France Bleu Occitanie : Votre ministère a reçu des opposants, dont une entrepreneuse tarnaise, Myriam Joly, qui était avec nous ce matin sur France Bleu Occitanie. Elle est sortie de cette rencontre plutôt confiante et ce dont elle se souvient c’est que malgré le démarrage des travaux, la possibilité de réévaluer le projet est toujours là. C’est en juin. Honnêtement, on a encore l’impression d’une ligne de crête dans votre communication… Les « pros » disent « le travail doit aller jusqu’au bout car la décision est prise ». Les « antis » disent : « il faut réévaluer ». Quel est votre sentiment ? Y aura-t-il ou non une autoroute entre Toulouse et Castres ?
“L’A69 dans ces dix projets, je vais être très clair, c’est le plus avancé”
Clément Beaune : Vous avez raison, je veux entendre tout le monde. Il y a eu pour la première fois, je crois, une réunion dans mon ministère hier, avec des associations, des associations qui sont contre. J’ai aussi beaucoup échangé parce qu’il faut entendre tous les points de vue avec des élus qui m’interpellaient quand je disais que certains projets autoroutiers devaient être revus. Le président de la région Occitanie et du département du Tarn et d’autres qui sont, il faut le dire aussi, très majoritairement, très, très majoritairement pour ce projet.
J’ai lancé une revue des projets autoroutiers. Nous n’avions, je crois, jamais fait cela. Il y a une dizaine de projets autoroutiers qui sont en cours en France, c’est-à-dire qui n’ont pas vraiment démarré, qui n’existent pas encore, mais qui ont fait l’objet de démarches, de discussions, parfois de financements.
L’A69 dans ces dix projets, je vais être très clair, c’est le plus avancé. Et les travaux ? Ça a commencé un peu et il y a eu toute une série de débats judiciaires, politiques, il y a eu des recours, etc. Et tout cela a été clarifié, si je puis dire, y compris par des décisions de justice, je crois. Il y a une dernière procédure qui est en cours. Bien sûr, je laisserai le juge décider. Mon sentiment est que ce projet, il va avancer, mais que vous pouvez aussi faire un certain nombre d’ajustements, d’améliorations, d’adaptations. Et donc, moi, je rencontrerai aussi début juin, dans le cadre de cet examen et plus précisément sur l’A69, l’entreprise qui avait été sélectionnée il y a de nombreux mois, pour demander des améliorations sur le plan environnemental, ces aménagements environnementaux. Mais cela ne remet nullement en cause la construction. Et nous verrons tout au long de l’examen. Mais je vais le dire, c’est le projet le plus avancé. Il y a des droits et donc je suis ministre des Transports depuis moins d’un an. Mais il y a eu des étapes préalables, il y a eu des discussions, il y a eu des décisions, il y a eu des contrats qui ont été conclus.
France Bleu Occitanie : Vous dites, « nous verrons ». Et c’est ce genre de petite phrase qui laisse place à l’interprétation
Clément Beaune : Mais parce que vous savez comment il y a cette revue, je ne vais pas préjuger avant la fin de la revue. Comme je l’ai dit, ce projet est le plus avancé et donc ma conviction est qu’il devra avancerc’est qu’il faudra que ce soit fait pour être très clair. Mais je pense que cela peut se faire dans les meilleures conditions. Et donc j’ai d’autres projets. Je suis aussi très clair, mais on verra la liste car il y a encore cette discussion.
---Il y a des projets qu’on va suspendre, que nous allons abandonner. Il y en a quelques-uns que nous allons continuer. L’A69 est le plus mature, le plus avancé. Je pense donc que la règle de droit est qu’il continue **. Mais nous n’avons plus les mêmes conditions qu’il y a quelques années**. Le Premier ministre a encore déclaré : « Il faut accélérer la transition écologique ». Il y a une urgence climatique qui est encore beaucoup plus perceptible et les projets doivent être améliorés. Ce que je dis dans cette revue, c’est que ce ne sera ni noir ni blanc. Il y a des projets que nous ne ferons pas, il y a des projets que nous ferons. Et puis des projets que nous ferons différemment, que nous améliorerons avec une réduction de l’impact environnemental.
France Bleu Occitanie : Le précédent est Notre-Dame-des-Landes, l’une des premières décisions importantes du premier quinquennat de Macron. Parfois, de grands projets sont abandonnés et c’est l’espoir des associations tant la voie est dégagée entre Tarn et Haute-Garonne, est-ce un espoir crédible ?
Clément Beaune : Mais tu as raison de le souligner. On nous reproche parfois de ne pas avoir pris de décisions difficiles et courageuses. Abandonner le projet de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes était une clarification et c’était une décision qui était nécessaire d’un point de vue environnemental et qui était courageuse, qui n’était pas facile car il y avait aussi des gens qui étaient pour. Donc le A69 n’est pas du tout le même boitier. Il faut être clair, on parle aujourd’hui de quelques dizaines d’hectares (380 hectares, ndlr),
où nous avions un projet d’aéroport beaucoup plus impactant, avec beaucoup plus d’impact sur l’environnement et sur le territoire. Alors là, je vous dis, ce projet, je pense qu’il faut qu’il avance et je pense qu’il faut le faire aussi.. Et je pense qu’il faut le faire autrement, dans de meilleures conditions et une réduction de son impact environnemental. Car c’est aussi ce que demandent beaucoup d’associations.