4 pépites qui prouvent que Cannes 2023 aime aussi le genre – Actus Ciné – .

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Des humains qui se transforment en animaux, un homme poursuivi par le reste du monde, du fantasme pour les femmes… Retour sur quelques films de genre qui nous ont marqués au Festival de Cannes 2023.

Au Festival de Cannes, le drame est roi. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir à quel point elle est bien représentée au Concours. Ou la manière dont les rares comédies sont reçues et voient leur présence sur la Croisette remise en cause pour avoir eu l’audace de vouloir égayer les spectateurs alors qu’elles nous apportent, cette année encore, de bonnes bouffées d’air de belles bouffées de rires (oui, c’est de vous qu’on parle du Livre des Solutions).

Et le cinéma de genre alors ? Longtemps consacrée à la seule Midnight Session, elle met de plus en plus le pied dans les différentes sections, où elle s’invite régulièrement, suscitant un véritable engouement. Les destins de L’Armée des morts, Grave et Dernier train pour Busan, par exemple, ont commencé à Cannes, Titane a remporté la Palme d’or, et quatre pépites nous ont charmés cette année.

Le règne animal (Un Certain Regard)

De l’homme à la bête, ce n’est parfois qu’une question de mutation. C’est le sujet du film de Thomas Cailley, The Animal Kingdom. Neuf ans après Les Combattants, le réalisateur cosigne – avec la scénariste Pauline Munier – cette œuvre à la croisée du drame et de la science-fiction dans laquelle un étrange virus transforme des êtres humains en animaux.

L’idée est étrange, ambitieuse et elle livre à l’écran. Ce long métrage suit l’histoire d’un père (Romain Duris) qui, accompagné de son fils (Paul Kircher), part à la recherche de sa femme disparue. Thomas Cailley développe un véritable show de cinéma, s’attardant autant sur les liens intimes qui unissent les deux héros que sur la splendeur des montres.

Le règne animal est un très grand film fantastique français qui, lors de sa sortie – attendue pour le 4 octobre -, devrait en surprendre plus d’un. Le travail sur les effets spéciaux, plus pratiques que numériques, est impressionnant. Sans aucun doute, l’une des plus belles surprises de ce 76e Festival.


Capricci Films

Vincent doit mourir (Semaine de la critique)

C’est un film complètement fou qui fait beaucoup de bien. Vincent Must Die met en scène Karim Leklou – impeccable – dans la peau du malheureusement nommé Vincent, qui devient, du jour au lendemain, la cible privilégiée du reste de la population. Ce M. Everyman est attaqué par des gens sans raison apparente qui tentent de le tuer. Il essaie de continuer une vie normale mais lorsque le phénomène s’amplifie, il doit fuir et changer complètement de mode de vie…

Et dès le générique très stylisé, on sait qu’on va voir un film singulier et innovant. Premier long métrage de Stéphan Castang, issu du monde théâtral, emmène sa troupe – qui comprend aussi Vimala Pons, François Chattot et Karoline Rose Sun – dans une aventure rythmée sublimée par une bande son explosive qui sort des sentiers battus.

Film bourré de références mais qui évite les excès et qui se laisse guider par sa sincérité et sa folie, Vincent doit mourir navigue entre survie paranoïaque, comédie romantique, thriller psychologique et fable humaniste pour interroger notre rapport à la banalité de la violence. Une pépite à voir et à savourer sur grand écran.

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Distribution d’OVNI

Christa Théret dans Conann

Conann (Quinzaine des cinéastes)

Chez Bertrand Mandico, le genre se décline au pluriel. Car c’est à la fois cinématographique et sexuel pour celui qui est allé au bout en 2018 avec Les Garçons sauvages, une métaphore de la transidentité qui alterne couleurs et sublime noir & blanc. Comme Conann, son nouvel opus présenté à la Quinzaine des Cinéastes.

Le réalisateur s’empare des romans fantastiques de Robert E. Howard, déjà adaptés au cinéma avec Arnold Schwarzenegger dans le rôle principal. Un héros qu’il transforme ici en femme, incarné par six actrices différentes selon les moments de sa vie qu’il met en scène et qui raconte le chien de l’enfer Rainer, réincarnation canine du cinéaste allemand Rainer Werner Fassbinder.

Épopée queer qui assume l’artificialité de ses décors et rappelle le goût de Bertrand Mandico pour les fluides, l’amour et la mort (qui vont toujours aussi bien ensemble, même avec moins de nudité qu’autrefois), Conann sera peut-être son opus le plus maîtrisé. Moins porté sur la métaphore que sur les références cinématographiques et les messages politiques, dans une histoire où il s’agit de tuer une jeunesse ou un personnage appelé Europe, tout autant que de pointer du doigt la barbarie de notre société.

Un véritable OVNI présenté devant des spectateurs attachés à la cause du réalisateur et dont les yeux ont souvent brillé comme les paillettes qui traversent régulièrement l’écran.

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Les Jokers

Sommeil (Semaine de la Critique)

“Le premier film le plus unique et le plus intelligent que j’ai vu au cours des dix dernières années.” Ces mots ne viennent pas de l’auteur de ces lignes mais de Bong Joon-ho. Pas un homonyme mais le réalisateur palmé et oscarisé grâce à Parasite, et qui aide maintenant l’un de ses poulains à entrer dans le grand bain. Car Jason Yu, réalisateur de Sleep, n’est autre que son ancien assistant.

Qui signe donc son premier long métrage avec cette histoire d’un jeune couple dont la vie bascule lorsque le mari devient somnambule et se transforme en quelqu’un d’autre à la tombée de la nuit. Craignant pour leur nouveau-né, sa femme ne peut plus dormir. Découvrir un tel film dans un Festival où les nuits sont courtes ne manque pas de sel, mais il sait nous tenir éveillés avec de gros renforts de tension (et un petit sursaut aussi).

Si l’on peut apercevoir un peu d’humour dans les premières minutes, lorsque le somnambulisme donne lieu à des situations agréablement cocasses, le Sommeil reste sérieux la plupart du temps. Et une scène choc montre qu’on peut s’attendre à tout, dans un second volet plus efficace que le premier, où l’on a du mal à voir la direction que prend l’histoire.

Il faut être patient au début, mais ensuite le rythme s’accélère, avec quelques plans particulièrement réussis, alors que le scénario et cette histoire de somnambulisme peuvent être interprétés de plusieurs manières selon les sensibilités de chacun. Jason Yu n’est peut-être pas encore le nouveau Bong Joon-ho, mais la promesse est là. Et l’une des séances cannoises de Sleep a évidemment été particulièrement mémorable.

Le long métrage n’a pas encore de date de sortie en France.

 
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