Avec Kei Nishikori, il faut toujours avoir du temps devant soi si l’on veut suivre son match jusqu’au bout. Les Japonais aiment aller longtemps. A 35 ans, il perpétue cette tradition à Melbourne. Dimanche, il a atteint le premier tour en s’imposant 4-6, 6-7, 7-5, 6-2, 6-3 contre Thiago Monteiro, sauvant au passage deux balles de match. Il s’agit de la 29ème victoire de Nishikori en 37 matches en 5 sets. Avec 81,8% de réussite, il possède même le deuxième meilleur ratio de l’ère Open, derrière la légende Björn Borg (87%).
L’ancien numéro 4 mondial se montre particulièrement efficace à l’Open d’Australie lorsqu’il doit jouer un 5e set. Face à Monteiro, c’était la huitième fois qu’il s’imposait au terme de la distance à Melbourne. Il n’a perdu qu’une seule fois dans cette configuration aux antipodes, lors de son huitième de finale face à Roger Federer. En 2012, il signe l’une des premières victoires majeures de sa carrière face à Jo-Wilfried Tsonga, alors 6e mondial.
“Tout le monde m’en parle», se moque de son bilan en 5e sets Nishikori, bien conscient de cette réputation de longue date sur le circuit. “Même après les matchs, tout le monde, y compris les joueurs, viennent plaisanter en me voyant. ‘Encore un match en 5 sets !’, dit-il. C’est bien d’avoir ce palmarès car cela vous aide à avoir confiance dans ce genre de circonstances. C’est il y a peut-être six ou sept ans que j’ai vraiment commencé à m’en rendre compte.»
Ce n’est pas une bonne habitude à prendre
Peut-être fait-il référence à la période allant de Roland-Garros 2010 à Roland-Garros 2019. Là-bas, en l’espace d’un an, Kei Nishikori avait joué et remporté sept matches en cinq sets en Grand Chelem, dont trois ici à Melbourne, avec deux succès au super tie-break contre Ivo Karlovic puis Pablo Carreno Busta en huitièmes de finale, dans une issue plutôt tendue pour l’Espagnol.
A-t-il une recette pour expliquer cet insolent succès ? “Pendant le match, je ne réfléchis pas beaucoup parce que j’essaie de me concentrer sur ce que je dois faire au point suivant. il déchiffre. En revanche, j’essaie de repenser avant le début du 5ème set, à ce que j’ai bien ou mal fait, à ce qu’il a fait mieux que moi. J’essaie de réfléchir beaucoup. Ensuite, je pense que mon niveau de concentration est généralement toujours élevé sur le terrain, et encore plus dans les moments décisifs..»
Kei Nishikori.
Crédit : Getty Images
Mais cette force ne masque-t-elle pas une forme de faiblesse ? Nishikori n’est pas loin de le penser. “Beaucoup de grands joueurs gagnent en trois sets, je ne sais pas comment faire, note-t-il. Je vais toujours au 5ème set… C’est quelque chose que je dois améliorer. Ce n’est pas une bonne habitude à prendre.» En effet, il finit souvent par tirer son épingle du jeu face à des joueurs moins bien classés que lui, mais il compte finalement très peu de très grosses victoires en cinq sets face aux plus grands champions.
À l’exception toutefois de l’US Open, où il a pris le dessus dès le 5e set sur trois vainqueurs du Grand Chelem : Stan Wawrinka (2014), Andy Murray (2016) et Marin Cilic (2018). Il n’en reste pas moins que, globalement, son bilan reste exceptionnel. Même s’il n’a jamais été considéré comme un monstre sur le plan mental, Kei Nishikori dispose néanmoins de belles ressources. Quand il faut tout jouer dans le tour décisif avec lui, ça ne s’annonce pas très bien pour l’adversaire…
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