Le joueur de tennis espagnol Rafael Nadal a annoncé jeudi qu’il prendrait sa retraite à l’âge de 38 ans. Après l’émotion brute de la nouvelle, il faut comprendre la place qu’elle occupera dans les livres d’histoire.
Souvenez-vous de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris le 26 juillet et de cette magnifique image (non, pas celle de Philippe Katerine en Dionysos, NDLR), lorsque Zinédine Zidane a passé la flamme olympique à Rafael Nadal. L’émotion qui nous a tous saisis lorsque le roi espagnol de la terre battue est apparu au Trocadéro, comme s’il était chez lui à Paris, comme s’il appartenait à la famille.
Le plus grand sportif espagnol de tous les temps
Rien que pour le tennis, Rafael Nadal figure sans doute dans le top 3 de l’histoire avec son ami suisse Roger Federer et son grand rival serbe Novak Djokovic. Son palmarès est fabuleux : 92 titres en carrière, dont 22 tournois du Grand Chelem et 36 Masters 1000, cinq Coupes Davis avec l’Espagne et deux médailles d’or aux Jeux olympiques (une en simple en 2008, une en double en 2016). Sa domination sur la terre battue de Roland-Garros est légendaire avec 14 titres en simple Porte d’Auteuil en dix-neuf participations. Personne n’a jamais écrasé la concurrence à ce point dans un seul tournoi du Grand Chelem. Unique.
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Rafael Nadal est également le plus grand champion que l’Espagne ait jamais porté. En 2020, pendant la crise du Covid-19, le journal sportif Marca a organisé un sondage auprès de ses lecteurs pour déterminer qui était le plus grand sportif ibérique de l’histoire. Certes, la jeune génération a quelque peu oublié les champions d’antan comme le cycliste Luis Ocaña ou le golfeur Severiano Ballesteros, ce qui fausse le résultat final. Mais Rafael Nadal a battu le basketteur Pau Gasol en finale de la consultation avec… 82% des voix. Plus qu’une victoire, un plébiscite.
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Pour déterminer la place occupée par un athlète dans ce type de classement, forcément influencé par la culture du moment, il y a les résultats, le palmarès mais aussi l’aura sur et en dehors du terrain. Sur les courts, Rafael Nadal était le gladiateur par excellence, l’homme qui faisait don de son corps pour repousser la douleur.
Personne ne contestera son courage et sa force de caractère. Même Novak Djokovic, son adversaire le plus féroce – les deux hommes se sont affrontés 60 fois, un record bien sûr, avec 31 victoires pour le Serbe mais seulement 7 sur 18 Grands Chelems – ne tarissait pas d’éloges à son égard. . « Votre ténacité, votre dévouement, votre rage de gagner seront racontés pendant des décennies. Votre héritage vivra pour toujours. Vous seul pouvez savoir tout ce que vous avez enduré pour devenir une icône du tennis et du sport en général », a-t-il déclaré.
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Un exemple qui fait la fierté du sport
Et en dehors du terrain, Rafael Nadal est un exemple qui fait la fierté du sport. Dans son hommage, le journaliste d’Eurosport Laurent Vergne revient sur une anecdote qui en dit long sur l’homme qu’il est. En 2008, alors qu’il vient de remporter le quatrième de ses 14 titres à Roland-Garros, le champion souhaite s’offrir une grosse voiture de sport mais son père Sébastien n’est pas de cet avis, le mettant au défi de remporter Wimbledon. Quelle est la prochaine étape ? « Rafa » s’impose sur le gazon londonien en dominant le maître des lieux Roger Federer et s’achète une Ferrari 458 Italia… Sauf qu’il n’en avait pas besoin. Se trouvant « ridicule », il la vendit presque immédiatement.
Pas bling pour un sou, avec une gentillesse et une humilité rares, Rafael Nadal représente le sport dans ce qu’il a de plus noble : l’abnégation, l’auto-sublimation, le fair-play. Sur cette dimension, il est clairement dans le top 10 de l’histoire.
Souvenez-vous de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris le 26 juillet lorsqu’il prenait place dans un bateau pour remonter la Seine en compagnie de la joueuse de tennis américaine Serena Williams, de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci et de l’athlète américain Carl Lewis. Le « taureau de Manacor » (sa ville natale) était en place, parmi les grands champions de l’histoire du sport.