la mort d’une grande dame du vin et du Béarn – .

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Le vin du Domaine de Souch a remporté de nombreuses récompenses.

Archives Nicolas Sabathier


Avec le réalisateur américain de « Mondovino », Jonathan Nossiter, au Festival de Cannes en 2004.

RD


En 2014 avec l’écrivain Jean-Pierre Alaux, co-auteur de la série policière « Le sang des vignes ».

Archives Jean-Philippe Gionnet

En 2011, le maire de Paris Bertrand Delanoë est venu rendre visite à Yvonne Hégoburu.


En 2011, le maire de Paris Bertrand Delanoë est venu rendre visite à Yvonne Hégoburu.

Archives Jean-Philippe Gionnet

« Un personnage exceptionnel ». Ce sont les mots qu’utilisent les proches d’Yvonne Hégoburu, et en premier lieu son fils Jean-René, pour la décrire. Celle qui portait très haut les couleurs de la viticulture dans le Jurançonnais est décédée ce jeudi, dans son sommeil, à l’âge de 96 ans.

Née à Lahourcade dans une famille d’agriculteurs, Yvonne a eu deux grands amours dans sa vie : son mari René Hégorubu, grande plume et longtemps rédacteur en chef de la République des Pyrénées, et la vigne. La première a largement précédé la seconde, puisque c’est sur les bancs du collège qu’elle a rencontré l’homme de sa vie qu’elle accompagnera jusqu’au bout dans leur maison du domaine Souch.

Un défi colossal

Après la mort de celui que tout le monde en Béarn appelait « Hégo » le 5 juillet 1985, elle décide, afin de cultiver son amour et sa mémoire, de planter 5 hectares de cépages Jurançon sur les terrasses ensoleillées du Souch.

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Un projet fou mené par Yvonne à 60 ans et incroyablement touchant à la fois, alors qu’elle administrait en même temps, dans un monde encore très masculin, les 20 hectares du Château de Viaud, un Lalande de Pomerol. « Quand je parle de la vigne et du vin, je parle de la joie et de René parce qu’il était la vie même », confiait-elle en 2005 à notre collègue Renée Mourgues.

Mais le défi était immense, et les étapes colossales et périlleuses, à commencer par l’aménagement des terrasses et la déforestation. Elle est aidée dans ce travail titanesque par son fils Jean-René, avocat à Paris, et Abel Pires, son confident et maître de chai.

Après un lourd investissement personnel et financier, une première récolte un peu décevante en 1989, vient le millésime 1990 qui remporte deux ans plus tard la médaille d’or au concours général du Salon de l’Agriculture de Paris. La première d’une grande série de récompenses pour le vin du Domaine de Souch, converti en bio en 1994, qui a fini par égayer les tables de nombreuses personnalités en France et à l’étranger.

Une personnalité hors du commun

Il faut dire qu’avec Yvonne Hégoburu, le Domaine de Souch avait une ambassadrice de choix à la personnalité hors du commun, irrésistiblement attachante et séductrice, curieuse, intelligente, et une délicieuse hôtesse à l’humour caustique, surnommée par ses amis qu’elle adorait gâter. “la reine de l’omelette au piment”.

En 2004, Yvonne Hégoburu connaît une autre forme de consécration cinématographique, avec la projection au Festival de Cannes de « Mondovino », film documentaire du cinéaste américain Jonathan Nossiter, dans lequel elle donne un visage lumineux à ces gens de la terre. et la vigne. Avec force et douceur, sa marque de fabrique.

Pyrénées presse adresse ses plus sincères condoléances à la famille et aux proches d’Yvonne Hégoburu. Une messe sera célébrée le mercredi 22 mars à 10h en l’église de Lahourcade. En attendant, ceux qui le souhaitent peuvent lui rendre un dernier hommage au salon funéraire Pardies.

« Une femme profondément attachante éprise d’absolu »

Journaliste à Pyrénées Presse, Renée Mourgues rencontre Yvonne Hégoburu dans les années 1980. Le début d’échanges professionnels qui ont abouti à une relation forte. Le témoignage de notre collègue.
« Personnage rare au caractère pugnace, Yvonne Hégoburu porte en elle l’image d’un être hors du commun, une femme profondément attachante éprise d’absolu qui a su s’accomplir en cassant les clichés d’une époque encore plus ou moins encline à conjuguer le monde du vin au masculin. Entrée à part entière dans l’aventure de la production de Jurançon à la veille de son soixantième printemps, la veuve de René Hégoburu, feu rédacteur en chef de La République des Pyrénées, a trouvé dans le travail de la vigne mille raisons de se battre Et l’espoir. Outre la possibilité ainsi offerte de conserver Le Domaine de Souch, cette magnifique propriété aux pentes douces où le couple vivait heureux, elle y détenait les moyens de créer quelque chose de symbolique alliant à la fois la quête des racines, un besoin de pérennité et l’hommage de la femme à l’être cher parti trop tôt.
C’est dans ces circonstances, et une fois surmontées toutes les embûches inhérentes à un défi que certains auraient pu qualifier de fou, que j’ai eu la chance de rencontrer Yvonne dans les années 1980. Je ne savais pas alors que l’échange professionnel tracerait le long et paisible sillon d’une affection partagée, pleine de respect, de confiance, de fidélité et de convergence de vues sur une société en mutation.
Lumineuse, courageuse, pétrie de joie de vivre et d’humour parfois caustique, Yvonne a progressé sans jamais laisser le champ libre aux pleurnicheries ou aux caprices, encore moins au pessimisme. Ses nombreux succès remportés sur l’autel de la viticulture (médailles d’or au Salon de l’Agriculture de Paris et ailleurs) et consacrés dans « Mondovino », documentaire emblématique du cinéaste américain Jonathan Nossiter, n’ont jamais entamé la simplicité de la Dame du Souch, sa chaleur et relation ludique avec les autres et cet amour inébranlable du Béarn auquel j’ai souscrit. Elle reste pour moi un modèle d’éthique, un exemple d’école et la preuve même qu’une femme peut voir ses talents et ses mérites s’accomplir bien au-delà de la guerre des sexes, dans la bienveillante complémentarité des intelligences et des passions. .

 
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