris et je pense que cela arrivera. RMC et BFM seront vendus. Quoi qu’il en soit, tout a changé depuis l’arrivée d’Altice : l’ambiance et le positionnement. Alain Weil avait bâti une réussite familiale.
Vous avez dit dans le passé que vous vous méfiiez des extrêmes. Sud Radio jouit d’une réputation sulfureuse, avec notamment la présence d’André Bercoff et une mise en demeure de l’Arcom cette année…
Si je suis sur Sud Radio, c’est parce que je sais que je peux travailler en toute liberté. Tant que la loi est respectée, il n’y a rien à redire. Je suis le garant de cette liberté, de cette indépendance. Sud Radio a eu des positions discutables par le passé, mais ce n’est plus le cas.
Vous avez 74 ans. Envisagez-vous de passer le relais ?
Je ne me pose pas cette question. La seule question est mon état de santé et si je suis en bonne forme intellectuelle. Je fais tout pour ça. Je fais attention à mon style de vie. Et je varie mes plaisirs. Je fais autre chose que d’être dans mon environnement. Je parle avec d’autres personnes.
Est-ce ce que vous faites près du Vigan, dans votre maison de vacances ?
Oui, j’y ai passé tout l’été. J’ai joué à la pétanque. J’ai rencontré beaucoup de gens. C’est mon refuge. Je vais acheter Midi Libre et L’Equipe chez le marchand de journaux. Et je les lis avant une petite sieste en début d’après-midi.
« Nîmes-Olympique aurait disparu si Rani Assaf n’avait pas été là »
Vous êtes président d’honneur du Nîmes Olympique. Quelle est votre réaction face à la création d’une association de supporters du club de football, qui réclame le départ du président Rani Assaf ?
Je ferai tout pour que ce club ne meure pas et qu’il retrouve une place incontournable dans le football français. Je ne dirai jamais de mauvaises choses à propos de Rani Assaf. Ce club aurait disparu s’il n’avait pas été là. Cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec tout ce qu’il fait.
Je vais essayer de rassembler toutes les énergies. Tout le monde doit se retrouver : élus, supporters et membres du club. Personne ne peut dire « Ce club m’appartient ». Il appartient à Rani Assaf. Il appartient moralement à tous ceux qui aiment le club. J’espère que nous saurons dans les prochains mois ce qu’il veut faire avec ce club. Veut-il s’en séparer ou mener à bien son projet ?