Mais que se passe-t-il sous cette serviette ? A Melbourne, comme à Flushing Meadows, Wimbledon ou partout ailleurs, Ben Shelton a l’habitude de se cacher sous sa serviette à presque chaque changement de camp. A quoi pense-t-il ? Depuis un an et demi, le gamin de Gainesville s’est un peu rangé dans le rang. Après sa demi-finale pleine de promesses lors de l’édition 2023 de l’US Open, il dégringole au classement ATP. Rien de dramatique, puisqu’il a continué à se maintenir dans le top 25, mais disons que Shelton est passé de la 17ème à la 23ème place sans percée majeure en 2024. En témoigne sa carrière sans histoire en Grand Chelem où il n’a atteint que la deuxième semaine avant d’être nettement corrigé par Jannik Sinner (6-2, 6-4, 7-6).
Un parcours qui rappelle que Shelton doit apporter de la variété. Il ne suffit pas d’envoyer des missiles au service pour faire émerger les meilleurs joueurs du monde. Dans les années 1990, l’âge d’or des bombardiers, un gros enjeu pouvait ouvrir des perspectives infinies même en Grand Chelem. Aujourd’hui, la plupart des joueurs du top 100 sont capables d’atteindre les 200 km/h au service et ce sont ceux qui savent le mieux renvoyer la remise en jeu adverse qui dictent leur loi. A l’image de Novak Djokovic, maître incontesté de la discipline.
Shelton remporte le bras de fer contre Musetti avant de rencontrer Monfils
Crédit vidéo : Eurosport
J’envoie des services à 240 km/h mais ils me les renvoient
L’Américain musclé s’en est rendu compte : «Beaucoup de gars sur le circuit sont plutôt surhumains. J’envoie des services à 240 km/h mais ils me les renvoient. Ils frappent avec beaucoup de qualité et ça me revient dans les pieds. Bien souvent, la rapidité (du service) n’est pas la solution», confiait-il en fin d’année à un pool de journalistes américains dont ceux du New York Times et de Tennis.com.
Début 2024, c’est le coriace Adrian Mannarino qui a pris le dessus sur ses blocages à Melbourne dans un numéro qui a rendu Shelton fou. A New York, c’est Frances Tiafoe qui a fait dérailler en cinq sets : «Aujourd’hui, c’était la meilleure performance de retour de service que j’ai jamais vue », a commenté Shelton après son élimination. Ce fut un combat épique, pas seulement un match de 3e tour.» Des échecs, entre autres, qui l’ont poussé à creuser à nouveau sous sa serviette pour trouver des solutions.
“Vous pouvez faire beaucoup de choses grâce au service, mais lorsque le plan A ne fonctionne pas, il est facile de continuer à se cogner la tête contre le mur. C’est ce qui m’est arrivé l’année dernière. J’ai eu des moments difficiles. Mais avec l’âge, on apprend à s’adapter», promet-il du haut de ses 22 ans. Son parcours à Melbourne tend à prouver que Shelton a pris les devants dans la tête. Sauf que ses statistiques en contrepartie restent à des années lumières des meilleures.
-Ben Shelton – Open d’Australie 2025
Crédit : Getty Images
J’ai aussi l’impression que je dois rattraper une certaine forme de retard.
Depuis le début du tournoi, il plafonne à 31,5% de points gagnés sur le service adverse où les pourcentages de Carlos Alcaraz, Novak Djokovic et Jannik Sinner grimpent respectivement à 47%, 42% et 41%. “Je savais que si je réussissais un pourcentage élevé de mes premiers services, je serais capable de conserver mon service assez facilement.», a déclaré Nakashima sans ironie après sa défaite d’un cheveu au premier tour à Melbourne contre lui (7-6, 7-5, 7-5).
“C’est à la fois un cadeau et une malédiction pour ceux qui ont été d’excellents serveurs dès leur plus jeune âge.Shelton a en outre décrypté les commentaires retranscrits par le New York Times. Nous faisons des choses que d’autres ne peuvent pas faire mais j’ai aussi l’impression de devoir rattraper notre retard d’une manière ou d’une autre. Je pense que je fais du bon travail.“Shelton a passé une bonne partie de l’intersaison à travailler sur ses retours pour les “faire évoluer” afin de cibler les lignes ou les pieds de ses adversaires.”En 2023, j’en étais à moins de 10% de prestations adverses gagnées, je vise les 15%.“
À Melbourne, c’est 18 %. Il semble donc que sous sa serviette, Shelton ait trouvé certaines des réponses. S’il se contente encore de remporter moins du tiers des points sur les services adverses, il connaît une réussite remarquable sur les balles de break (52%). “J’essaie juste de mettre la pression. Pour moi, à ce moment-là du match, il ne faut pas donner de points gratuits car on sait que le joueur ressent la pression.a commenté le gaucher après sa victoire au premier tour. J’essaie généralement d’être un peu plus conservateur en début de match dans ces moments-là, et une fois le moment venu, je me fais confiance et je tente ma chance..»
Une façon de se concentrer sur les points qui comptent. Face à Gaël Monfils, c’était édifiant, notamment lors du tie-break du troisième set. Et contre Lorenzo Sonego ? Pour voir les demi-finales, il faudra trouver des solutions face au puissant Italien qui n’a lâché son service que deux fois lors de ses trois derniers matches. Le défi est de taille mais en révélera sans doute un peu plus sur la progression de Shelton.
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