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Connaissez-vous la neuro-architecture, qui soigne ou vous aide à vous sentir mieux ?

Un hôpital psychiatrique près de Lyon a inauguré une unité pour patients atteints de troubles autistiques sévères. Son architecture a été conçue sur la base de concepts neurologiques pour apaiser les patients.

Dispositifs pour absorber les sons, alcôves pour s’isoler, couleurs douces : un hôpital psychiatrique près de Lyon vient d’inaugurer une unité unique en , dont l’architecture a été conçue pour éviter de stimuler les sens des patients atteints de troubles autistiques sévères. Les premiers résidents ont emménagé jeudi dans cette structure de l’hôpital Vinatier qui comprend 10 lits, mais aussi une salle de sport, une balnéothérapie et un jardin d’hiver.

Dans le nouveau logement de 1 107 m² construit par Citinea (filiale de Vinci construction), chacun dispose de sa chambre avec sanitaires. Au milieu du vaste espace commun, un arbre fossilisé baigne de lumière naturelle. Les patients, qui y passent environ six semaines, peuvent observer l’extérieur à travers de grandes fenêtres ou se recroqueviller dans de petites « niches » pour s’isoler des autres et se couper du monde. Son architecte, Lionel Thabaret, dit s’être inspiré de son expérience en conception de spa.

“Nous faisions déjà du thermalisme et du spa plutôt auprès des gens qui se sentent bien, mais c’est aussi une forme de soin et l’environnement doit favoriser le bien-être”,

il explique.

Pour cette réalisation, nous avons également bénéficié de l’aide des équipes Vinatier et des recherches de l’Institut des Sciences Neurocognitives du CNRS.

Une collaboration avec des scientifiques qui ouvre la voie vers la neuro-architecture, cette conception d’espaces de vie où tout est déterminé par le fonctionnement du cerveau de ses occupants.

Effet apaisant de la verdure

A Vinatier, il s’agit de s’adresser à des habitants qui n’ont pas la capacité d’interpréter les lieux qui les entourent, il faut donc pouvoir s’adapter aux différents besoins de chacun et générer le moins de stimulation possible. D’où ces ambiances colorées adaptables aux envies de chacun et une multitude de niches où les patients peuvent s’isoler. Il y a un ensemble de huit alcôves qui offrent un maximum d’arrêts possibles sur le chemin de votre chambre.

« Les formes arrondies créent également un bâtiment enveloppant, créant un sentiment de protection et nous avons construit les lieux autour du jardin et des arbres existants, multipliant autant d’ouvertures que possible vers les espaces verts,

souligne Lionel Thabaret.

Des études ont prouvé en prenant deux groupes scolaires comparables, dont l’un aura traversé une ville pendant 20 minutes et l’autre à travers une forêt, que le second réussit bien mieux et bien plus vite dans son travail.

« Ce projet vise un soulagement plus profond et plus durable, permettant de limiter l’usage de psychotropes, avec l’idée que les murs pourraient avoir un véritable rôle curatif »
explique Caroline Demily, responsable du centre de neurodéveloppement, la voix étouffée par les petits trous dans les murs. Selon le spécialiste de l’autisme Laurent Mottron, la plupart des chercheurs considèrent que

« la place de la perception est plus importante »

chez les personnes souffrant de troubles autistiques que dans la population générale et qu’il est nécessaire, si l’on veut adapter leur environnement, de limiter le bruit et la surpopulation. Ces patients

« cherchent souvent à s’abriter de la socialisation (…) et ont donc besoin d’avoir un lieu de retraite, tout en restant accessible »

pour l’équipe soignante, note le professeur de psychiatrie.

Plafond lumineux

Mais ils ne sont pas tous perturbés par les mêmes facteurs et, si l’architecture a un rôle à jouer,

« le grand mot est l’individualisation des soins »

insiste-t-il. Au Vinatier,

« nous disposons d’un ensemble d’espaces très modulables, pour que la personne, en fonction de ses besoins, puisse trouver un endroit où elle se sent bien »

ajoute Caroline Demily, espérant que cette unité, la première en France entièrement conçue pour et avec des personnes autistes, ne reste pas une entreprise isolée. Même si ce type d’architecture s’est beaucoup développé aux États-Unis,

« en France, nous sommes toujours restés en marge car nous considérons que nous créons des structures fonctionnelles »

estime Mme Demilly.

« La qualité de vie n’est pas vraiment prise en compte dans les bâtiments hospitaliers »

.

“Nous avons fait beaucoup de travail sur les plafonds qui posent souvent problème aux personnes autistes,
explique Lionel Thabaret.

Il y a une belle hauteur sous plafond et nous avons conçu un ciel de chlorophylle avec trois types de vitrages opalescents sérigraphiés qui recrée un paysage.

Il existe également une salle Snoezelen ou salle de repos sensoriel, équipement de plus en plus développé dans les Ehpad et les établissements psychiatriques.

« Ici, l’équipement est vraiment très complet,

explique Lionel Thabaret,

car en plus de la luminothérapie, il y a des équipements d’hydrothérapie et la possibilité de simuler un ciel étoilé sans oublier le plafond ionisant qui permet de mieux respirer.

Vinatier a investi sept millions d’euros dans ce projet, a précisé Mme Duchamp, mais le développement des services ambulatoires et la réduction des durées de séjour et des réhospitalisations ont permis de fermer simultanément 36 lits. Aux Etats-Unis, le cabinet HKS s’est spécialisé dans cette nouvelle ligne de recherche appelée neuro-architecture.

«Avant, ces choses-là étaient les premières laissées de côté dans les budgets»

constate Eric Kutche, l’un de ses architectes, lui-même autiste. Aujourd’hui, nous mesurons cela

« le retour sur investissement est significatif, et pas seulement en dollars, mais avec de meilleurs résultats pour la santé des patients »

.

 
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