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L’arbre généalogique des météorites enfin retracé

Une série d’études approfondit les connaissances sur l’origine des météorites, ces fragments extraterrestres qui en disent long sur l’histoire du système solaire.

Jusqu’à tout récemment, il était très malin de dire sur l’origine exacte des quelque 70 000 météorites, ces morceaux de roches, de métaux

ou les deux, qui ont atteint la surface terrestre après s’être partiellement désintégrés au contact de l’atmosphère. À peine 6 % d’entre eux pourraient être clairement liés, grâce à leur composition, à la Lune, à Mars ou à l’astéroïde Vesta, l’un des plus gros de la ceinture principale d’astéroïdes, située entre les orbites de Mars et de Jupiter. Trois études publiées ces derniers mois propulsent désormais ce chiffre à… 90 % !

La percée, détaillée dans les critiques Nature et Astronomie et Astrophysiqueest le résultat de plus d’une décennie de recherche menée par une équipe internationale. « Nous avons dû croiser plusieurs sources d’informations pour reconstituer numériquement la dynamique et l’historique des collisions de grandes familles d’astéroïdes. [qui génèrent des fragments] au sein de la ceinture principale », explique Pierre Vernazza, astrophysicien au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille et co-auteur de ces articles.

Il faut savoir que les astéroïdes d’une même famille sont issus d’un corps parent plus grand qui s’est fragmenté au fil du temps. Ces astéroïdes, ainsi que leurs débris, finissant parfois en météorites, partagent donc des caractéristiques similaires, comme leur composition, leurs propriétés orbitales ou encore leur âge de choc, ce qui permet de tracer leur arbre généalogique. Ce travail minutieux a permis de comprendre que les jeunes familles d’astéroïdes produisent plus de petits fragments résiduels qu’on ne le pensait auparavant. Ceux-ci sont susceptibles d’entrer en collision les uns avec les autres et ainsi dériver hors de la ceinture principale vers la Terre. Au contraireles fragments d’anciennes familles d’astéroïdes se sont tellement érodés qu’ils ont disparu depuis des millions d’années et ne génèrent donc plus de météorites. Comme des lignées éteintes.

En effet, l’équipe de recherche a déterminé que 70 % des météorites que nous connaissons aujourd’hui proviennent de trois familles d’astéroïdes : Karin, Coronis et Massalia. Celles-ci se sont formées respectivement il y a 5,8, 7,5 et environ 40 millions d’années, donc assez récemment à l’échelle cosmologique. La famille Massalia a fourni à elle seule 37 % de toutes les météorites connues ; dans le jargon, on les appelle chondrites ordinaires de type L, pour faiblecorrespondant à une faible teneur en fer.

« Les météorites sont littéralement des « morceaux du système solaire » qui atteignent la Terre. Ils contiennent encore des traces des conditions qui prévalaient à l’époque et sur le lieu de leur formation. Et on peut étudier ces traces en laboratoire ! fait valoir Auriane Egal, conseillère scientifique au Planétarium de Montréal et spécialiste de l’observation et de la modélisation des pluies de météores, qui n’a pas participé à ces travaux. Nous souhaitons donc savoir précisément où une météorite s’est formée et quelle était sa trajectoire avant sa collision avec la Terre. »

Acquérir des connaissances sur certains astéroïdes grâce à leurs météorites filles met en lumière ceux moins connus. Cela guidera les astronomes dans le choix des futurs astéroïdes à étudier. L’équipe de recherche a en effet constaté que deux astéroïdes récemment échantillonnés et étudiés dans plusieurs laboratoires, Bennu et Ryugu, partagent les mêmes origines. «C’est un peu dommage», souligne l’astrophysicien. Quitte à financer des missions spatiales, autant échantillonner des astéroïdes qui ne proviennent pas de la même famille. » Même ceux dont nous n’avons aucun échantillon sur Terre.

 
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