La sécheresse, la hausse des prix des combustibles fossiles et le réchauffement climatique jouent un rôle majeur dans la situation actuelle d’inflation. Ces dernières années, les termes «climateflation» et «fossilflation» ont émergé pour souligner les effets du changement climatique sur la situation économique mondiale. Paul Schreiber, responsable de la campagne de régulation des acteurs financiers chez Reclaim Finance, s’explique.
Vous avez rédigé un rapport en septembre 2022 dans lequel vous parlez beaucoup de « climateflation » et de « fossilflation », qu’est-ce que cela veut dire ?
Il s’inspire d’un discours d’Isabel Schnabel, une économiste allemande membre de la BCE, qui avait tracé selon elle les trois principaux types d’inflation liés au changement climatique. La première, la “climateflation”, est l’inflation directement liée aux conséquences physiques du changement climatique, la seconde la “fossilflation”, l’inflation directement liée à notre dépendance et consommation liée aux énergies fossiles et la troisième, la “greenflation”, l’inflation liée à la transition aux énergies vertes et à une société plus verte.
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Sommes-nous actuellement confrontés à ce type d’inflation ?
Notre conclusion est qu’aujourd’hui nous sommes principalement confrontés à deux types d’inflation avérée : la climateflation et la fossilflation. La première s’est manifestée à plusieurs époques, notamment dans l’agriculture. Quand nous avons une sécheresse à un endroit, nous avons des pertes de récoltes et si cet endroit concentre un type de production agricole, nous aurons une hausse du prix de cette denrée. Nous sommes totalement dedans et nous l’avons vu plusieurs fois au cours des vingt dernières années.
---Ce terme de « climateflation » existe depuis combien de temps et de quand remontent les premières observations de ce mécanisme ?
Le terme doit être assez récent puisque la première fois que je l’ai vu écrit, c’était en 2022, mais le concept lui-même n’est pas très récent et fait même l’objet de discussions dans les cercles des banques centrales depuis des années. Bref, puisqu’ils ont admis qu’il fallait faire face au changement climatique, disons donc vers 2018.
Le phénomène était là, mais pas forcément explicitement. Quant aux premières observations, elles sont difficiles à estimer, mais les travaux du GIEC ont clairement montré les effets du changement climatique depuis des années, et ce que l’on peut dire c’est qu’ils augmentent énormément, il est donc plus facile de faire le lien aujourd’hui .
Faites-vous une distinction avec la « fossilflation », directement liée aux énergies fossiles ?
Cette inflation, on l’a bien vue en 2021, 2022, avec une inflation constituée pour plus de la moitié de l’inflation énergétique, et exclusivement sur les énergies fossiles. Un élément important est que cette inflation a aussi un rôle à jouer dans l’inflation des produits alimentaires.
L’inflation liée aux énergies fossiles est une inflation qui se transmet directement et indirectement, notamment dans l’agriculture. Aujourd’hui, l’inflation commence à se réduire aux niveaux énergétiques purs, mais l’inflation alimentaire est encore très élevée.