C’est ce que dictent les codes de communication les plus élémentaires. Et il y a le chaos qui se cache derrière les palmarès des grands champions.
On peut choisir de voir derrière les quelques lignes postées samedi matin par Antoine Dupont sur sa représentation d’un sablier – conseils d’une équipe de communicants aux réflexes bien aiguisés.
Mais on peut aussi déceler la marque d’un caractère propre à ceux qui choisissent d’être acteurs de leur destin. C’est d’ailleurs le choix qu’a fait Florian Grill, président de la FFR, en postant les mots suivants sur le même réseau social : « Félicitations à Antoine Dupont et avant lui Romain Ntamack pour les valeurs de résilience et d’esprit d’équipe qu’ils incarnent. »
Cette lecture peut paraître naïve. Il résume pourtant bien le tempérament et la personnalité que le capitaine du XV de France s’est forgé tout au long de sa carrière. En club et en sélection. « Antoine est quelqu’un qui sait ce qu’il veut », témoignait son frère, Clément Dupont, avant le début de la compétition : « Il n’a pas besoin qu’on lui dise ce qu’il doit faire. » Le commentaire n’est en aucun cas dépassé.
Coups durs
Son choix de se faire opérer dans la nuit de vendredi à samedi au CHU de Toulouse, suite à sa double fracture maxillo-zygomatique contractée jeudi soir, à Marseille, contre la Namibie, constitue le point de départ d’une véritable course contre la montre en vue d’un quart de finale ou une hypothétique demi-finale. Mais il est finalement fidèle au parcours qui a fait de lui la star indéniable du XV de France. Même cette Coupe du monde.
Ses larmes dans les vestiaires du Stade Vélodrome de Marseille le prouvent, il a été mortellement secoué par sa blessure. Mais malgré ce coup dur indéniable, Antoine Dupont reste pour le moment de bonne humeur, selon son entourage. S’il reste prudent sur sa capacité à réduire les temps de convalescence, il n’en est pas moins déterminé.
« Il a une force de caractère impressionnante. Nous espérons que cela lui permettra de revenir »
Au cours des prochaines semaines, le gamin de Castelnau-Magnoac s’attaquera à l’un des plus gros défis de sa carrière. Mais ce n’est pas la première épreuve qu’il doit surmonter. Une vérité élémentaire qu’il a rappelé lors de son dernier entretien avec « Sud Ouest » : « En effet pour montrer que je n’avais pas un parcours linéaire. »
Les blessures, les tourments, Antoine Dupont les a déjà vécus. Lorsqu’il avait subi une rupture des ligaments du genou en 2018 contre l’Irlande, en ouverture du Tournoi des Six Nations. Mais pas seulement, il se souvient aussi avant le début de la compétition : « C’était le cas quand j’étais chez les cadets à Auch. Je ne jouais pas trop, j’ai failli rentrer à Lannemezan. C’était également le cas lorsque j’ai commencé à jouer professionnellement. J’ai eu l’impression que c’était parti et un changement d’entraîneur a fait que je n’ai pas beaucoup joué, encore une fois (NDLR : départ de Serge Milhas). Finalement, quand je suis parti à Toulouse, alors que tout allait bien, je suis devenu croisé. »
Force de caractère
Dans une formule qui peut paraître conventionnelle, Clément Dupont vantait il y a quelques semaines « l’incroyable force de caractère » de son frère. Ce trait de personnalité l’a façonné. « Il y a eu des hauts et des bas, a témoigné Antoine Dupont. Mais j’ai toujours gardé cette passion. C’est ce qui m’a amené à passer des heures sur le terrain et à toujours y croire. Cela peut paraître une leçon de vie un peu clichée, mais cela montre que ce n’est pas parce que tout ne va pas bien que l’avenir ne sera pas rose. »
Une conviction à laquelle il s’accroche encore aujourd’hui, assurent ses proches. « Nous espérons que cela lui permettra de revenir. »
Interrogé sur la place qu’avait la Coupe du monde dans son esprit, Antoine Dupont l’affirmait fin août : « Ça donne un supplément de motivation quand, parfois, on n’a pas envie. Vous le regardez et cela vous donne un coup de pouce. » Reste à savoir jusqu’où cela peut le mener.
(1) Le spectacle doit continuer