Le 12 décembre, le magazine américain Science mettait en avant un reportage centré sur les « bactéries miroirs ». A l’origine de cette dernière, près de 40 scientifiques, désireux d’alerter sur de « nouvelles formes de vie miroir » qui n’existent pas encore, mais pourraient représenter un danger pour l’humanité d’ici une décennie. On vous en dit plus.
C’est une découverte majeure. Dans un rapport cité dans la revue américaine Science, daté du 12 décembre, 38 scientifiques mettaient en garde contre la création de « bactéries miroirs ». C’est-à-dire des organismes synthétiques dans lesquels la structure moléculaire trouvée dans la nature est inversée et pourrait exposer les humains, les animaux et les plantes à des agents pathogènes dangereux.
« La menace dont nous parlons est sans précédent »
L’étude réalisée sur le sujet s’intitule « Faire face aux risques de la « vie miroir » » et compte 299 pages. Cette dernière vise à alerter sur le danger des « bactéries miroirs », une forme de vie qui n’existe pas naturellement, et que certains scientifiques voudraient recréer.
Le terme « miroir » s’explique par le fait que de nombreuses molécules de vie peuvent exister sous deux formes distinctes, chacune étant l’image miroir de l’autre. Aussi, l’ADN de tous les organismes vivants est constitué de nucléotides « droitiers », et de protéines, éléments constitutifs des cellules constituées d’acides aminés, dits « gauchers ».
Ainsi, plusieurs équipes de recherche, poussées par leur curiosité, sont allées jusqu’à travailler à la création de bactéries construites à partir d’images miroir de molécules présentes dans la nature. Le Guardian rapporte que ces molécules pourraient être transformées « en thérapies pour des maladies chroniques et difficiles à traiter, tandis que les microbes miroirs pourraient rendre les installations de bioproduction – qui utilisent des microbes pour produire des produits chimiques – plus résistantes à la contamination ».
“La menace dont nous parlons est sans précédent”, souligne le professeur Vaughn Cooper dans le rapport. « Les bactéries miroir échapperaient probablement à de nombreuses réponses du système immunitaire humain, animal et végétal et, dans chaque cas, provoqueraient des infections mortelles qui se propageraient de manière incontrôlée », ajoute-t-il.
Des organisations hors de contrôle
Pour comprendre l’ampleur de la peur de ces scientifiques, il faut remonter au 21 mai 2010. A l’époque, la même revue Science faisait la part belle à une avancée majeure dans le domaine scientifique : une « première cellule contrôlée par un génome ». synthétique » développé par une équipe de recherche en biotechnologie. Autrement dit, ces scientifiques ont réussi à fabriquer, par synthèse chimique, l’intégralité de l’ADN d’une bactérie et ont démontré qu’elle fonctionne normalement. Si cette découverte a fait l’effet d’une bombe dans le milieu des chercheurs, des décennies plus tard, il fait marche arrière.
Les défenses immunitaires des humains, des animaux et des plantes reposent sur la reconnaissance des formes moléculaires présentes dans les bactéries envahissantes. Si ces formes devaient se refléter, comme dans les bactéries miroirs, alors la reconnaissance serait altérée et de nombreuses défenses immunitaires de base pourraient échouer. Et ainsi, rendant les organismes plus vulnérables aux infections.
Une table ronde en 2025
Les experts à l’origine de l’étude craignent donc que ces organismes dits « miroirs » ne deviennent incontrôlables.
Bien que créer une vie miroir ne soit pas encore une réalité, compte tenu de la nécessité d’investissements importants et d’avancées techniques majeures, les scientifiques ont déjà réussi à fabriquer des molécules miroirs fonctionnelles afin de les étudier de plus près.
Les auteurs du rapport prévoient d’organiser une table ronde au sein de l’Institut Pasteur en 2025, dans le but d’aborder les mesures qui pourraient être prises pour prévenir les risques liés aux « bactéries miroirs ».
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