
L’église Saint-Loup est pleine à craquer en ce lundi wallo dont personne ne s’étonne plus. La messe en wallon le lundi matin est l’endroit où il faut être pour tous ceux qui gèrent la ville et la Wallonie, si l’on peut se permettre d’inclure quelques mots tirés de la langue de Shakespeare pour résumer ce moment de ferveur et de joie 100% wallonne.
L’auteur de pretchemintBernard Van Vynckt, curé de la Messe en wallon et doyen de la Marche, profite de cette tribune traditionnellement très écoutée et plébiscitée, comme Paul Malherbe avant lui, pour harceler les décideurs politiques et balancer avec humour certaines actualités qui semblent il se tourne de truvies, incongru ou absurde.
« Lorsqu’on m’a proposé de succéder à Paul Malherbe, on m’a dit : soyez libre et suivez le même ton. C’est ce que j’essaie de faire », se souvient-il, dès qu’il quitte la chorale en s’essuyant le front. Car, en ce lundi matin, les marbres de Saint-Loup, vaisseau de l’architecture baroque, ruissellent de la lumière d’une fin d’été rêvée.
Qu’est-ce qui ne va pas neuf en pays wallon ? C’est surtout au Parlement que le prédicateur trouvait de quoi rire gentiment, avec des plaisanteries. Il faut dire que la Wallonie politique est assez douée pour donner à l’opinion publique un outil à battre.
« Ah, le parlement wallon ! A ! Il a parlé! Sous-entendu, quel gâchis. Quelle farce ! Quelle foire ! Et quelles histoires surréalistes de dérapages budgétaires il n’alimente pas. Malheureusement, avec l’argent de tous les Wallons. Sans abuser de l’anglais, c’est “Open bar”.
« On m’a dit que le greffier – (ce super fonctionnaire interminablement suspendu faisant craindre à l’un de ses subordonnés qu’il puisse finir à la morgue, rien de moins) – avait mis un avis sur la porte d’entrée pour avertir les visiteurs : « Même si vous êtes pressé, lorsque vous serez assis, il faudra vous retenir de laisser échapper un ‘pet’ trop fort, de peur de faire un trou dans le revêtement des fauteuils ! Au prix qu’ils coûtent ! Il semble qu’il n’y ait pas de « Il n’y a plus d’argent pour les remplacer ! » Référence très explicite à des meubles de luxe achetés pour 2,35 millions dans le cadre d’un marché public entaché, par ailleurs, de soupçons de favoritisme en faveur d’une entreprise namuroise. Il y a le bouquet, et il n’y est pas neuf biais.
---Pisser la Meuse
En wallon dans le texte, cela a encore plus de saveur. C’est le boke do prétchemint ce qui fait s’écrouler de rire l’assemblée. « Même si tu es encore au-delà de ça, il faudra manger un trop gros sachet quand tu seras prêt, on perdra à peine la garniture ! Au prix que nous paierons. « Les chaises, vos hôtes ! J’ai l’impression d’avoir du cœur pour le candjî !
Les charmes discrets de nos intestins vous feront certainement toujours rire.
Il existe encore une catégorie de Djins que la langue wallonne aime ridiculiser, en lisant le nombre d’expressions réservées à ce défaut humain répandu, et aggravé par les réseaux sociaux : ce sont eux les fanfarons. Bons clients. “Ils se prennent pour le roi de Prusse» ou, variante gazeuse : “Ils veulent péter plus haut que leur cul et ils se font un trou dans le dos.» Encore un autre, dans une veine plus agricole : «Ils pensent qu’ils sont le roi de des veaux et ils ne sont même pas ceux des porcs. Et ne crois pas que je dis ça parce que je viens de Meux (La bruyère) », s’amuse Bernard Van Vynckt. Enfin, il cite un exploit plus grand que le champion de toutes les catégories de frimeurs et de frimeurs serait fier de réaliser : “Pisser la Meuse« .
La Wallonie regorge de joyaux de ce genre, que les Français ne peuvent égaler. C’est là sa force et sa beauté, et une bonne raison de le perpétuer et de l’apprendre dans les écoles. « C’est son côté ennuyeux. Je le dis, mais je ne dis rien. En français, nous ne pourrions pas le faire.
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