L’échéance du 1er août, date de la prochaine révision des taux du Livret A, du LDDS et du LEP, est très attendue par les épargnants, qui espèrent une nouvelle hausse dans un contexte de forte inflation. Cependant, ils risquent d’être déçus. Explications.
Dans un peu plus de deux mois, nous aurons la réponse : les tarifs des livrets d’épargne réglementés (Livret A, LDDS, LEP, CEL) feront-ils un nouveau bond le 1er août, l’une des deux échéances annuelles de révision ?
C’est à la mi-juillet, en effet, que le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, tranchera, comme la règle l’exige. Deux scénarios s’offrent à lui. Soit il part les tarifs se mettent à jour automatiquement, en fonction de l’évolution de l’inflation et des taux interbancaires courts, comme l’exige la réglementation ; soit il décide invoquer des “circonstances exceptionnelles” déroger à cette règle.
Selon son choix, le résultat sera très différent pour l’épargnant. Dans le premier cas, le taux du livret A, actuellement fixé à 3 %, fera bond spectaculaire à bien plus de 4 %. 4,30%, annonce Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, dans une note récente : “L’inflation hors tabac était de 6,11% en janvier, 6,39% en février, 5,67% en mars, et 5,83% en avril . Une projection plausible serait de l’estimer à 5,8 % en mai et 5,5 % en juin. La moyenne semestrielle de l’inflation hors tabac serait ainsi de 5,88 % », explique l’économiste. « (…) La moyenne semestrielle du taux de l’€STR de janvier à juin s’établirait à 2,66 %. Avec ces projections des moyennes semestrielles du taux €STR et de l’inflation hors tabac, l’application stricte de la formule impliquerait un taux du Livret A de 4,3 %. »
Un petit coup de pouce pour le Livret A et le LDDS
Mauvaise nouvelle : ce scénario, très favorable aux épargnants, est malheureusement peu probable. De toutes parts, des voix s’élèvent pour réclamer maintien du taux du Livret A à 3 %. C’est la volonté, exprimée publiquement, du secteur bancaire, qui distribue les produits d’épargne réglementée et en supporte partiellement la rémunération ; la Caisse des Dépôts, qui utilise cette ressource notamment pour financer les organismes HLM ; et même, au sommet de l’Etat, Olivier Klein, le ministre délégué chargé de la Ville et du Logement.
Livret A : « Pourquoi n’est-il pas possible d’augmenter le tarif au 1er août ? »
Ces appels ont toutes les chances d’être entendus. C’est donc le deuxième scénario, celui de la dérogation, qui devrait se produire. “Il est fort probable que le gouverneur ouvre cette possibilité”, confirme Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne et excellent connaisseur du sujet. “Il ne devrait donc pas y avoir une application stricte de la formule.”
Cela ne veut pas dire que le taux du Livret A et, avec lui, ceux du LDDS et du CEL, n’augmenteront pas. Début mai, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a ouvert la porte à un coup de main. “Ma première responsabilité est de protéger l’épargne des Français, surtout en cette période de crise, c’est extrêmement important”, a-t-il déclaré. « Si jamais la conclusion de la formule et du gouverneur de la Banque de France est que comme l’inflation est très élevée, il faut continuer à augmenter la rémunération du Livret A, [alors] Je vais suivre la recommandation du gouverneur “.
---“Le taux va monter, il serait difficile de ne pas le faire”, estime Cyril Blesson, économiste et associé de Pair Conseil, qui publie le Cahiers d’épargne. « Mais ce sera dans des proportions moindres, peut-être à 3,75 %, l’idée étant de ne pas créer un écart trop important avec les taux monétaires à 3 mois. ” Une façon de couper la poire en deuxentre les 3% actuels et les 4,3% promis par la formule de calcul.
Ce scénario seraitaméliorer légèrement le rendement réel du Livret A, corrigé de l’inflation, désormais largement négative. Ce n’est pas nouveau. C’est même le cas, sans interruption, depuis mai 2021. Mais l’écart se creuse. Il y a longtemps que l’écart entre le taux du Livret A et l’inflation n’a pas été aussi élevé : aujourd’hui plus de 3 points.

Le taux de LEP devrait baisser
Deuxième mauvaise nouvelle. Un autre livret réglementé devrait voir son taux baisser : le livret d’épargne populaire (LEP). Le produit réservé aux ménages les plus modestes est en effet conçu pour s’aligner sur l’inflation moyenne du semestre précédent. C’est ce qui s’est passé, notamment, le 1er février, lorsque son taux est passé de 4,60% à 6,10% pour s’aligner sur l’inflation du second semestre 2022. Cependant, la hausse des prix, toujours très forte, devrait l’être un peu moins. au premier semestre 2023 : environ 5,90 %. Le taux LEP doit s’aligner sur cette marque et subir une petite baisse de 20 points de base.