L’objectif de ces réunions était de réunir des chercheurs avoir traité ces questions pour la Corse et tenter d’apporter des éléments de réflexion sous forme de méthodologies et si possible de résultats, pour un arc chronologique large. Les échanges ont également été l’occasion d’évoquer les crises démographiques et leurs différents stimuli (guerres, épidémies, émigrations, etc.) dans une perspective historique globale. Il s’agissait aussi, grâce aux acquis de l’archéologie insulaire, de penser la démographie à différentes échelles spatiales : celle de la famille, de la maison, de l’habitat, de la pieve, de la seigneurie, de la province et de l’île entière.
Études de cas
L’archéologue Kewin Pêche-Quilichini explique : «La paléodémographie (de paléo, ancien, démos, population et graphéine, pour écrire) estt l’étude des populations anciennes en vue d’établir leur nombre et leur composition. Elle concerne un champ chronologique étendu depuis l’origine de l’humanité jusqu’aux grandes campagnes de vaccination du début des années 1950. 20e sièclece qui a changé la donne en termes de sources. Interdisciplinaire par essence, elle repose sur la mobilisation d’informations produites par plusieurs domaines de recherche dont l’archéologie, l’anthropologie physique, la paléopathologie, l’ethnologie, notamment sous un angle théorique, la paléobotanique, l’histoire (notamment l’étude des registres de naissance ou des impôts), la généalogie et génétique des populations. Il s’agit donc d’une thématique qui mêle sciences sociales et sciences dites « dures ». Déterminer les dimensions d’une population à un instant donné sur un territoire défini reste cependant un exercice difficile en raison de l’incertitude et de l’hétérogénéité des sources utilisées.“
Au terme de sa présentation qui a surtout souligné les limites des recherches paléodémographiques pour l’âge du bronze de la Corsel’archéologue est arrivé à la conclusion hypothétique qu’en 1500 avant JC, l’île était occupée par environ 9 000 à 10 000 personnes. Michele Ferrara a expliqué les méthodes et les sources des études démographiques insulaires de la fin du Moyen Âge, en abordant longuement le thème des pievi et celui des registres de dimensions. Des chiffres ont été avancés pour l’année 1500, avec entre 90 000 et 140 000 personnes sur l’île selon les interprétations.
Les deux menhirs de U Frati ea Sora
Enfin, le généalogiste André Flori a conclu la journée en présentant l’intérêt des registres appelés « stati delle anime » à l’époque moderne, un ensemble de documents prisés des généalogistes.
Dans la vallée du Rizzanese, commune de Sartène, « U frati é a SoraI Stantari di u Frati è a Sora » est un habitat perché et fortifié, matérialisé par des systèmes défensifs, des habitations et des structures associées, établis et occupés sur une période relativement courte, entre Bronze ancien 1 et bronze moyen 2.
La fouille documente l’origine d’un phénomène qui toucha à cette époque toutes les régions du sud de l’île : l’apparition et le développement de l’habitat fortifié, qui connut son apogée au Bronze moyen 1 et au Bronze moyen. Les deux menhirs d’U Frati ea Sora, observables depuis la route territoriale menant à Sartène, restent les témoins de l’occupation de la vallée à cette époque.
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