Les pompiers se préparent aux incendies de forêt – .

Oriane Roger

S Au cours de cette manœuvre, les pompiers sont appelés pour un feu de forêt qui s’est installé dans un champ et qui se propage dans la forêt. Deux engins sont enclenchés dans un premier temps, ils vont déjà effectuer les premières actions pour limiter au maximum la propagation du feu et demander des renforts s’ils en ont besoin », commente le capitaine Fabrice Dollon, chef du centre de secours de Troyes-Vouldy, mercredi 24 mai. Il a coordonné, du 22 au 26 mai, une formation sur les feux de végétation (champ et forêt), dans le secteur des Riceys. 36 sapeurs-pompiers, dont une dizaine de professionnels, venus de tout le département, y ont participé.

Acquérir de nouveaux équipements à la fine pointe de la technologie

Cinq jours pour mettre en œuvre les protocoles d’intervention lors de divers exercices afin d’apprendre à implanter les canalisations en milieu forestier, d’assurer sa sécurité et celle du reste de son équipe, ou de comprendre la typologie de la forêt. Il s’agit aussi de travailler sur la défense des points sensibles comme les habitations ou les relais téléphoniques et de savoir positionner les machines selon des scénarios fictifs.

Enfin, l’occasion de tester de nouveaux équipements comme les quatre lances modèle Gélucal récemment acquises par le service départemental d’incendie et de secours. « Cette lance est très facile à démonter, elle est aimantée, on peut l’accrocher sur le toit du véhicule. Vous n’avez plus besoin de descendre constamment du camion. On balaye de gauche à droite pour éteindre un feu de campagne à l’aide d’un joystick », explique le capitaine. Il a deux avantages : permettre aux pompiers de travailler en toute sécurité et d’agir très rapidement sur le feu.

Pour les sinistres en forêt notamment, “la stratégie française est basée sur l’attaque du feu naissant et consiste à envoyer très rapidement beaucoup de moyens”, se souvient le lieutenant-colonel Fabien Soubiran, qui a organisé cette session de formation. C’est pourquoi, pour l’exercice de mercredi après-midi, quatre CCF (camion pompiers forestiers), d’une capacité de 4 000 litres d’eau ont été mobilisés. « Dans les espaces naturels, la difficulté est qu’on n’a pas accès aux points d’eau comme en ville ». Même si les flammes peuvent se propager à très grande vitesse. « Avec quatre véhicules, nous sommes plus forts, nous couvrons plus de terrain. On a une meilleure action sur le feu quand on a les quatre à la fois »poursuit l’organisateur.

Des tablettes pour suivre fictivement l’évolution du feu à l’exercice

Le lieutenant Philippe Pinard, chef du groupe d’intervention en feux de forêt, lors de l’exercice, confirme la complexité de l’intervention dans ces secteurs naturels. “Ici, aux Riceys, il y a tous les types de bois, notamment les pins, il y a aussi des arbres malades et morts qui peuvent tomber et cela rend difficile la progression du personnel”. La forêt de l’Aube est donc un bon terrain d’entraînement pour comprendre comment progresser en toute sécurité dans un espace boisé très dense… avec un serpette. A partir d’une tablette qui simule des images de l’incendie sur place, les pompiers suivent sa progression ou sa réduction. Le lieutenant donne les directives, comme lors d’une “action réelle”.

Mais au-delà de l’aspect technique, ces cinq jours de formation avaient pour but de favoriser la cohésion du groupe. “ L’idée avec ce stage d’immersion était de mettre les pompiers dans des conditions quasi réelles, à l’image de ce qu’on a vu lors des grands incendies dans le sud de la France. On est sur le terrain 24h/24, on est tout le temps avec le groupe, on intervient, on mange, on dort ensemble », rappelle le colonel Laurent Marty, le patron des sapeurs-pompiers de l’Aube. Et si le métier de sapeur-pompier rime avec travail d’équipe, c’est, selon lui, “encore plus vrai sur les feux de forêt”. Sur ces interventions, en effet, les moyens engagés, tant humains que matériels, sont “hors de proportion”.