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Open d’Australie 2025 – Hady Habib, une (belle) histoire pas comme les autres

C’est déjà LA belle histoire de cet Open d’Australie. Si Hady Habib était un film, ce serait un « feel good movie ». Ces longs métrages qui se caractérisent par la présence de personnages attachants, dont le destin et la personnalité ne peuvent nous laisser indifférents. C’est un peu l’histoire d’Habib, représentant d’un pays, le Liban, qui n’existait pas sur la carte du mondial. Il a déjà écrit l’histoire. Le sien, mais aussi celui de son pays.

À l’ère de l’Open, jamais un joueur libanais n’avait figuré au tableau final d’un tournoi du Grand Chelem. La dernière fois, c’était en 1962, une autre époque, celle du tennis amateur, lorsque Karim Fawaz disputait l’US Open sur la pelouse de Forest Hills. Il avait été éliminé dès le départ. 63 ans après, Hady Habib remet le Liban sur le devant de la scène et, en prime, il lui a offert une victoire historique en battant dimanche le Chinois Bu Yunchaokete (67e mondial) en trois sets.

Le tennis est un sport individuel, mais pour Habib, porter les couleurs du Liban est tout sauf anodin. “Beaucoup de gens me demandent pourquoi j’ai choisi de représenter le Liban », avoue-t-il. « Mon père est libanaisa-t-il expliqué dimanche après sa victoire contre Bu devant une salle de presse qui, dans sa grande majorité, le découvrait. De 6 à 12 ans, j’ai vécu au Liban, j’y suis allé à l’école. J’ai commencé à jouer au tennis au Liban. Et j’y ai encore beaucoup d’amis. Mes parents y vivent toujours. J’ai donc choisi de représenter le Liban et depuis mes 15 ans, je le représente en Coupe Davis

Ambiance folle et page d’histoire : Habib s’envole au 2e tour

Crédit vidéo : Eurosport

Représenter un petit pays comme le Liban est quelque chose d’important pour moi

Né en 1998 aux Etats-Unis, à Houston, il aurait pu représenter les Etats-Unis. Sa famille retourna également pour un temps au pays de l’Oncle Sam. Hady avait 12 ans. Il y a passé le reste de sa jeunesse, étudiant dans son Texas natal à la Texas A&M University. “Mais représenter un petit pays comme le Liban est quelque chose d’important pour moi et j’ai pris cette décision très jeune. C’est le pays de mon père et c’est lui qui a voulu faire de moi un joueur de tennis, même s’il n’a jamais pratiqué ce sport.», a-t-il déclaré.

A 22 ans, il décide de se consacrer pleinement au tennis. Longtemps dans la peau du galérien qui végète entre la 400e et la 700e place, sans beaucoup de moyens à sa disposition. “La Fédération Libanaise de Tennis fait de son mieux pour nous aider, mais compte tenu de la faillite de l’État libanais, il ne faut pas s’attendre à des miracles.», expliquait-il fin 2021.

Cet Open d’Australie marquera pour lui un avant et un après. D’abord parce que, quoi qu’il arrive, il réalisera son meilleur classement en sortant de Melbourne, au pire en s’inscrivant pour la première fois dans le top 200 mondial. Financièrement, la situation va également changer. Un deuxième tour en Australie coûte 125 000 $. “Cela m’aidera beaucoupil admet. Je vais pouvoir investir dans ma carrière, dans mon staff. Peut-être élargir l’équipe autour de moi. Oui, je pense que ça me permettra de progresser

Mercredi, face à Ugo Humbert, il n’aura évidemment rien à perdre, face à un membre du Top 15. Ce ne sera pas une première pour lui d’affronter un ténor. A Roland Garros, lors des derniers Jeux Olympiques, Habib a eu l’honneur d’affronter Carlos Alcaraz (défaite 6-3, 6-1). “Il y avait sans doute plus de spectateurs lors du match contre Alcaraz, mais beaucoup plus de Libanais dans la foule aujourd’hui», sourit-il à propos de son duel contre Bu.

Humbert – Gigante : Les temps forts

Crédit vidéo : Eurosport

Ambiance Coupe Davis

Un match disputé dans une ambiance véritablement digne de la Coupe Davis, sur un court 13 dont les tribunes étaient bien garnies par la diaspora libanaise. “J’ai de la famille à Sydney qui est venue voir le matchConfie Hadad Habib. C’était tellement spécial pour moi de voir tous les membres de la communauté libanaise me soutenir, j’ai ressenti cette énergie. Ils m’ont clairement aidé à remporter la victoire. Merci au peuple libanais pour son soutien ces dernières semaines, à Melbourne et ailleurs dans le monde. Cela m’a donné tellement d’énergie pour continuer à me battre

Si tout le monde le découvre désormais, le tournant est véritablement venu pour lui fin novembre dernier, lors de sa victoire à Temuco, au Chili, en tant que challenger. “Après le Chili, je suis rapidement passé à la courte préparation pour 2025, je n’ai donc pas eu le temps de rogner mais cela a finalement payé.», précise Hady Habib. Jusqu’à ce qu’il se découvre des ambitions et comprenne surtout qu’il a sa place ici, parmi l’élite.

Les choses changent pour lui en ce moment, dans le bon sens. Mais il ne gagne pas seulement pour lui-même. “C’est une immense victoire pour moi, surtout avec tout ce que vit le pays, il rappelle. Si je peux apporter un peu de positif, avec tout ce qui s’est passé. Il y a la guerre, évidemment. Et nous avons eu bien d’autres problèmes. C’est bon pour le Liban et pour le peuple.» Hady Habib n’oublie ni qui il est ni d’où il vient.

 
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