À première vue, cela peut paraître impensable, voire insensé, et pourtant cela dure depuis dix-huit ans. Grâce à la détermination d’un homme et de son association, des malvoyants et des aveugles prennent place derrière un volant, enclenchent des chicanes avec dextérité, réalisent des pointes à 160 km/h en ligne droite, sur les plus grands circuits d’Europe.
Ce mardi, c’était une séance de roulage sur le circuit Paul Ricard du Castellet pour Monique, aveugle de 75 ans, et Benjamin, malvoyant de 29 ans, d’Aubagne.
« Je n’avais jamais conduit avant d’intégrer l’association en 2013précise le retraité. Conduire me procure de belles sensations, c’est une activité devenue accessible à nous qui sommes aveugles. C’est distrayant.
Chauffeur et instructeur
Monique, au volant d’une Clio, quitte la voie des stands sous les instructions de son copilote Yanic Girault. Très concentrée, elle le fait et passe la vitesse, passe la première chicane et met les gaz. “Droite 10, droite 5, gauche 5, axe, on passe 4ème, gaz !” D’une voix très calme, les instructions basées sur une horloge indiquent à Monique comment prendre son tour et fendre l’air de la ligne d’arrivée.
Pour Benjamin, chercheur en neurosciences comportementales à Aix-Marseille, l’activité est bien plus récente. «J’ai une déficience visuelle, une rétine pigmentaire. C’est une maladie dégénérative, la perte de vision est progressive. Actuellement, je suis à 0,5 visuel sur 10. Je n’ai jamais pu piloter jusqu’à il y a un an, lorsque j’ai rejoint l’association ici sur le circuit du Castellet, j’ai toujours aimé les sensations fortes, et c’est incroyable. C’était le combo parfait. conduire la Clio avec une boîte de vitesses manuelle. Une fois que mes compétences de pilotage le permettront, je pourrais passer à la Mégane RS 275 et progresser. Cela nous permet également d’interagir avec les gens dans notre vie quotidienne. Nous savons de quoi nous parlons, conduire. automobile, ce qui constitue un nouveau sujet de conversation et de partage.
Une expérience inoubliable
Placés à l’arrière de la Clio, nous n’avançons pas, nos réflexes de feu et de conducteur nous rattrapent et nous taquinent. Aucun bruit ni parole ne doivent être entendus, seules les paroles de Yanic doivent résonner dans la cabine. Pour que Monique puisse, à la seconde près, aligner la voiture comme il se doit.
Après deux tours de piste incroyables, le visage heureux, Monique se gare devant le paddock. Elle a passé un très bon moment et, pour nous, l’expérience restera inoubliable.
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