l’essentiel
Après deux périodes de fermeture de la route française menant au Pas de la Case (Andorre), les commerçants de la principauté ont du mal à comprendre la décision des autorités françaises et à mettre en avant les conséquences économiques importantes pour l’économie locale.
Ce dimanche, les parkings du Pas de la Case sont pleins et dans les rues, les chaussures de ski côtoient les sacs de luxe et les cartouches de tabac. La vie de « Pas », un dimanche d’hiver. Mais dans le royaume perdu de la consommation, à plus de 2 080 mètres d’altitude, les commerçants savent d’où vient une partie de leur économie : une route de montagne, la RN20, puis la RN22, le long de laquelle se ruent quotidiennement des milliers de Français. .
En décembre dernier, à deux reprises, l’axe a été coupé à la circulation par les autorités françaises, en prévision des mauvaises conditions météorologiques, des épisodes neigeux et des risques d’avalanches. Une décision lourde de conséquences pour les Andorrans, qui ont encore du mal à comprendre de telles précautions. “Je suis ici depuis un peu plus de 40 ans et c’est la première fois qu’on voit la route fermée préventivement”, assure Jean, à la tête d’un hôtel et de trois restaurants, deux dans le village et un en altitude. « Avant, la route était fermée parce que la neige tombait et elle devenait impraticable. Cela peut arriver. En 2009, il y a eu beaucoup de neige, 12 ou 13 mètres accumulés durant la saison, ce qui était extraordinaire. La route a été fermée pendant six jours. Il n’y en avait même pas un. […] Cette fermeture a surpris tout le monde, les plus âgés n’avaient jamais vu ça.
Pour l’homme de 53 ans, assis à l’une des tables de son restaurant juste avant le service du déjeuner, les autorités françaises auraient donc fait preuve d’un excès de zèle. « Douze ou treize kilomètres de route de L’Hospitalet [jusqu’au Pas de la Case]Je pense que c’est gérable. […] Il y avait certes beaucoup de vent, mais pour moi, c’était une mesure excessive.
Même incompréhension pour Georgina, à la tête d’un restaurant à quelques pas de là. Entre deux cafés servis au bar, elle exprime son agacement. « En 22 ans, je n’avais jamais vu la route fermée avant une prétendue tempête. C’était comme ça [nuageux ce dimanche]avec un peu de vent et de neige mais pas assez pour fermer si tôt.
Si la route devait être à nouveau coupée, “il faudra qu’on parle”
Une mesure de précaution qui a privé, un temps, les commerçants de « Pas » de sa clientèle française. « Soudain, tous vos clients partent. Économiquement, nous l’avons ressenti. Nous sommes dans un pays qui vit du tourisme. Si les clients ne peuvent plus venir, c’est fini.» Une situation « désastreuse » pour le Pas de la Case, a même estimé Òscar Ramon, président de l’association des commerçants, auprès du média andorran Altaveu. Si la route devait être à nouveau coupée, « il faudra en parler à quelqu’un », annonce le pharmacien.
-Des conséquences économiques que les autorités françaises ne prendraient pas en compte, juge Jean, qui estime ses pertes à « plus de 30 000 euros » pour le mois de décembre. Selon lui, la préfecture de l’Ariège ne ferait pas tout son possible pour laisser l’axe ouvert. « Connaissant les Alpes, je pense que les préfets de Savoie ou de Haute-Savoie n’auraient pas laissé passer ça. Ils sont habitués à la montagne et prennent toutes les mesures pour que les utilisateurs puissent grimper. Ils savent qu’économiquement, c’est un impératif et que s’ils ne le faisaient pas, il y aurait une levée de boucliers de la part des commerçants et des hôteliers.»
Les dates de fermeture, du 7 au 9 décembre (vigilance orange de Météo-France pour épisode neigeux), puis du 22 au 24 décembre (vigilance jaune de Météo-France pour vent violent et neige), n’ont, par ailleurs, rien fixé. . « Il est tombé sur le pont le 8 décembre (fête de l’Immaculée Conception en Espagne), jour férié. Les Espagnols venus de Cerdagne n’ont pas pu monter. Quelques [Français] fait le tour via le tunnel de Puymorens et l’Espagne. De l’autre côté, l’accès était ouvert. Mais c’était beaucoup de kilomètres.
“Nous attendions”
Au-delà de l’aspect économique, les locaux regrettent aussi le manque de communication. « Nous avons été prévenus à 12 heures pour 15 heures. Les gens étaient presque paniqués », se souvient Georgina. « Nous n’avons eu aucun retour du gouvernement andorran ni aucune déclaration du ministre », souligne Jean. « Il y avait beaucoup de Français qui ont dû partir et qui n’avaient pas de nouvelles, des Andorrans qui étudient à Toulouse qui n’ont pas pu partir non plus. Nous manquions d’informations, nous attendions. Cette fermeture a surpris tout le monde.
« C’est la sécurité des automobilistes qui guide la décision du préfet »
“C’est la sécurité des automobilistes qui guide la décision du préfet et son action”, justifie de son côté le cabinet de la préfecture de l’Ariège. « Concernant les deux fermetures qui ont eu lieu en décembre, la décision de fermer a été prise parce que nous avions des conditions météorologiques très mauvaises qui mettaient en péril la sécurité des automobilistes. Nous avions parfois une visibilité d’un mètre. « Visibilité très faible qui rendait impossible le déneigement de la route. «C’était extrêmement dangereux. Cette route est, par ailleurs, connue pour être sujette aux accidents. Avec les conditions dégradées, la fermeture était nécessaire», explique la préfecture, qui précise que la décision a été prise en concertation avec les autorités andorranes.
Les autorités andorranes participent aux cellules de crise
« C’est le préfet de l’Ariège qui est responsable de la sécurité de ces routes et qui prend les décisions. Mais bien entendu, les autorités andorranes sont impliquées dans toutes les cellules de crise où sont décidées les mesures à prendre.» La préfecture de l’Ariège indique enfin que cet axe est « très prioritaire et étroitement surveillé » par les autorités.
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