Artiste exigeant, figure de la chanson française, Jean-Louis Murat s’est éteint hier à l’âge de 71 ans, dans ce pays d’Auvergne dont il était resté l’enfant. Son travail, singulièrement poétique et original, sa parole, profondément libre, comme sa présence sur scène lui avaient permis de s’affirmer comme un artiste complet.
Celui qui est né Jean-Louis Bergheaud en 1952 avait fait d’un village de sa région natale, Murat-le-Quaire, un nom de scène, autant que l’empreinte d’un timbre inimitable, le sien, dont la gravité et la sensualité étaient reconnaissables entre un millier. Issu d’un milieu modeste, il est initié à la musique dès l’enfance par son père, menuisier-menuisier et membre régulier de l’Harmonie locale, où il fait preuve d’un certain talent qui l’incite à s’inscrire au Conservatoire. Lui, dont l’apprentissage de la musique a rythmé l’adolescence, a aussi été le premier de sa famille à obtenir son bac, puis à s’inscrire à l’université.
« La chanson française est une poésie mise en musique. C’est ainsi que Jean-Louis Murat a défini la passion de sa vie. Entièrement dévoué à son art, il quitte rapidement l’école pour se consacrer à ses premières créations. Après une première expérience ratée avec son premier groupe “Clara”, il parvient, repéré par William Scheller, à enregistrer un premier 45 tours en solo en 1981. le souligne d’un œil critique.
Six ans plus tard, c’est avec la chanson « Si tu me manquais » qu’il obtient sa première gloire à 35 ans, avant la sortie de l’album « Cheyenne Autumn », reprenant un hit, « L’Ange Fallen ». , ce qui lui vaut, en 1989, les faveurs du public. “Regrets”, interprété en duo avec Mylène Farmer en 1991, est également un véritable succès populaire. Le poète-chanteur atteint ainsi une solide réputation nationale, entretenue par une création prolifique. Ses chansons « Sentiment Nouveau » ou « Fort Alamo » comptent parmi ses plus grands succès, comme « Col de la Croix-Morand », où, passionné de cyclisme, il rend un vibrant hommage à la discipline. Mais chacun de ses titres était indissociable d’une cohérence d’ensemble, portée par des albums aux exigences remarquables et aux couleurs inspirées de sa campagne auvergnate.
---Il a ainsi sorti, en près de trois décennies de carrière, plus de 24 disques, qui l’ont amené de la mélancolique “Dolores”, en 1996, à “Mustango”, aux accents rock, quelques années plus tard, puis aux expérimentations électroniques, avec ” Works on the N89 », en 2017. Dans son dernier opus, « La vraie vie de Buck John », paru en 2021, porté par des intonations blues, il revient sur des thèmes majeurs de son œuvre : l’introspection amoureuse, le voyage, la transmission.
Tout au long de sa riche carrière, Jean-Louis Murat a mis ses talents au service de ses pairs, comme Françoise Hardy, Isabelle Boulay ou Indochine, pour qui il a écrit et composé. On l’a aussi vu au cinéma, dans les années 1990, où il apparaît dans des longs métrages de Jacques Doillon et Claire Denis.
Le président de la République et son épouse rendent hommage au parcours d’un chanteur qui a apporté un vent de liberté à la création française, et a su sublimer ses sentiments par des mots et des notes qui nous sont entrés dans le cœur. Ils adressent leurs plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à tous ceux qu’il a émus et inspirés.